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À La Une - Rapport

Tués, enlevés, incarcérés... 2013, année noire pour les journalistes

"La Syrie, la Somalie et le Pakistan confortent leur position parmi les cinq pays les plus meurtriers pour la profession".

Le 17 décembre 2013, le quotidien turc Milliyet a annoncé qu'un de ses photojournalistes, Bunyamin Aygun, a disparu en Syrie. AFP/ MILLIYET DAILY -

Soixante-et-onze journalistes ont été tués en 2013 en exerçant leur métier, selon le bilan annuel de Reporters sans frontières (RSF). En 2012, 88 journalistes avaient péri. Le bilan est en "légère baisse" (-20%), mais reste à "un niveau élevé", selon RSF.

"La Syrie, la Somalie et le Pakistan confortent leur position parmi les cinq pays les plus meurtriers pour la profession", indique RSF dans son bilan annuel des violations de la liberté de l'information. "Ils sont rejoints cette année par l'Inde et les Philippines, qui supplantent le Mexique et le Brésil".

Parmi les journalistes tués cette année, quatre sur dix ont été victimes de conflits, souligne RSF.

Les 71 journalistes tués en 2013 étaient en majorité issus de la presse écrite (37%), devant la radio (30%), et la télévision (30%). Seulement 3% étaient issus de plateformes d'information en ligne. Ils étaient de sexe masculin pour l'immense majorité d'entre eux (96%).

 

Le Comité pour la protection des journalistes fait lui aussi état d'un bilan noir, même s'il note une amélioration par rapport à 2012. Cette ONG basée à New York indique, pour sa part, que 52 journalistes ont été tués dans l'exercice de leur profession en 2013, contre 73 l'année dernière. Elle évoque 21 journalistes tués en Syrie, six en Egypte, cinq au Pakistan, quatre en Somalie, trois au Brésil, trois en Irak et deux autres au Mali et en Russie. La Turquie, le Bangladesh, la Colombie, les Philippines, l'Inde et la Libye ont chacun vu la mort d'un journaliste cette année.

 

RSF souligne par ailleurs que l'année a été marquée par une très forte augmentation du nombre de journalistes enlevés : 87 contre 38 en 2012. "L'immense majorité des cas répertoriés concerne le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (71), suivis de l'Afrique sub-saharienne (11). Selon RSF, 49 journalistes ont été enlevés en Syrie en 2013 et 14 en Libye.

 

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La violence et l'insécurité contraignent un nombre grandissant de journalistes à l'exil, note également RSF.  "La violence du conflit syrien a précipité le départ d'au moins 31 journalistes professionnels ou citoyens au cours de l'année 2013", peut-on lire dans le rapporte qui souligne notamment que certains de ces journalistes exilés sont "menacés par les milices pro Assad au Liban".

 

Par ailleurs, selon RSF, "au moins 178 journalistes sont emprisonnés à ce jour" dans le monde. "La Chine, l'Erythrée, la Turquie, l'Iran et la Syrie demeurent, comme en 2012, les cinq principaux geôliers du monde pour les journalistes", souligne RSF.

Le CPJ note, de son côté, que pour la deuxième année consécutive, la Turquie est le pays qui emprisonne le plus les journalistes, suivie de près par l'Iran et la Chine. Dans ces trois pays se trouve plus de la moitié des 211 reporters détenus dans le monde en 2013.

"Le fait de mettre des journalistes en prison est la marque distinctive d'une société intolérante et répressive", a jugé le directeur du CPJ, Joel Simon.

Au Vietnam, le nombre de journalistes en prison est passé de 14 en 2012 à 18 actuellement, dans la foulée d'une vague répressive visant les blogueurs, note l'ONG. "Il est préoccupant de voir le nombre de journalistes emprisonnés au Vietnam et en Egypte augmenter", a déclaré M. Simon. "Mais il est vraiment choquant que la Turquie soit le pays qui emprisonne le plus de journalistes pour la deuxième année consécutive".

Le nombre de journalistes emprisonnés en Syrie est passé de 15 l'an dernier à 13 cette année, selon le CPJ.

 

Le 11 décembre dernier, Reporters sans frontières et l'organisation Alkarama dénonçaient la décision du tribunal militaire de Beyrouth du 9 décembre 2013, condamnant Rami Aïcha à deux semaines de prison ferme. Le journaliste, déjà détenu pendant près d'un mois après son arrestation en 2012, est ressorti libre du tribunal. "Même si cette peine est courte et qu'elle a déjà été purgée, il est inquiétant que le tribunal militaire ne soit pas revenu sur le principe même de la condamnation du journaliste", ont rappelé Reporters sans frontières et Alkarama. Rami Aïcha avait été arrêté alors qu'il effectuait un reportage sur le trafic d'armes.

 

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