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Nos Lecteurs ont la Parole - Par Léa MAALOUF MOUBARAK

#StripforLebanon

Je suis libanaise, de pure souche, de sang... Je vis en France depuis huit ans et malheureusement, j'ai toujours ressenti une certaine fracture avec mon pays d'origine. Je me suis très vite désintéressée de la vie politique qui masque tous les tabous sociaux et qui enferme le peuple dans un cercle de communautarisme insensé.
J'évite de me brancher sur les chaînes du bouquet libanais, je ne navigue sur aucun des sites Internet, et ma seule source d'information demeure ma famille, mon cercle d'amis, les réseaux sociaux. Une volonté ? Non, surtout un besoin d'appartenance, ailleurs, chez les autres, à l'étranger, sur une terre inconnue où l'être humain est cher.
Les dernières actualités qui ont fait le buzz sur la Toile m'ont particulièrement interpellée. J'ai salué la campagne #stripforJackie qui avait pour but de montrer un autre visage du Liban, de la société moderne, des jeunes occidentalisés, ouverts, en quête permanente de liberté d'expression. J'ai salué la créativité, la dynamique et la persévérance de ces jeunes. J'ai partagé la campagne avec des collègues européens en leur expliquant le contexte. J'ai milité, critiqué, commenté...
Et quelques jours plus tard, je me réveille sur les notifications de Watsup : un nouvel attentat au cœur de Beyrouth. En soi, cet attentat n'a rien de particulier par rapport aux autres, sauf que son timing coïncide à une semaine près avec la campagne #stripforJackie
Quel est le lien entre Jackie et l'attentat de Bir Hassan ? Pour moi, il est flagrant, incontestablement flagrant.
On « stripe » pour Jackie, mais on fait la fête le soir même d'un attentat.
On « stripe » pour Jackie, mais on est incapable de manifester contre le terrorisme.
On « stripe » pour Jackie, mais on enterre notre nationalisme dans des coffres-forts, pour ressortir notre commuwnautarisme religieux à n'importe quelle occasion.
On « stripe » pour Jackie, mais on n'a rien à foutre de l'insécurité dans laquelle baigne un pays, un peuple.
On « stripe » pour Jackie, mais on continue à plonger dans une corruption, au cœur d'une société en manque de valeur humaine, culturelle et intellectuelle.
On « stripe » pour Jackie, mais on n'est jamais à poil pour une cause humanitaire, pour Manal, Christelle et toutes ses femmes battues. Pour les pauvres, les maltraités, les handicapés, les victimes de harcèlement moral, les sans-logis, les sans-emploi.
Croyez-moi, nous n'avons rien changé à la vie de Jackie Chamoun. Ah, si ! Elle a gagné une grande notoriété grâce à vous, nous, tous. Par contre, on est capable de changer quoi que ce soit dans la vie de millions de Libanais. Alors, pourquoi ne pas « stripper » pour le Liban ? Je pense qu'il mérite qu'on se déshabille, au moins une fois, pour lui !

Je suis libanaise, de pure souche, de sang... Je vis en France depuis huit ans et malheureusement, j'ai toujours ressenti une certaine fracture avec mon pays d'origine. Je me suis très vite désintéressée de la vie politique qui masque tous les tabous sociaux et qui enferme le peuple dans un cercle de communautarisme insensé.J'évite de me brancher sur les chaînes du bouquet...

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