L'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) a diffusé un message mardi soir, appelant au combat sur les deux fronts sur lequel ce groupe lié à el-Qaëda est engagé.
Sur le front irakien, le porte-parole de l'EIIL, cheikh Abou Mohammed al-Adnani, a appelé les sunnites, dans un message audio, à poursuivre leur combat contre les forces armées gouvernementales auxquelles les jihadistes s'opposent depuis la semaine dernière dans la province d'Al-Anbar. "O sunnites (...) ne déposez pas les armes, parce que si vous les déposez maintenant, les chiites vous réduiront à l'esclavage et vous ne vous relèverez plus", a-t-il lancé.
Ces derniers jours, l'EIIL a pris le contrôle de Fallouja et de plusieurs quartiers de Ramadi, respectivement à 60 et 100 km à l'ouest de Bagdad. C'est la première fois depuis l'insurrection ayant suivi l'invasion américaine de 2003 que des militants d'el-Qaëda, qui sont parallèlement devenus une force majeure dans le conflit en Syrie voisine, prennent si ouvertement le contrôle de zones urbaines en Irak.
Sur le dossier syrien, cheikh Abou Mohammed al-Adnani a promis d'"anéantir" les rebelles contre lesquels il se bat depuis plusieurs jours en Syrie, accentuant encore la lutte entre les groupes combattant le régime.
Ces combats fratricides, qui ont débuté vendredi, ont fait au moins 274 morts: 129 rebelles et membres du Front Al-Nosra, 99 jihadistes de l'EIIL et 46 civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
S'adressant aux combattants de l'EIIL, cheikh Abou Mohammed al-Adnani a lancé: "Anéantissez-les (les rebelles) et (...) soyez certains de la victoire de Dieu". Parlant ensuite aux rebelles, il a affirmé: "Aucun de vous ne survivra, et nous ferons de vous un exemple pour tous ceux qui pensent suivre le même chemin".
Le groupe a aussi mis en garde les membres de l'opposition syrienne. L'EIIL "estime que la coalition et le Conseil national (syrien, une des composantes de la coalition, ndlr), l'état-major et le conseil militaire (...) lui ont déclaré la guerre", a indiqué M. Adnani. "Chaque membre de cette entité est une cible légitime pour nous, à moins qu'il ne déclare publiquement son refus de (...) combattre les moujahidine", a-t-il ajouté.
Le puissant Front islamique, l'Armée des Moujahidine (islamiste) récemment créée et le Front des révolutionnaires de Syrie ("modéré", non islamiste) ont lancé la semaine passée une offensive contre l'EIIL, à laquelle s'est ensuite joint le Front Al-Nosra, branche officielle d'el-Qaëda en Syrie.
"Le comportement de l'EIIL devenait insupportable pour la plupart des groupes armés (...) notamment les tentatives de prendre le contrôle des zones frontalières, coupant de ce fait les réseaux logistiques des rebelles", a affirmé à l'AFP un spécialiste de l'islam en Syrie, Thomas Pierret.
L'EIIL est aussi régulièrement accusé, notamment par l'opposition, d'une série d'exactions, dont des enlèvements et meurtres de civils et de rebelles rivaux.
Déplorant ces affrontements fratricides, le chef de ce groupe, Abou Mohammad al-Jolani, avait néanmoins appelé mardi à un cessez-le feu pour se concentrer sur la lutte contre le régime de Bachar el-Assad. Si les violences se poursuivent, "le régime va pouvoir trouver un nouveau souffle alors qu'il était proche de l'effondrement", avait-il affirmé.
Fallouja
En Irak, alors que plusieurs hauts responsables ont prévenu qu'une attaque d'envergure se préparait contre Fallouja, l'assaut a finalement été repoussé provisoirement. "Il est pour le moment impossible de lancer l'assaut", a déclaré mardi à l'AFP le porte-parole du ministère de la Défense, Mohammed al-Askari, expliquant qu'il fallait éviter de "faire couler le sang de ses habitants".
Le Premier ministre Nouri el-Maliki avait appelé lundi les tribus sunnites lourdement armées à chasser elles-mêmes les "terroristes" pour éviter l'assaut.
Un haut responsable tribal de Fallouja, cheikh Ali al-Hammad, a ensuite affirmé que les combattants de l'EIIL avaient quitté la ville, où les seuls hommes armés encore présents étaient "des fils des tribus".
Des renforts militaires ont néanmoins continué mardi de prendre position autour de Fallouja, que de nombreux habitants ont fui et où trois fortes explosions ont retenti tôt le matin, selon un témoin.
Une attaque contre cette ville majoritairement sunnite risque d'aggraver encore un peu plus les tensions entre la minorité sunnite et le gouvernement dirigé par les chiites. Elle constitue de plus un défi de taille pour les forces irakiennes qui n'ont encore jamais mené une opération de cette ampleur depuis le départ des derniers soldats américains il y a deux ans.
(Rétrospective : 2013, année la plus meurtrière en Irak depuis 2008)
Assaut infructueux à Ramadi
A Ramadi, l'armée a d'ailleurs tenté, sans succès, dans la nuit de lundi à mardi de reprendre des zones contrôlées par l'EIIL dans le sud de la ville, selon un capitaine de police. Les combats ont fait quatre morts et 14 blessés parmi les civils, selon un médecin à l'hôpital de Ramadi qui ne disposait pas de bilan pour l'armée ou les jihadistes. Dans la journée, l'armée de l'air a par ailleurs mené une frappe contre des jihadistes repérés sur une place de Ramadi à bord de véhicules "chargés d'armement lourd", tuant 25 insurgés, selon M. Askari.
Depuis vendredi, les autorités ont fait état de plus de 230 morts dans les violences autour de Fallouja et Ramadi, essentiellement des jihadistes.
Eclairage
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Et si l'on inverse la formule, on arrive donc à la simple conclusion suivante: Rebelles uniquement Syriens et la légalité Syrienne ont le meme ennemi criminel étranger et fanatique, non? Allez vite, qu'ils s'assoient autour d'une table pour le bien de tous les Syriens dont les bénécices retmberont également indéniablement sur notre pays.
Ali Farhat
18 h 37, le 08 janvier 2014