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Liban - La bonne nouvelle du lundi

Au Liban, une initiative recyclage intelligente et design

Coupures d'électricité, crise économique, malaise social, clivages politiques accrus, tensions communautaires... Face à l'ambiance générale quelque peu délétère, « L'Orient-Le Jour » se lance un défi : trouver une bonne nouvelle chaque lundi.

Les bouteilles jetées transformées en lampes de chevet.

Chaque année, 70 millions de bouteilles en verre brun ou vert finissent dans les décharges libanaises. Pour remédier à cet énorme gâchis, Ziad Abichaker, qui aime à se présenter comme un « amoureux des poubelles », vient de lancer la Green Glass Recycling Initiative. L'idée : recycler les bouteilles en verre pour en faire des objets à la fois design et abordables, et en bonus, sauver la tradition des souffleurs de verre.
Ziad Abichaker n'est pas un néophyte en matière de recyclage. Via sa compagnie Cedar Environnemental, il a créé 10 usines de triage et de recyclage des déchets ménagers à travers le Liban-Sud.


« Avant 2006, nous vendions les bouteilles en verre brun et vert à une usine dans la Békaa qui en fabriquait de nouvelles qu'elle revendait ensuite à la brasserie Almaza et à l'industrie vinicole. Cette usine achetait toutes les bouteilles disponibles sur le marché du recyclage local. Mais elle a été détruite par l'aviation israélienne pendant la guerre de juillet 2006 et jamais reconstruite. L'entreprise indienne à qui elle appartenait a refusé de la remettre en état car cela demandait un capital exorbitant pour une région instable et toujours à risques », explique l'ingénieur environnemental.


Résultat, Ziad Abichaker et sa compagnie se retrouvent avec 50 à 60 tonnes de verre brun et vert sur les bras. En plus, Almaza achète désormais ses bouteilles vides d'Arabie saoudite, explique Ziad Abichaker.
C'est en 2010 qu'une idée commence à germer dans la tête de l'ingénieur, pour recycler ces tonnes de verre : aller vers l'artisanal et le design. Il entre alors en contact avec Hussein Khalifé, le « dernier souffleur de verre » du Liban.


« Quand je suis allé voir Hussein Khalifé à Sarafand, il m'a dit qu'il envisageait de fermer boutique, faute de clients. Pourtant le verre soufflé est une tradition, du pays d'abord, puisque la technique y a été inventée par les Phéniciens, mais aussi dans la famille de Hussein Khalifé. L'art du verre soufflé se transmet dans sa famille de génération en génération depuis 300 ans », explique l'ingénieur.


Pour que l'idée se concrétise, il faut toutefois mettre en place une mini-infrastructure pour casser les bouteilles, car le transport de bouteilles intactes coûte cher. Cela fait, Ziad Abichaker fournit à l'artisan la matière première (les morceaux de verre) et les designs (réalisés par l'équipe de Cedar Environnemental). Il lui achète ensuite le produit fini : des verres colorés, carafes, vases et lampes de chevet.
Aujourd'hui, le souffleur de verre, qui produisait des pièces au design vieillot à des prix élevés et finalement vendait peu, a du travail à foison. L'ingénieur lui a déjà passé deux commandes, l'une de 900 pièces, la 2e de 1 680 pièces. Et Hussein Khalifé est en train de préparer la 3e commande, d'au moins 3 000 pièces.
« On a quasiment tout vendu. Nos créations disparaissent comme des petits pains, car elles sont bon marché et ont un design minimaliste et moderne. Une cliente en Suisse a même acheté 70 pièces pour les vendre là-bas. Nous essayons de faire du verre soufflé un produit de marque accessible à tous. »


Les créations de la Green Glass Recycling Initiative sont disponibles dans plusieurs points de vente à travers Beyrouth : Altcity (Hamra), Plan Bey et Tawlet (Mar Mikhaël).
L'ingénieur affirme avoir déjà écoulé 10 tonnes de verre cassé. « Les 40 tonnes qui restent seront écoulées d'ici à deux ans, espère-t-il. Et nous pouvons sans problème absorber le débit des bouteilles que nous continuons à trier dans nos usines. »


Cerise sur le gâteau, l'entreprise rentre dans ses frais. « Nous payons les frais d'emballage (en papier recyclé libanais), d'imprimerie, de la matière première (base des lampes et installation électrique). L'argent qui reste, nous le donnons à Hussein Khalifé, afin qu'il prenne beaucoup de notre verre cassé ! »


Quant à l'engagement de l'État dans la préservation de l'environnement et la gestion des déchets, Ziad Abichaker se veut sans illusions. « Nous avons une approche totalement indépendante du secteur public qui est, à mon avis, une entité mourante. Le seul espoir de salut pour ce pays réside dans le secteur privé, qui doit s'engager à sauver cette société et ne pas se limiter à vouloir faire de l'argent à tout prix, comme si demain n'existait pas. »

 

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commentaires (2)

À QUAND LE RECYCLAGE DE L'ABRUTISSEMENT POLITIQUE ?

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 08, le 16 décembre 2013

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Commentaires (2)

  • À QUAND LE RECYCLAGE DE L'ABRUTISSEMENT POLITIQUE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 08, le 16 décembre 2013

  • Bravo pour l'initiative de Ziad Abichaker et son esprit créatif et surtout bonne chance .

    Sabbagha Antoine

    09 h 38, le 16 décembre 2013

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