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Culture - Vient de paraître

Exercice de style, de Yasmine Ghata, pour une mère romancière...

Un petit récit centré sur l'écriture et l'imaginaire des romancières. « La dernière ligne » de Yasmine Ghata, fille de Vénus Khoury-Ghata (Fayard, 127 pages), est une fabulation sombre d'une fille aux prétentions littéraires modestes et qui assiste à l'agonie d'une mère, romancière flamboyante...

Quatrième roman de Yasmine Ghata qui a sans doute le virus de l'écriture dans les gènes. Par hérédité, par transmission familiale. Récit à voilette où une auteure, presque de l'ombre, dans la solitude d'une chambre blanche, regarde sa mère partir. Maladie et vieillesse ont fini par terrasser celle qui a vécu à travers les mots et pour les mots. Addiction délicieuse, tyrannique et incurable que ces mots qui hantent un corps, un esprit, une plume.
Dans ces pages où la lumière a peu de place, sauf pour les mots, «la fiction se transmet de mère en fille, la réalité, non », écrit la jeune romancière. Et tout revient au « Liban natal, la terre des mots, un décor planté de fables où le drame secoue les feuilles du figuier et du grenadier avant de s'abattre sur les vivants ».
Dans une narration aux confins du crayeux, aux personnages sans grande épaisseur, se promène surtout la préoccupation d'écrire. « Mon corps est épuisé », raconte cette mère oxydée par les mots, érodée par les lettres. « Tu as le droit de tout dire », dit la partante, vieille tigresse de la plume. Telle est l'injonction de la romancière âgée à sa fille devenue brusquement son scribe. Facile à dire, difficile à faire. Et puis dit-on toujours vraiment tout ?
De toute façon pas dans ces pages où on retrouve, avec quelque romantisme et naïveté saupoudrée de poésie, des bribes de vie : une trentaine d'ouvrages voués au sacerdoce des mots, un retour obsessionnel à un village du pays du Cèdre, quelque récital déclamatoire de poésie par une femme de lettres aux cheveux roux satisfaisant son chatouilleux ego de star de la plume...
Petits cailloux de Petit Poucet qui pourraient vaguement faire allusion à l'auteure de Vacarme pour une lune morte... Mais le véritable enjeu de ce récit est sans doute, non le portrait fini et détaillé d'une romancière mais le rapport à l'écriture et à l'inspiration.
Pour cela, Yasmine Ghata déploie un zèle d'écrivain accompli. Elle série, groupe, sélectionne, chorégraphe, orchestre, dans une musicalité fluide, les mots, pour un long poème fait de reconnaissance, de précision clinique et de libération.
Pour cet exercice de style, hommage à une mère et une romancière partantes, dans les retranchements des dernières lignes, il y a là sans nul doute une voix intérieure, contenue, aux vibratos simples et touchants.

Quatrième roman de Yasmine Ghata qui a sans doute le virus de l'écriture dans les gènes. Par hérédité, par transmission familiale. Récit à voilette où une auteure, presque de l'ombre, dans la solitude d'une chambre blanche, regarde sa mère partir. Maladie et vieillesse ont fini par terrasser celle qui a vécu à travers les mots et pour les mots. Addiction délicieuse, tyrannique et...

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