Bonne nuit petit Jésus

24 décembre : le monde entier célèbre ma naissance. Grands et petits se retrouvent pour chanter et fêter cet heureux événement. Dans la cheminée, le feu brille. Les lumières scintillent. Blotti dans les bras de ma maman au pied du sapin, j'entends les rires des enfants, la joie des grands. Douce nuit, sainte nuit. Un grand monsieur à la barbe blanche habillé de rouge arrive portant dans sa hotte des milliers de jouets. Les enfants exultent !
Leur regard brille de joie. On l'embrasse, on l'entoure, on lui fait la fête. Moi, tout seul dans mon coin, j'attends et j'espère. Mais personne ne me remarque. Personne ne se penche sur mon lit de paille. Personne ne me prend dans ses bras. Les chants s'élèvent : « Petit papa Noël, quand tu descendras du ciel. » Les cadeaux pleuvent. Pas un seul pour moi, pas un sourire, pas même une petite prière. Dehors, dans le froid glacial de l'hiver, un petit enfant regarde avec d'immenses yeux tristes, ce grand sapin et ces lumières qui scintillent. Dans son petit manteau fripé, il tremble de froid. Toute la journée assis sur la pierre gelée, il regardait les gens passer, entendait leurs rires, rêvait de leurs cadeaux. De petites larmes coulent sur son visage. Sa gamelle rouillée restera vide. Les gens pressés, chargés de paquets, ne l'on pas vu. Ce soir, il n'aura pas un bon petit repas chaud. Il n'ouvrira pas son petit cadeau. « Secret Santa » ne connaît pas les enfants pauvres. Il voit le regard brillant de joie de ces enfants. Il entend leurs rires. Mais personne n'aura une pensée pour lui. Il écoute au loin les petites voix qui s'élèvent dans l'église du village. « C'est Noël chaque fois qu'on essuie une larme dans les yeux d'un enfant. C'est Noël chaque fois qu'on force la misère à reculer plus loin. C'est Noël dans les mains de celui qui partage aujourd'hui notre pain. »
Minuit chrétien. Doucement les lumières s'éteignent, les rires se meurent. Dans un coin, un petit enfant pleure doucement, un autre blotti dans les bras de sa maman dort entre le bœuf et l'âne gris. Noël a perdu sa vraie valeur. Petit papa Noël, l'année prochaine, n'oublie pas ces milliers d'enfants aux regards tristes, n'oublie pas cet enfant assis dans sa crèche. « Car Noël, ô mon frère, c'est l'amour. »
Joyeux Noël père Noël ! Bonne nuit petit Jésus !