Mikati présidera la délégation libanaise à la conférence du Koweït

Il a été décidé que le Premier ministre sortant Nagib Mikati présidera la délégation du Liban à la conférence internationale humanitaire pour les donations aux déplacés syriens, qui se tiendra au Koweït pour la deuxième fois et pour la deuxième année consécutive. La délégation comprendra, entre autres, le ministre sortant des Affaires sociales, Waël Abou Faour, qui était censé présider la délégation. Mais il a été décidé finalement d'élever le niveau de la représentation officielle du Liban à cette conférence, pour deux raisons. D'abord, il s'est avéré que de nombreux chefs de gouvernement participeront à ce congrès, dont le Jordanien Abdallah al-Noussour. Ensuite, le Liban compte énormément sur les résultats et les décisions qui seront prises lors de cette conférence, où il sera question du fardeau porté par le Liban en ce qui concerne les réfugiés syriens, qui continuent d'affluer au quotidien vers le pays du Cèdre. Il est vrai que le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) n'a recensé jusque-là que 860 000 réfugiés enregistrés, mais plus de 600 000 personnes attendent toujours de s'enregistrer auprès de l'organisme onusien. Et l'ONU reconnaît, par ailleurs, que le Liban est le seul pays de la région à accueillir autant de déplacés syriens, et qu'il n'a pas encore, jusque-là, fermé ses frontières face à l'afflux de ces personnes fuyant la guerre entre le régime, l'opposition, Daech et le Front de lutte al-Nosra.
Dans les détails, la conférence devrait être inaugurée par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui réitérera sa demande de donations, sollicitant la somme d'un milliard sept cent mille dollars pour répondre aux besoins des déplacés. Sur ce plan, il est regrettable de noter que les pays ne se sont jusque-là engagés qu'à couvrir 69 pour cent des besoins du Liban concernant les réfugiés, selon le coordonnateur spécial des Nations unies au Liban, Derek Plumbly. Le Liban espère donc que les pays donateurs débloqueront les donations déjà promises et s'engageront à présenter de nouvelles donations durant cette seconde conférence. Il importe aussi, du côté libanais, que les réfugiés soient répartis sur différents pays, comme l'avait proposé de nombreuses fois le président de la République Michel Sleiman, les étrangers résidant au Liban constituant 39 pour cent des habitants du pays à l'heure actuelle, selon des statistiques reçues par le ministère des Affaires étrangères. Mis à part l'Allemagne, qui a accueilli quelque 5 000 réfugiés, aucun État n'a vraiment ouvert ses frontières pour une éventuelle répartition du fardeau.
Peu après l'inauguration de la conférence par Ban Ki-moon, le Premier ministre Nagib Mikati prononcera une allocution dans laquelle il sollicitera l'assistance des États participants. Une autre réunion sera tenue par MM. Mikati et Abou Faour avec les représentants des autres États, en marge de la conférence, pour expliquer davantage les répercussions de la crise des réfugiés syriens sur le Liban, aux niveaux économique, sécuritaire, social et démographique. Nagib Mikati rencontrera aussi Ban Ki-moon, l'émir du Koweït cheikh Sabah el-Ahmad el-Sabah et le secrétaire d'État américain John Kerry, pour discuter de la conférence de Genève 2 qui se tiendra dans quelques jours en Suisse.
De son côté, le minsitre Abou Faour a estimé hier que « la tenue de la conférence du Koweït est une véritable opportunité pour le Liban, pour expliquer à la communauté internationale qu'il est tombé dans le pétrin que nous craignions tous ». « C'est une chance pour nous pour hausser la voix et dire clairement que les pays arabes et la communauté internationale nous ont déçus en ce qui concerne ce dossier. Nous revendiquons aujourd'hui la prise en charge d'un certain nombre de réfugiés par ces pays », a-t-il ajouté, indiquant que « même si des commissariats s'engagent à porter secours aux réfugiés, nous réclamons l'aide de la communauté internationale en ce qui concerne l'infrastructure et les secteur de l'éducation et de l'enseignement. » Et de conclure : « Il nous importe que les États donateurs tiennent leurs promesses et respectent leurs engagements à tous les niveaux. Les responsables ont en effet été atteints par une nonchalance, après avoir su que les familles du Nord et de la Békaa accueillaient de nombreux réfugiés. Mais c'est le maximum. Cela ne peut plus durer. »