Ne pas taquiner les dieux

À l'époque hellénique et romaine, le citoyen craignait les dieux, leur volonté, leur colère. Il ne fallait pas les contrarier, mais leur faire des offrandes pour s'assurer de leur protection. Icare avait pourtant désobéi, dérogeant ainsi à cette règle. Il s'était ainsi brûlé les ailes en voulant trop se rapprocher du soleil. Prométhée, lui, pour avoir voulu voler le savoir divin, s'est attiré la colère de Zeus, qui l'enchaîna sur le mont Atlas. Mais voilà, nous ne sommes plus à ces époques-là et Dieu n'est plus ce divin vengeur et justicier. À part cela, les hommes oublient souvent qu'ils sont juste humains et « mortels ». Certes, ils sont devenus puissants car la technologie leur a procuré ce sentiment d'invulnérabilité et ils se sont vu « pousser des ailes » tout comme Icare. Mais tout-puissants ? Ah que nenni ! Défiant les cieux et ne craignant pas la main du destin, ils vont souvent au-devant de leur sort, le narguant par instants.
C'est ainsi que samedi dernier, sur une route californienne, l'acteur Paul Walker – qui s'est fait connaître par son rôle dans le film Fast and Furious et dont il tournait le septième opus auprès de son ami Vin Diesel – a connu un sort tragique. Lui qui au volant de ses bolides presque supersoniques traverse l'écran sans une égratignure s'est retrouvé victime de cette carcasse de ferraille.
Les accidents d'autos sont très nombreux diriez-vous et il n'y a rien de plus commun en ces jours où la vitesse est reine. Mais c'est justement parce qu'il était l'acteur de ce film qui prônait cette vitesse, la banalisait jusqu'au point où le spectateur n'y voyait plus aucun danger, que la mort du comédien est chargée de sens. Les Grecs et les Romains avaient raison. Il ne faut pas taquiner les dieux !