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Moyen Orient et Monde - Syrie

« Honorez la révolution qu’ils ont protégée et libérez-les »

Mobilisation des familles des deux journalistes espagnols kidnappés en Syrie pour préserver leurs vies et hâter leur libération.

Javier Espinosa (à gauche) et Ricardo Garcia-Vilanova ont été enlevés en septembre avec les quatre membres de l’Armée syrienne libre qui les escortaient. HO/AFP

Les familles de deux journalistes espagnols kidnappés depuis onze semaines dans le nord de la Syrie ont appelé hier, lors d'une conférence de presse à la Fondation Samir Kassir, à leur remise en liberté immédiate. Javier Espinosa, chef de bureau de El Mundo au Moyen-Orient, et Ricardo Garcia-Vilanova, photographe indépendant, ont été enlevés le 16 septembre à un barrage près de Tall Abiad avec les quatre membres de l'Armée syrienne libre qui les escortaient. Tous les six ont été amenés dans des bâtiments sous le contrôle de l'État Islamique de l'Irak et du Levant (EIIL), une organisation liée à el-Qaëda, à Raqqa.

Si les membres de l'escorte ont été libérés douze jours plus tard, les deux journalistes, eux, ont eu moins de chance. Et face au silence inquiétant de l'EIIL, qui refuse jusqu'à présent de négocier ou d'annoncer les conditions de leur libération, les familles des deux journalistes ont décidé d'appeler les ravisseurs à les relâcher. « Nous avons essayé en vain d'entrer en contact ou d'établir une médiation avec l'organisation islamiste. Nous sommes dans une impasse », a déclaré Monica G. Prieto, la femme de Javier Espinosa, elle-même journaliste indépendante primée pour son travail au Moyen-Orient.

Durant son intervention, Mme Prieto s'est adressée aux ravisseurs de son mari, leur rappelant que, depuis le début du conflit, les deux journalistes n'ont eu pour ambition que de rapporter la souffrance d'un peuple.

Espinosa et Garcia Vilanova, journalistes expérimentés, ont couvert, depuis plus de 25 ans pour le premier et 15 ans pour le second, les conflits internationaux, se concentrant ces dernières années sur les pays du printemps arabes jusqu'à se donner corps et âme à la Syrie. Monica Prieto a tenu à préciser que les deux reporters n'auraient jamais abandonné leur mission en Syrie. C'est ainsi qu'après avoir échappé de justesse à un bombardement à Baba Amr qui avait coûté la vie à deux de ses collègues, Javier Espinosa avait décidé de rester dans le périmètre des tirs jusqu'à l'évacuation totale des civils. « Quand je lui ai demandé de partir avant la chute de Homs, il m'a dit qu'il avait l'obligation de rester pour rapporter le plus fidèlement possible ce qui s'y passait. Je lui ai rappelé que nos enfants avaient besoin d'un père vivant, ce à quoi il m'a répondu que les enfants de Syrie avaient besoin de l'attention du monde entier », a ajouté Monica Prieto, dépeignant les traits d'un homme valeureux qui, malgré les risques du métier, s'était entièrement dédié à donner la parole aux victimes. « Nous avons mis votre tragédie avant notre propre vie », a-t-elle encore martelé à l'adresse des ravisseurs. « En tant que journalistes, a-t-elle ajouté, nous devons être à la hauteur de notre responsabilité. Mais vous, Syriens, avez aussi une responsabilité envers tous ceux, Arabes ou Occidentaux, qui ont pris votre défense. Javier et Ricardo ne sont pas vos ennemis. S'il vous plaît, honorez la révolution qu'ils ont protégée et libérez-les », a-t-elle conclu, espérant faire parvenir un message de paix et de liberté, message qu'a repris dans son discours Ayman Mhanna, directeur de SKeyes, le centre bien connu pour les médias et la liberté culturelle.

M. Mhanna a invité, par ailleurs, tout le monde à suivre la campagne pour la liberté de la presse #FreePressFreeSyria, car, pour lui, ces deux notions vont de pair : « Pas de stabilité, pas de réformes, pas de paix, pas de sécurité, pas de liberté et pas de démocratie en Syrie sans une presse libre de rapporter les souffrances d'un peuple sur tout le territoire », a déclaré M. Mhanna. Rappelant que la Syrie est actuellement l'endroit le plus dangereux au monde pour les journalistes avec plus de 55 journalistes tués et 30 autres professionnels portés disparus depuis le début du conflit, Ayman Mhanna a ajouté : « Aujourd'hui, nos pensées sont avec les familles de Samir Kassab, Bachar el-Qadoumi, Austin Tice, James Foley, Édouard Élias, Nicolas Hénin, Didier François, Pierre Torres, Marc Marginedas, Isaac Moctar, Konstantyn Zhuravlev, Magnus Falkehed, Niclas Hammaström et les dizaines d'autres journalistes, syriens et étrangers, détenus. »


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commentaires (3)

Et la remise en liberté immédiate des religieuses de Maaloula et les prêtres ne sont ils plus aussi à l'ordre du jour ?

Sabbagha Antoine

16 h 22, le 11 décembre 2013

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Commentaires (3)

  • Et la remise en liberté immédiate des religieuses de Maaloula et les prêtres ne sont ils plus aussi à l'ordre du jour ?

    Sabbagha Antoine

    16 h 22, le 11 décembre 2013

  • Qui connait la fable du scorpion et de la grenouille comprendra qu'il n'y a pas de "gentils mignons" et de "mechants" dans ce monde implacable , mais que des natures qu'on chassent mais qui reviennent au galop .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 41, le 11 décembre 2013

  • Ce drame me rappelle une conversation que j'avais eu avec la présidente de la fondation Samir Kassir au début de la "révolution" syrienne...je lui faisais part de mes craintes quant a la situation des chrétiens de Syrie et de ma conviction que l'islamisme radical s'y imposerait rapidement. Au final, on s’était promis de se rappeler cette conversation dans quelques années... Loin de moi l'intention de critiquer les syriens (je suis moi-même d'origine alépine), mais tous les ingrédients étaient la pour que l’intégrisme prenne le dessus...le financement de certains pays amis

    Kaldany Antoine

    06 h 19, le 11 décembre 2013

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