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À La Une - contestation

Ukraine : assaut contre les opposants après sept morts dans des affrontements

Moscou condamne ce regain de violences qu'elle a attribué à la politique des Occidentaux.

Les policiers antiémeute ont lancé mardi soir l'assaut contre les manifestants hostiles au président Viktor Ianoukovitch rassemblés sur le Maïdan, à Kiev. AFP PHOTO/ ANATOLII BOIKO

Les policiers antiémeute ont lancé mardi soir l'assaut contre les milliers de manifestants hostiles au président Viktor Ianoukovitch rassemblés sur le Maïdan occupé depuis près de trois mois, dans le centre de Kiev, après des affrontements qui ont fait sept morts.


Précédés de trois véhicules blindés équipés de canons à eau, plusieurs centaines de Berkout, les redoutables policiers antiémeute, ont commencé à progresser vers la place du Maïdan, dépassant plusieurs barricades dressées en vain pour les arrêter.


Equipés de porte-voix, les policiers avaient auparavant demandé aux femmes et aux enfants de quitter les lieux, évoquant le lancement d'une "opération anti-terroriste".
Des policiers équipés de fusils d'assaut Kalachnikov étaient stationnés en seconde ligne.
Les policiers ont utilisé des grenades lacrymogènes et assourdissantes, ainsi que des canons à eau, pour faire reculer les manifestants en première ligne, qui ripostaient à l'aide de pavés et de cocktails Molotov. Derrière eux, plusieurs milliers de manifestants entonnaient l'hymne national ukrainien.


Cet assaut survient après une journée d'affrontements, les plus meurtriers depuis le début de la contestation.

A l'expiration de l'ultimatum fixé par les autorités pour mettre fin aux violences, les principaux responsables de l'opposition ont mis en garde la foule rassemblée sur le Maïdan, la place de l'Indépendance, haut lieu de la contestation depuis près de trois mois et entourée de barricades.

"Ne tirez pas sur les Ukrainiens", proclamait l'un des orateurs à l'intention des policiers, tandis qu'un des dirigeants de l'opposition, l'ancien champion de boxe Vitali Klitschko, a appelé les femmes et les enfants à évacuer la place.


Les violences ont fait au moins sept morts mardi.
Cinq civils ont été tués dans les violences mardi, a annoncé la police de Kiev, qui a ensuite indiqué que deux policiers avaient aussi perdu la vie.
L'opposition avait auparavant annoncé la mort de trois manifestants, "tués par balles". Selon le Parti des régions du président Viktor Ianoukovitch, le corps d'un employé a été retrouvé au siège du mouvement, pris d'assaut et brièvement contrôlé par les contestataires, qui l'ont partiellement incendié à l'aide de cocktails Molotov.
Au moins 150 manifestants ont été blessés mardi, dont 30 grièvement - l'un ayant eu la main arrachée en ramassant une grenade assourdissante -, selon Oleg Moussiï, chef du service médical de l'opposition.
Quarante-sept policiers ont été blessés, de source officielle.


"Nous mettons en garde les têtes chaudes au sein de l'opposition: le pouvoir a les moyens de rétablir l'ordre (...). Nous serons obligés d'avoir recours à des mesures de la plus grande fermeté si les troubles ne cessent pas d'ici à 18h00 (16h00 GMT)", avaient menacé le ministère de l'Intérieur et les services spéciaux (SBU) dans une déclaration conjointe.


Balles en caoutchouc et cocktails Molotov
Le procureur général Viktor Pchonka a promis mardi soir "les peines les plus sévères" pour les responsables des violences "et ceux qui en sont les instigateurs".
Les autorités ont aussi annoncé que le trafic routier en direction de Kiev serait "limité" à partir de minuit, afin d'éviter "l'escalade des violences et de nouvelles victimes".


Des manifestants de villes de province, et notamment de Lviv (ouest), bastion de la contestation, avaient annoncé leur volonté de se rendre à Kiev après l'annonce des violences.
Celles-ci sont survenues après plusieurs semaines d'accalmie dans la contestation, qui dure depuis près de trois mois, à l'occasion d'un défilé en direction du parlement.

Les forces de l'ordre postées devant les accès au Parlement ont utilisé du gaz lacrymogène, des grenades assourdissantes et ont tiré des balles de caoutchouc sur les manifestants qui lançaient des pavés et des cocktails Molotov.


Il s'agit des premiers affrontements à Kiev depuis ceux de la fin janvier qui avaient fait quatre morts, dont deux tués par balles réelles, et plus de 500 blessés.


L'Occident inquiet
La Russie a aussitôt condamné ce regain de violences, qu'elle a attribué à la politique des Occidentaux, "qui ferment les yeux sur les actes agressifs des forces radicales en Ukraine".


De son côté, Washington s'est dit "consterné" et a appelé le président Ianoukovitch à "mettre fin aux affrontements" et à renouer le dialogue avec l'opposition.
La responsable de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, a exhorté Kiev "à s'attaquer aux racines de la crise", alors que le Premier ministre polonais, Donald Tusk a réitéré son aide pour trouver un compromis, afin d'éviter "une guerre civile à petite ou grande échelle".


L'opposition à Kiev accuse le pouvoir ukrainien de céder aux pressions de Moscou, depuis que M. Ianoukovitch a renoncé en novembre à signer un accord d'association avec l'Union européenne, au profit d'un rapprochement avec la Russie.


La Russie a octroyé à Kiev en décembre un crédit de 15 milliards de dollars, dont 3 milliards ont déjà été versés, et un important rabais sur le prix du gaz. Moscou devait verser "cette semaine" une nouvelle tranche de 2 milliards à l'Ukraine, en manque de liquidités et au bord d'un défaut de paiement.
Mais l'opposition s'impatiente, alors que les négociations avec le pouvoir sont au point mort, qu'il s'agisse d'une réforme constitutionnelle réduisant les pouvoirs du président ou de la formation d'un nouveau gouvernement.

 

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