Finalement, le « momentum » favorable à la naissance d'un nouveau gouvernement « politique et rassembleur » semble être passé sans que les parties politiques libanaises n'en aient profité. Dans un contexte régional et international changeant et complexe, il faut saisir la chance lorsqu'elle arrive, car elle peut être éphémère. Aujourd'hui, la tendance générale ne serait plus ainsi à la formation imminente d'un gouvernement, les développements régionaux s'étant une fois de plus imposés sur la scène libanaise, alors que les parties politiques concernées ont préféré perdre leur temps dans des tiraillements stériles.
Il y a un peu plus d'un mois donc, la communauté internationale, États-Unis en tête, poussait vers la formation d'un gouvernement politique rassembleur regroupant des représentants de toutes les parties dont le Hezbollah. Des contacts sérieux ont alors été entrepris notamment par le ministre des Affaires sociales Waël Abou Faour, dûment mandaté par Walid Joumblatt, pour tenter de dégager une formule acceptable pour tous, aidé par le président de la Chambre Nabih Berry. Le climat favorable a été confirmé par la déclaration du chef du courant du Futur, Saad Hariri, lors de l'ouverture du procès des assassins de son père à La Haye le 16 janvier. L'ancien Premier ministre acceptait officiellement la formule des « trois huit » et donc la participation du Hezbollah au gouvernement.
À ce moment-là, l'Arabie saoudite, qui considère Saad Hariri comme son allié principal au Liban, avait fait savoir aux parties concernées qu'elle ne s'opposait plus à la participation du Hezbollah au gouvernement, sans pour autant faire preuve d'un enthousiasme délirant. L'attitude saoudienne se résumait ainsi : « Si cela vous paraît utile, formez ce gouvernement, mais faites en sorte qu'il ne soit pas dirigé contre nous. » L'Arabie saoudite étant la partie la plus hostile à un cabinet « politique rassembleur », celui-ci avait donc logiquement des chances de voir le jour.
Mais, au Liban, rien n'est aussi simple. Brusquement, l'idée de la rotation des portefeuilles est apparue dans les négociations, devenant aussitôt une condition indispensable. Dans les milieux du 8 Mars, on est convaincu que ce sont des parties au sein du courant du Futur, mécontentes de la nouvelle attitude de Saad Hariri, qui auraient lancé cette idée, dans la volonté d'améliorer la position du 14 Mars au sein du gouvernement à naître et en même temps de régler des vieux comptes avec les ministres Gebran Bassil et Adnane Mansour, tout en semant la zizanie entre le général Michel Aoun et le Hezbollah et en aboutissant à isoler le chef du Courant patriotique libre en le présentant comme celui qui s'accroche à un ministère pour des raisons personnelles. Les milieux du 8 Mars pensent aussi que ceux qui ont lancé cette idée étaient convaincus que le Hezbollah voulait à tout prix la formation d'un nouveau gouvernement pour desserrer l'étau qui l'étouffe, d'une part, à cause de la multiplication des attentats et des obus contre les régions qu'il contrôle et, d'autre part, avec l'augmentation des pressions internationales dénonçant sa participation aux combats en Syrie.
Le 8 Mars reconnaît que la campagne menée contre le Hezbollah avait atteint des degrés inégalés jusque-là, aussi bien sur le plan international que sur le terrain. Mais ceux qui ont lancé l'idée de la rotation des portefeuilles croyant que le Hezbollah, pour ses intérêts propres, pousserait le général Aoun à renoncer au ministère de l'Énergie se sont trompés. Car dans la balance stratégique du Hezbollah, son alliance avec Michel Aoun est bien plus importante que la formation d'un gouvernement rassembleur, même en cette période particulièrement délicate. De plus, l'une des raisons qui poussaient le Hezbollah à vouloir que le gouvernement soit formé rapidement est la volonté de mettre au point une action sérieuse contre les cellules takfiristes au Liban et protéger les régions actuellement visées par les attentats. Or les formules gouvernementales proposées donnaient en général la Défense au chef de l'État et l'Intérieur au courant du Futur, soit les deux au 14 Mars.
En quoi, dans ce cas, un nouveau gouvernement aurait-il arrangé les intérêts du Hezbollah ? Il faut encore ajouter à ces considérations le fait qu'après toutes les explosions qui ont visé la banlieue sud de Beyrouth et des régions de la Békaa et du Hermel, la communauté qui appuie le Hezbollah n'a pas émis des critiques à son encontre ni contesté sa participation aux combats en Syrie. Au contraire, la question qui revient le plus souvent dans la banlieue sud mais aussi au Hermel est la suivante : quand est-ce que le Hezbollah va réagir ? Pour une raison toute simple, c'est qu'en visant la population, les attentats lui font croire que ce sont les chiites qui sont pris pour cible, non le Hezbollah. Ce qui la pousse à resserrer les rangs autour de cette formation, qui lui donne un sentiment de force.
À ces raisons internes, il faut encore ajouter le contexte régional et international qui bouge lentement. Les négociations politiques de Genève piétinent, alors que sur le terrain, la bataille de Yabroud se prépare et que des changements commencent à apparaître en Arabie saoudite. Pourquoi dans ce cas « précipiter les choses » au Liban, d'autant que, selon le 8 Mars, la partie adverse tient un double langage et se livre à un marchandage dans la distribution des portefeuilles ? Le 8 Mars a donc le sentiment que le camp adverse a perçu son acceptation de la formule des « trois huit » et le mandat donné au président de la Chambre pour négocier la formation du gouvernement comme des signes de faiblesse qu'il a voulu exploiter. Il n'est donc plus pressé...
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Finalement, le « momentum » favorable à la naissance d'un nouveau gouvernement « politique et rassembleur » semble être passé sans que les parties politiques libanaises n'en aient profité. Dans un contexte régional et international changeant et complexe, il faut saisir la chance lorsqu'elle arrive, car elle peut être éphémère. Aujourd'hui, la tendance générale ne serait plus...
commentaires (8)
C est quoi ce issu de betises et de mensonges? La otation remonte a a nomination de Salam, pas brusquement Muchel Aoun etait parfaitement au courrNt de ce que negociaient ses allies Le Hezbollah n a pas prefere son alluance avc Aoun a ses engagements avec Berri et Joumblat que oarceque cela lui cinvenait Hier encore il a decide d proroger le mandat du parlement alors ue Aoun voulait des lecions Mais enfin Scarlett la desinformation ne connait aucune limite Ou prenez voys vos lecteurs pour des sous doues comme l sont vos supporters
Jihad Mouracadeh
20 h 41, le 12 février 2014