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Liban - L’éclairage

Présent en Syrie sur ordre des pasdaran, le Hezbollah avait grand besoin d’une couverture gouvernementale

Contrairement à ce qu'avait clamé il y a quelque temps le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, il semble bien que cette formation ait eu grand besoin de la couverture politique qu'un gouvernement libanais en titre est en mesure de lui offrir pendant que ses combattants participent – sur ordre des pasdaran iraniens – à la guerre en Syrie.
C'est précisément pour hâter la mise en place de ce gouvernement et faciliter son action que le Hezb s'est empressé d'abandonner nombre des conditions qu'il posait pour la formation du cabinet et qu'il se montre actuellement disposé à « arrondir les angles » au sujet de la teneur de la déclaration ministérielle, souligne-t-on de source ministérielle.
Dans ce même cadre, ajoute cette source, on observe comment le Hezbollah s'efforce ces jours-ci de rétablir les ponts avec ses adversaires sur la scène libanaise. Ainsi, la visite rendue par un haut responsable du Hezbollah, Wafic Safa, au nouveau ministre de la Justice, Achraf Rifi, au lendemain de la mise sur pied du cabinet, est un signal clair de cette volonté du parti de se rabibocher avec le courant du Futur, et ce d'autant plus que les contacts entre les deux formations étaient souvent passés par le canal du général Rifi, du temps où il occupait les fonctions de directeur général des FSI.
Face aux concessions faites par le Hezbollah, le chef du courant du Futur, Saad Hariri, a agréé la nouvelle donne gouvernementale et cela a certes été facilité par une volonté internationale de faire en sorte qu'un cabinet soit mis sur pied afin d'empêcher le vide institutionnel.
Mais pour ce qui est du Hezb, des sources politiques proches de ce parti soulignent que son acceptation de payer une lourde facture politique, notamment du fait des retombées négatives de ses concessions auprès de sa base, traduit la portée de sa décision de participer à ce gouvernement. Le parti a en effet plus que jamais besoin d'une couverture légale, à l'heure où l'Union européenne considère sa « branche armée » comme une organisation terroriste et où il se sait lui-même pris pour cible sur les plans politique et sécuritaire, en raison de sa participation à la guerre en Syrie.
Or sur ce point, le Hezbollah est incapable de donner la moindre concession, précisément parce que la décision ne lui appartient pas ; elle appartient aux pasdaran iraniens. Lors de l'entrevue chez M. Rifi, ce dernier a pressé le Hezb de rentrer au Liban « avant qu'il ne soit trop tard » et avant que la configuration militaire sur le terrain ne change. À en croire le nouveau ministre, la rentrée au bercail des combattants du Hezb contribuerait à plus de 70 % à l'arrêt des attentats-suicide, et ce d'autant plus que la solidarité interlibanaise serait alors mise en œuvre plus activement. Quant à M. Safa, il aurait reconnu que la décision de participer à la guerre en Syrie était « coûteuse » pour le Hezbollah.
À en croire certains milieux politiques libanais, le fait est qu'à la suite de l'accession de Hassan Rohani à la présidence iranienne, le guide de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, a décidé de confier à ce dernier le dossier du nucléaire, qu'il a retiré aux pasdaran.
Mais M. Khamenei n'a pas pour autant, du moins pour le moment, tout retiré aux gardiens de la révolution. Ainsi, les dossiers régionaux, de l'Irak à la Palestine en passant par la Syrie et le Liban, sont toujours entre leurs mains. C'est en ce sens qu'il faut comprendre les dénégations du ministre iranien des Affaires étrangères, Ahmad Javad Zarif, lorsqu'il répète que ce n'est guère Téhéran qui a décidé de la participation du Hezbollah au conflit syrien. En effet, ce n'est pas le gouvernement iranien qui a pris cette décision, mais ce n'est pas non plus le Hezb lui-même, ce sont les pasdaran, qui échappent au contrôle du gouvernement de M. Rohani et contestent sa politique sur le nucléaire.
Cette dualité de la décision iranienne doit donc désormais être prise en compte, car comme le relève un diplomate, si le président Rohani était maître de la décision, il aurait immédiatement ordonné au Hezbollah de se retirer de Syrie, car cela lui permettrait alors d'opérer le rapprochement souhaité avec l'Arabie saoudite. On sait d'ailleurs que c'est l'une des principales conditions de Riyad pour amorcer un tel rapprochement.

 

Contrairement à ce qu'avait clamé il y a quelque temps le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, il semble bien que cette formation ait eu grand besoin de la couverture politique qu'un gouvernement libanais en titre est en mesure de lui offrir pendant que ses combattants participent – sur ordre des pasdaran iraniens – à la guerre en Syrie.C'est précisément pour...

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