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Moyen Orient et Monde - Afrique du Sud

Dernier tête-à-tête entre Mandela et son peuple

Haute sécurité et préparatifs à Qunu avant les funérailles dimanche du Nobel de la paix.

D’impressionnantes photos aériennes montrent les serpentins humains, formant boucles et déliés, en trois points de rassemblements disséminés dans Pretoria. La foule a patienté pendant des heures hier pour pouvoir passer quelques secondes le long du cercueil de Mandela. Jacoline Prinsloo/GCIS/AFP

Un flux ininterrompu de Sud-Africains, partagés entre tristesse et fierté, a défilé hier en silence à Pretoria devant le cercueil semi-ouvert de Nelson Mandela, rendu à son peuple pour une ultime rencontre en tête à tête de trois jours. En fin de matinée, les autorités faisaient état de 20 000 personnes dans les files d'attente, après les 14 000 visiteurs de la veille.


La foule a patienté pendant des heures pour pouvoir passer quelques secondes le long du cercueil, et adresser in petto un dernier message de remerciement ou d'adieu à son héros. « Maintenant je réalise vraiment qu'il est mort », a commenté émue Queen Motaung (60 ans), en sortant du siège de la présidence sud-africaine, Union Buildings, où la dépouille est exposée jusqu'aujourd'hui. Une femme âgée a provoqué un instant d'émotion, en se précipitant vers le petit-fils de Nelson Mandela, Mandla, posté près du cercueil, pour lui étreindre les mains, a rapporté l'agence sud-africaine SAPA. Dans les bras de la policière qui l'a écartée, elle sanglotait : « Qu'allons-nous devenir maintenant qu'il est parti ? Que va devenir cette nation ? »
Quelques étrangers mêlaient leur émotion à celle des Sud-Africains. Parfois venus de très loin, comme Linda Koch, une retraitée américaine qui avait fait le voyage uniquement pour rendre hommage à son idole. « Tous les pays ont leurs problèmes de différences, y compris le mien. (...) J'ai passé quarante ans à dire à mes élèves qu'il est important de chérir les différences, il était donc logique que je vienne », a dit cette ancienne coprésidente d'université.

 

Fausse photo
D'impressionnantes photos aériennes montraient les serpentins humains formant boucles et déliés en trois points de rassemblements disséminés dans la capitale. Elles évoquaient les files d'attente formées dans tout le pays en 1994 lors des premières élections démocratiques, qui avaient porté au pouvoir le parti de la lutte antiapartheid, le Congrès national africain (ANC), et son leader Mandela à la présidence. La procession de visiteurs défilait à un rythme bien plus soutenu que la veille, jetant un regard furtif au père de la nation, sous l'œil de militaires en uniforme d'apparat, qui veillaient à ce que personne ne s'arrête devant la dépouille ou ne photographie le grand homme.


Mais il n'empêche qu'une photo, censée représenter Nelson Mandela sur son lit de mort, circule depuis hier sur Internet. Il s'agit d'une capture d'écran, car un curseur de souris est visible au milieu du visage. C'est probablement un faux, l'image ressemblant trait pour trait à un cliché pris par un photographe de l'AFP en 1991. Quoi qu'il en soit, le gouvernement a demandé au public de ne pas regarder le cliché et « de l'effacer de son historique ». Le gouvernement répète que, conformément aux souhaits de la famille, il ne diffusera aucune photo de la dépouille du grand homme. De leur côté, les internautes ont critiqué le cliché, le jugeant « honteux » et « manquant totalement de respect ».

 

« Mon cœur est brisé »
À l'intérieur du cercueil, Nelson Mandela, vêtu d'une de ses traditionnelles chemises à motifs de ton marron, avait les yeux clos, le visage détendu. Les six derniers mois de maladie n'avaient pas laissé de trace visible. Certaines personnes arboraient un drapeau sud-africain, d'autres les couleurs noir, vert et or de l'ANC. Quelques-unes avaient opté pour un noir de circonstance. Une personne en costume de Superman s'était perdue dans la foule. Une fois passés près du corps, beaucoup avaient du mal à contenir leurs larmes. Des fauteuils roulants étaient à la disposition des plus secoués. « Mon cœur est brisé », a commenté Anita Bodiba (35 ans), jugeant : « C'est lui qui nous a unis, nous les Sud-Africains, Blancs, Noirs, Indiens. »


À la tête de l'État, Nelson Mandela avait opté pour le pardon et la réconciliation, multipliant les gestes en direction de ses anciens oppresseurs, notamment en endossant le maillot de l'équipe de rugby, les Springboks adulés par les Blancs, lors du Mondial 1995. Son corps sera transféré demain dans le Cap oriental, sa province natale, avant l'inhumation dimanche à Qunu, le village de son enfance. En prévision des obsèques, des ouvriers s'affairaient hier à monter un large chapiteau blanc d'une capacité de 5 000 places dans ce village rural, situé à un millier de kilomètres au sud de Johannesburg. L'accès au site est strictement réservé aux proches du Nobel de la paix. Militaires et policiers patrouillaient le village, où Mandela s'était fait construire une résidence à sa libération après 27 ans dans les geôles du régime raciste. L'armée a également pris le contrôle de l'aéroport le plus proche, dans la petite ville de Mthatha, qui verra se poser une centaine d'appareils au cours du week-end.


Par ailleurs, à Madagascar, le deuxième débat télévisé précédant le second tour de l'élection présidentielle du 20 décembre a été marqué, mardi soir, par un hommage à Mandela, avant de revenir aux affrontements politiques locaux. « Dans le contexte particulier de Madagascar, je le prends pour modèle », a déclaré Hery Rajaonarimampianina, le candidat de l'actuel homme fort de la grande île, Andry Rajoelina. « C'est un saint homme pour l'Afrique », a renchéri son adversaire Robinson Jean Louis, le candidat de Marc Ravalomanana, renversé par M. Rajoelina en 2009.

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