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Diaspora - Portrait

Antoine Tabet, l’oncle du Sénégal

Il était surnommé le « Lion d'Afrique ». Antoine Tabet s'est illustré dans le monde de l'entrepreneuriat, mais était aussi un conseiller privilégié de nombreux hommes politiques.

Antoine Tabet, un grand entrepreneur libano-sénégalais, décédé à Beyrouth il y a un an.

Son regard bon enfant et souriant restera gravé dans la mémoire de nombre de personnes. Originaire de Deir el-Qamar, « oncle » Antoine Tabet a côtoyé des hommes politiques du monde entier, et son action en faveur du développement de l'Afrique, son continent de naissance, lui a valu sa réputation. Le « Lion de l'Afrique » est décédé à Beyrouth il y a un an.
« Le boss », comme l'appelaient aussi ses proches, était né en 1921 au Sénégal, où il a passé son enfance dans le village côtier de Mbour, à 80 km de Dakar. Trois ans après le décès de son père Anis, Antoine décide de quitter l'école à 14 ans pour aider sa maman Hélène dans le commerce puis s'enrôle dans l'armée française à 20 ans.
En 1945, un corps de l'armée est envoyé au Liban et Antoine en fait partie. Sa maman le supplie : « Tu ferais mon bonheur si, de passage au Liban, tu faisais un saut à Tyr, où vit une partie de la famille Tabet, ce sont des parents à nous, je tiens absolument à ce que tu fasses leur connaissance. » C'est là qu'il retournera en 1962 pour épouser une proche parente, Nohad Tabet, qui lui donnera quatre enfants : Anis, Hélène, Claude et Guy.
La carrière professionnelle d'Antoine Tabet a commencé au retour de son premier voyage au Liban, avec l'achat de camions de transport de marchandises sillonnant tout le Sénégal. Peu de temps après, son ami d'enfance, Léopold Sédar Senghor, devenu président de la République – puis plus tard père fondateur de la francophonie –, lui confie la construction de la route Dakar-Ziguinchor, ville située en Casamance au sud du pays.
Bien établi en Afrique de l'Ouest, le groupe Tabet se lance dans des opérations commerciales avec l'Europe et le Moyen-Orient, et dans les années 1960, son nom devient associé aux plus grandes compagnies dans le domaine des travaux publics, comme Jean Lefebvre, Colas, Dumez-Chauffour, Bouygues, Sofratp, Draguages. Au début des années 1980, le groupe Tabet, renforcé par sa diversité culturelle, prend comme nouvelle base la Belgique, avec la création de la société d'ingénierie ILPA. Les chantiers vont bon train, comme au Congo à Brazzaville, avec le développement de l'infrastructure routière, la construction d'un hôpital et autres bâtiments d'intérêt public.
Antoine Tabet était connu pour son grand professionnalisme doublé d'une créativité à la libanaise et hors du commun. Vivant entre Paris, l'Afrique et le Liban, et proche conseiller des hommes politiques, il concentrait son énergie sur la finance et la construction d'ouvrages d'art et, à travers ses contacts, a introduit la compagnie Bouygues au Sénégal.
« Oncle » Antoine, en compagnie de son grand ami Michel Eddé, a appuyé de nombreux jeunes en France, en Belgique et d'autres pays dans leurs actions associatives et entrepreneuriales pour le Liban. L'association RJLiban a été l'une des premières à bénéficier de son soutien, l'aidant à s'investir dans le monde de l'émigration en faveur du Liban. Nos dernières rencontres ne remontent pas à loin lorsque, entouré de ses dix petits-enfants tous fiers, sur la véranda de leur maison à Tyr près du port donnant sur l'une des plus belles plages du Liban, il se souvenait des bons moments partagés avec ses amis de renom.
Ses enfants, qui ont repris la relève, se sont établis depuis quinze ans au Liban, où ils continuent de développer des projets immobiliers, tout en dirigeant l'entreprise familiale bâtie par leur père en Afrique.

Son regard bon enfant et souriant restera gravé dans la mémoire de nombre de personnes. Originaire de Deir el-Qamar, « oncle » Antoine Tabet a côtoyé des hommes politiques du monde entier, et son action en faveur du développement de l'Afrique, son continent de naissance, lui a valu sa réputation. Le « Lion de l'Afrique » est décédé à Beyrouth il y a un an.« Le boss », comme...