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Culture - Livre

Petit déjeuner avec Lucian Freud : grand art et grande débauche

Un pinceau réaliste, acerbe et provoquant manié par un vrai dandy. Un de ses amis lui consacre un ouvrage intitulé « Petit déjeuner avec Lucian ».

Dans son studio, toujours un champ de bataille.

Lucian, c'est le célèbre peintre anglais Lucian Freud (1922- 2011), aux visions démesurées et coup de poing. Dans cet ouvrage, on le découvre, à l'opposé de ses toiles (où la chair se fait l'expression crue de l'intériorité), sirotant le café du petit déjeuner et dévidant sa drôle de vie. De ses rendez-vous avec Greta Garbo à la meilleure façon d'exécuter un punch sans se briser le pouce, en passant par sa visite inopinée au « 10 Downing Streer » (la résidence du Premier ministre britannique) pour voir M. Gordon Brown, alors en exercice, et sa virée en boîte avec Kate Moss. De là, il pouvait enchaîner sur la plus belle « oreille » d'un tableau, celle de La jeune maîtresse d'école de Jean Siméon Chardin (1735).
On apprend, aussi, que depuis son enfance, il était férocement indépendant, secret et pugnace, n'hésitant pas à entrer en bagarre, même à un âge avancé. Par exemple, pour un rien, frapper un copain au visage avant de s'installer avec lui pour prendre un verre et fumer un cigare. À 80 ans, il trouve le moyen de se disputer avec le caissier d'un supermarché. « C'est comme si, écrit l'auteur de cet ouvrage, cet artiste exprimait tous nos désirs réprimés. » D'ailleurs, Lucien Freud, petit-fils du grand Sigmund, avait dit : « Les goûts d'un peintre doivent provenir de ce qui l'obsède tant dans la vie et ne pas chercher ce qui est bon pour lui dans la vie. » C'est ce qu'il faisait dans son studio (qui était toujours un champ de bataille), en poussant dans ses toiles le réalisme jusqu'au lugubre et ce qu'il appelait les « déformations particulières ». Une fois hors de son atelier, on le retrouve en parfait dandy : chemise blanche cousue main, foulard de soie cavalièrement noué autour du cou, manteau à l'allure bohème mais du plus beau cachemire et bottes noires de travailleur.

Mélange de luxe et de débraillé
Un mélange de luxe et de débraillé étudié qui a dominé sa passion pour l'art, les femmes et le jeu. Ses trois mariages avec des épouses appartenant à la « haute » et ses autres liaisons amoureuses, hétéro et bisexuelles, relevaient d'un échangisme extravagant. Quand elle l'épouse, sa première femme entretenait déjà une relation avec un poète. Puis elle quitte Freud parce qu'il avait pris une maîtresse toute jeune qu'il abandonne, par la suite, pour épouser la nièce de sa première femme. Pendant la première année de ce second mariage, il s'éprend d'une jeun fille de 18 ans, laquelle s'amourache du fils (qui était peintre) de la première épouse. Ce peintre lui confie qu'il avait eu une relation sexuelle avec Lucian Freud. Pour ce dernier, ce jeu de permutation de partenaires a duré très longtemps et tout naturellement. À ce train-là, il avait eu quatorze enfants, dont deux de sa première femme et les autres de ces différentes aventures.
C'est comme si Lucian Freud faisait fi des impulsions réprimées, éléments-clés de la psychanalyse fondée par son grand-père, le grand Sigmund.
Sa débauche, il ne l'a jamais reniée et elle accompagnait l'autre ligne directrice de son existence : l'art. Car, il ne cessait de répéter, « ce qui me fait lever le matin, c'est peindre, de faire quelque chose de meilleur que la veille, d'être compétitif et ambitieux ». Ainsi, il a vécu 88 ans, sans s'arrêter de travailler et de choquer.
Avec ses deux amis, Francis Bacon (le pinceau de la violence) et Frank Auerback (portraits au couteau des gens de sa rue), au style également âpre, ils demeurent les titans de la peinture anglaise du XXe siècle.

Lucian, c'est le célèbre peintre anglais Lucian Freud (1922- 2011), aux visions démesurées et coup de poing. Dans cet ouvrage, on le découvre, à l'opposé de ses toiles (où la chair se fait l'expression crue de l'intériorité), sirotant le café du petit déjeuner et dévidant sa drôle de vie. De ses rendez-vous avec Greta Garbo à la meilleure façon d'exécuter un punch sans se briser...

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