Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Révolte

Le premier chargement d’agents chimiques évacué de Syrie

L'EIIL appelle à « anéantir » les rebelles et l'opposition ; les affrontements ont fait plus de 270 morts depuis vendredi.

Des rebelles s’apprêtant à lancer un assaut contre un local occupé par l’EIIL à Alep, dans un contexte de guerre fratricide déchirant l’opposition au régime d’Assad. Medo Halab/AFP

Le premier chargement d'agents chimiques a été évacué hier de Syrie en vue de leur destruction, en vertu d'un accord avec le régime, dans un conflit qui prend une nouvelle tournure avec des combats entre rebelles et jihadistes.


L'évacuation des agents chimiques les plus dangereux est la première étape clé du plan de démantèlement de l'arsenal du régime, conclu à l'initiative de Washington et de Moscou. D'après la résolution 2118 du Conseil de sécurité de l'ONU adoptée en septembre, la totalité de cet arsenal doit être détruite avant le 30 juin. « Une première quantité de matériel chimique de première importance a été retirée de deux sites, transportée au port de Lattaquié pour vérification puis chargée aujourd'hui (hier) sur un navire commercial danois », a indiqué la mission conjointe ONU-Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) dans un communiqué. Le navire s'est dirigé vers les eaux internationales et devrait y rester « dans l'attente de l'arrivée dans le port d'autres agents chimiques importants ».


Une fois rassemblés à Lattaquié, les composants chimiques doivent être transportés jusqu'à un port italien, où ils seront transférés sur un navire de la marine américaine spécialement équipé pour les détruire en mer. À La Haye, le directeur général de l'OIAC Ahmet Uzumcu a qualifié cette première évacuation de « pas important ». « J'encourage le gouvernement syrien à maintenir cet élan pour enlever les agents chimiques prioritaires restants, d'une façon sécurisée et dans les délais, de façon à ce qu'ils puissent être détruits à l'extérieur de la Syrie aussi vite que possible », a-t-il indiqué. Pour rappel, la conclusion d'un accord sur la destruction de l'arsenal chimique syrien avait permis d'éviter des frappes militaires américaines en Syrie, en représailles à une attaque chimique meurtrière en août près de Damas que Washington attribue au régime.

 

Audio vs audio
L'évacuation de ce premier chargement intervient alors que la rébellion luttant contre le régime est traversée par une lutte fratricide sans précédent. Depuis vendredi, rebelles et combattants de la branche officielle d'el-Qaëda en Syrie, le Front al-Nosra, sont engagés dans des affrontements meurtriers contre les jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ces combats ont fait au moins 274 morts, dont une trentaine hier : 129 rebelles et membres d'al-Nosra, 99 jihadistes de l'EIIL, et 46 civils.
Évoquant une situation « malheureuse », le chef du Front al-Nosra, Abou Mohammad al-Joulani, a appelé à un « cessez-le feu », sans toutefois appeler à cesser de les combattre totalement, à « procéder à un échange de prisonniers et à donner la priorité au combat contre le régime », dans un enregistrement audio posté sur Twitter. M. Joulani accuse dans la foulée l'EIIL « d'avoir mené sur le terrain une politique erronée qui a été un facteur important dans le déclenchement du conflit ». Si les violences se poursuivent, « le régime va pouvoir trouver un nouveau souffle alors qu'il était proche de l'effondrement, et l'Occident et les (...) (chiites et alaouites) vont trouver un grand espace », a-t-il mis en garde.


En réaction, l'EIIL a appelé à « anéantir » les rebelles, selon un message audio mis en ligne hier sur des sites jihadistes. S'adressant aux combattants de l'EIIL, cheikh Abou Mohammad al-Adnani a lancé : « Anéantissez-les (les rebelles) et (...) soyez certains de la victoire de Dieu. » Parlant ensuite aux rebelles, il affirme : « Aucun de vous ne survivra et nous ferons de vous un exemple pour tous ceux qui pensent suivre le même chemin. » Il a dans la foulée appelé les insurgés sunnites irakiens de Falloujah à poursuivre le combat, faute de quoi ils seraient réduits à l'état d' « esclaves » par les chiites, alors que l'Irak a rouvert hier une frontière avec la Syrie, permettant à plus de 2 500 Syriens d'entrer en Irak. L'EIIL se voit reprocher une série d'exactions, notamment des enlèvements et meurtres de civils et de rebelles rivaux, dont celui récent sous la torture d'un médecin très populaire. Le puissant Front islamique, l'Armée des moujahidine (islamiste) récemment créée et le Front des révolutionnaires de Syrie ( « modéré », non islamiste) sont à l'origine de cette offensive contre l'EIIL, auquel s'est ensuite joint al-Nosra.

 

L'Iran « brutalise » le peuple
« Le comportement de l'EIIL devenait insupportable pour la plupart des groupes armés (...), notamment les tentatives de prendre le contrôle des zones frontalières, coupant de ce fait les réseaux logistiques des rebelles », a affirmé un spécialiste de l'islam en Syrie, Thomas Pierret. Romain Caillet, spécialiste du salafisme contemporain, estime par ailleurs que « l'opposition veut faire bonne figure à l'égard des gouvernements occidentaux », en se démarquant des jihadistes, alors que le 11 décembre, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont annoncé la suspension de leur aide non létale à la rébellion, craignant la montée des radicaux.


Une conférence de paix doit se tenir le 22 janvier en Suisse. Mais la Coalition nationale de l'opposition, réunie à Istanbul, n'a pas encore rendu publique sa décision sur son éventuelle participation. L'Iran, de son côté, ne figure pas sur la première liste d'invités à la conférence, bien que la République islamique ait affirmé qu'elle n'accepterait pas un rôle « subalterne » dans le dossier syrien. Elle a par ailleurs été accusée hier par Washington de « brutaliser » le peuple syrien, en épaulant le régime de Bachar el-Assad dans le conflit qui a fait plus de 120 000 morts depuis 2011.


Par ailleurs, le quotidien gouvernemental syrien Techrine a affirmé hier que la guerre a causé en 2013 seulement des dégâts estimés à 670 millions de dollars et la mort de 500 étudiants et membres du personnel éducatif. En outre, explique le quotidien, 4 000 écoles ont été détruites et beaucoup d'autres sont endommagées mais ne peuvent pas être réparées en raison des combats et de la situation sécuritaire.

Lire aussi

En Syrie, le russe va désormais concurrencer le français à l'école

 

 

 

Le premier chargement d'agents chimiques a été évacué hier de Syrie en vue de leur destruction, en vertu d'un accord avec le régime, dans un conflit qui prend une nouvelle tournure avec des combats entre rebelles et jihadistes.
L'évacuation des agents chimiques les plus dangereux est la première étape clé du plan de démantèlement de l'arsenal du régime, conclu à...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut