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Bahij Jaroudi, artiste des âmes écorchées

Un subtil humour noir se distille puis s'épanouit d'un dessin à l'autre. Rire jaune, rire tout court, en tout cas dessins qui ne laissent pas indifférent.

Au dernier Talk20 de l'AUB, occasion annuelle pour des artistes visuels de montrer leur travail, Bahij a expliqué pourquoi il commençait toujours par dessiner le nez et non les yeux. « Tout se joue après le dessin du nez », assurait-t-il alors, « absolument tout ».
Au centre de ce nez glorieux, pivotent ses personnages gauches, chiffonnés, dont les traits plissés font penser à de pauvres mouchoirs utilisés, en proie à un quotidien absurde, drôle, teinté de sarcasme et d'ironie. Regards blasés, yeux emplis de désespoir, ils fument, s'alcoolisent, s'aiment, se détestent, mais ne vieillissent jamais vraiment. « Je suis resté fidèle à l'enfant en moi, avec lequel je suis toujours en contact et qui me guide dans chacun de mes dessins », affirme l'artiste.
Son net penchant pour l'humour noir le poursuit depuis l'enfance, avec une passion pour les « Looney Tunes » dont il tente dèjà de reproduire les personnages phares. Caractères à la fois subtils et excessifs. Bahij aime l'exagération. « Je commence toujours un personnage et une atmosphère avec un grand contraste de formes ou de couleurs, en gardant à l'esprit qu'une fine ligne sépare l'exagération du lisible et qu'il faut trouver le juste milieu », explique-t-il.

Entre Beyrouth et Londres
Diplôme de graphisme en poche, obtenu de la LAU, Bahij se tourne vite vers ses passions initiales que sont le dessin et l'animation d'images. Repéré à la faculté, il a l'opportunité de travailler d'emblée dans le département d'animation de la Future TV, où il réalise des courts métrages d'animation. « C'était une expérience riche et très instructive, mais au bout d'un moment, j'ai senti que j'avais besoin d'un peu de temps seul pour mon évolution artistique personnelle. » Bahij s'inscrit alors en master d'animation à l'Université de Kingston, à Londres, en 2009. « J'ai eu la chance de me trouver dans un environnement où les gens étaient des mordus de dessin et d'animation. Le stress ne faisant plus partie de mon quotidien, j'ai pu jeter un regard neuf autour de moi et permettre à mon obsession du dessin de s'épanouir, ce qui m'a rendu extrêmement productif. »
À Londres, il affine son style. « Les formes ont commencé à m'intéresser, ainsi que le passage de l'abstraction au concret. Pour moi, être un artiste est un processus d'élimination ou d'épuration. On affine puis on jette ce qui est superflu », confie-t-il.
De retour au Liban, il travaille sur ses propres films d'animation, mais aussi avec des maisons d'édition pour la jeunesse. « La plupart des livres destinés aux enfants se ressemblent. J'avais envie de faire quelque chose de politiquement incorrect, tout en gardant à l'esprit que c'est un enfant qui va le lire. »
Bahij publie régulièrement sur son blog –
http://bahijj.blogspot.com – ses dessins et animations, dont les personnages, écorchés vifs, arrachent toujours un sourire ou un haussement de sourcils.

 

Au dernier Talk20 de l'AUB, occasion annuelle pour des artistes visuels de montrer leur travail, Bahij a expliqué pourquoi il commençait toujours par dessiner le nez et non les yeux. « Tout se joue après le dessin du nez », assurait-t-il alors, « absolument tout ».Au centre de ce nez glorieux, pivotent ses personnages gauches, chiffonnés, dont les traits plissés font penser à de...

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