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Liban - Communautés

Grégorios III : Sans les chrétiens, pas d’arabité

 « Le monde arabe musulman a besoin de nous. Ne le privons pas de notre présence et de notre témoignage », affirme le patriarche des grecs-catholiques dans son message de Noël.

Le patriarche Grégorios III a publié samedi son message de Noël, dans lequel il invite les fidèles de son Église, et les chrétiens en général, à ne pas déserter l'Orient. « Sans les chrétiens, il n'y a pas d'arabité », a tranché le chef de l'Église grecque-melkite catholique, invitant les musulmans « à travailler pour l'islam authentique, loin de l'islam politique salafiste ».
Dans son message, Grégorios III cite saint Paul affirmant : « Ainsi la création attend-elle avec impatience cette révélation des "enfants de Dieu". » (Romains 8, 19). « Dans le contexte actuel, souligne le patriarche, s'adressant aux fidèles, cette création, c'est notre monde arabe. Jésus apparaît et se transfigure dans ce monde à travers nous, notre présence, notre vie, notre conduite et nos mœurs chrétiennes, nos fêtes, nos traditions, nos lieux de pèlerinage.»
« Ce monde arabe musulman a besoin de nous, ajoute le patriarche. Ne le privons pas de notre présence et de notre témoignage. »

Églises et cimetières
« Autour de Naplouse, en Palestine, il y avait autrefois 53 villages chrétiens. Actuellement, il n'y a plus là que les églises et les cimetières ; les chrétiens sont partis, il n'y a plus que des maisons vides et des champs... », déplore le patriarche, soulignant que la présence chrétienne « est mission et service ».
« Je ne veux pas être plus arabe que les Arabes, enchaîne-t-il, mais j'ose dire que, sans les chrétiens, il n'y a pas d'arabité. Un grand homme d'affaires musulman (je ne dirai pas son nom) a affirmé, dans une conférence publique, que le monde arabe musulman a besoin de la présence chrétienne pour être arabe et musulman, et afin que s'y réalisent la convivialité, la démocratie, la justice sociale, l'ouverture... » Une vision que de grands journalistes comme Mohammad Hassanein Heykal et le roi Abdallah de Jordanie partagent, a-t-il dit, citant un récent congrès qui vient de se tenir à Amman (3-4 septembre 2013) où le prince Ghazi ben Mohammad évoquait les défis auxquels font face les chrétiens arabes.

Les défis
L'un de ces défis consiste, aux yeux du patriarche, « à percevoir que l'Église, dans ce Proche-Orient majoritairement musulman, est l'Église des Arabes (...), qu'elle est une Église avec le monde arabe et pour le monde arabe ».
Pour Grégorios III, la montée des « mouvements fondamentalistes, dans lesquels il n'y a pas de place pour l'autre, pour la pensée ou l'opinion de l'autre », menace les musulmans eux-mêmes. « Les musulmans ont peur de l'expansion des groupes fondamentalistes "takfiris" autant que les chrétiens », a redit le patriarche, appelant à la formation d'un « front commun » pour faire face au danger.
Par ailleurs, le patriarche a appelé à la résolution du conflit israélo-palestinien, affirmant que « l'échec des Arabes à cet égard expose l'islam et les musulmans à plus d'extrémisme, de fondamentalisme et de dérive ».
« C'est cela qui est la grande cause de l'émigration des chrétiens, mais aussi des musulmans. Le conflit israélo-palestinien est à l'origine de la série de crises qui continuent à déferler sur les Arabes, musulmans et chrétiens, en Palestine et ailleurs, depuis 1948 », a affirmé le patriarche qui a cité à l'appui de ce qu'il dit son expérience comme vicaire patriarcal à Jérusalem pendant 26 ans (1974-2000).
Ce conflit a « engourdi » le monde arabe et a entraîné sa division. Il est l'une des principales causes d'analphabétisme, de pauvreté, de l'absence d'un essor des droits de la femme et du sous-développement scientifique des Arabes. Ce conflit est « un cancer dans le corps du monde arabe », avec la transformation des camps « en ghettos (...), en foyers de corruption aux mains de partis rivaux et extrémistes se battant entre eux ».
Pour y remédier, deux conditions sont nécessaires : « Résoudre le problème palestinien et travailler pour l'islam authentique, loin de l'islam politique, salafiste et autre », a-t-il conclu.

N'émigrez pas !
« Pour cela, nous exhortons nos fidèles et les appelons à la patience dans les tribulations, surtout dans ce tsunami des crises étouffantes, destructrices, sanglantes et tragiques de notre monde arabe, surtout en Syrie, comme aussi en Égypte, en Irak, en Palestine et au Liban, à des degrés différents.
Nous les appelons à ne pas émigrer, à être fermes sur leur terre, dans leur village ou leur quartier, malgré les difficultés que nous connaissons tous. Nous partageons la souffrance de nos frères et de nos sœurs. Nous prions pour les nombreuses victimes, dont le nombre croît tous les jours. Nous sommes meurtris par la douleur et la souffrance des blessés dans nos hôpitaux, et avec ceux qui portent des handicaps. Nous déployons tous les efforts possibles pour alléger cette peine poignante de millions de nos concitoyens, déplacés et déstabilisés à l'intérieur ou à l'extérieur de la Syrie, et pour obtenir la libération de ceux qui ont été enlevés, comme les deux métropolites d'Alep, et d'autres prêtres et fidèles, nos concitoyens.
« (...) Je suis carrément contre l'émigration, a conclu le patriarche. C'est pour cela que je ne cesse d'œuvrer pour l'arrêter ou la diminuer, et d'écarter les obstacles qui y poussent. À tous, à commencer par ma parenté, qui a quitté ma ville natale de Daraya (Syrie, lieu présumé de la révélation du Christ à saint Paul, sur la route vers Damas), je répète sans cesse : N'émigrez pas, prenez patience, fortifiez-vous, suivez l'exemple de vos concitoyens et frères musulmans ! Écoutez la voix de Jésus, et non la mienne ! Jésus nous dit : "N'ayez pas peur !" Je n'oblige personne à rester. Je n'ai contacté aucun consulat (contrairement à ce qu'on dit çà et là) pour empêcher d'accorder un visa vers tel ou tel pays. Mais je prêche, je parle et je conseille, en disant : Restez ici ! J'ai été applaudi, mais aussi critiqué, pour cette position. Je ne changerai pas de ligne. Car je veux rester ici, afin de manifester le Christ, ami des hommes, maintenant et demain. Et je veux que vous restiez, vous aussi. »

Le patriarche Grégorios III a publié samedi son message de Noël, dans lequel il invite les fidèles de son Église, et les chrétiens en général, à ne pas déserter l'Orient. « Sans les chrétiens, il n'y a pas d'arabité », a tranché le chef de l'Église grecque-melkite catholique, invitant les musulmans « à travailler pour l'islam authentique, loin de l'islam politique...

commentaires (2)

LE MONDE ARABE MUSULMAN A BESOIN DE NOUS, NE LE PRIVONS PAS DE NOTRE PRÉSENCE ET DE NOTRE TÉMOIGNAGE. LES RÊVES, CHER PATRIARCHE, NE SONT PAS DU DOMAINE DU RÉEL !!!

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 03, le 23 décembre 2013

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Commentaires (2)

  • LE MONDE ARABE MUSULMAN A BESOIN DE NOUS, NE LE PRIVONS PAS DE NOTRE PRÉSENCE ET DE NOTRE TÉMOIGNAGE. LES RÊVES, CHER PATRIARCHE, NE SONT PAS DU DOMAINE DU RÉEL !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 03, le 23 décembre 2013

  • "Les musulmans ont peur de l'expansion des groupes fondamentalistes "takfiris" ! (C'est quoi takfîrîh ?)" a dit léhhééém 3éééme, appelant "à travailler pour l'islam authentique, loin de l'islam salafiste et autre", a-t-il conclu. "Autre !", quel autre ? L'islam Fakîhiste my dear ? Un peu plus de précision pleaaase, léhhééém 3éééme of Dâraïyâh sis sœur-syrie !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 07, le 23 décembre 2013

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