Les obsèques de Hassan al-Lakiss one eu lieu mercredi 4 décembre 2013 à Baalbeck. Mohamed Azakir/Reuters
Israël a mis en garde mercredi le Hezbollah contre toute attaque visant son territoire après avoir démenti les accusations du mouvement chiite libanais lui imputant l'assassinat d'un de ses chefs près de Beyrouth.
"Si le Hezbollah se livre à une attaque contre le territoire israélien, notre réplique sera ferme et douloureuse", a prévenu à la radio militaire le vice-ministre de la Défense, Danny Danon.
Le Hezbollah, ennemi juré d'Israël, a accusé ce pays d'avoir assassiné Hassan Hawlo al-Lakiss, un leader du Hezbollah et proche collaborateur de son chef Hassan Nasrallah abattu mardi soir par balles devant sa maison dans la localité de Hadath, à l'est de Beyrouth.
"L'accusation directe est dirigée contre l'ennemi israélien qui a tenté d'éliminer notre frère martyr à maintes reprises mais ses tentatives avaient échoué jusqu'à hier soir", a dit le Hezbollah. "Cet ennemi doit assumer l'entière responsabilité et les conséquences de ce crime ignoble". Son assassinat est intervenu mardi vers minuit, peu de temps après une interview télévisée du chef du parti.
Faisant écho au Hezbollah, le président Michel Sleiman a également accusé Israël d'être responsable de l'assassinat du leader du Hezbollah. "L'assassinat de Lakiss fait partie des plans israéliens visant à semer la discorde confessionnelle" au Liban, a déclaré M. Sleiman dans un communiqué.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Yigal Palmor et le ministre de l'Energie Sylvan Shalom ont démenti toute implication d'Israël. "Israël n'a rien à voir avec cela", a déclaré à l'AFP Yigal Palmor. "C'est encore un réflexe pavlovien du Hezbollah qui lance des accusations automatiques avant même d'avoir pu se rendre compte de ce qui s'est passé".
Interrogé sur les accusations du Hezbollah, M. Danon a refusé de confirmer ou de démentir. "Nous ne réagissons pas à ce genre d'allégation", s'est-il borné à affirmer.
Le vice-ministre a par ailleurs estimé que cette disparition était "un coup dur pour le Hezbollah. "Il occupait une position équivalente à celle d'un général israélien qui aurait été à la fois responsable de la recherche, du développement et de l'approvisionnement en armes".
La radio de l'armée a indiqué que les responsables militaires n'excluaient pas une attaque du Hezbollah à la frontière israélo-libanaise après la mort du cadre du Hezbollah.
Revendications
Mercredi à la mi-journée, un groupe se faisant appeler la "Brigade des sunnites libres de Baalbeck" a revendiqué l'assassinat. "La Brigade des sunnites libres de Baalbeck a mis en garde Nasrallah contre la prise des sunnites pour cible avec pour objectif de prendre le contrôle du Liban", affirme le groupe encore inconnu sur son compte Twitter. "Nous avons à plusieurs reprises mis en garde contre les exactions et les arrestations dont sont victimes les sunnites à Baalbeck de la part des chabihhas du Hezbollah", ajoute le groupe dans un arabe approximatif. "A partir d'aujourd'hui, les mosquées des sunnites ne seront plus violées à Baalbeck", poursuit encore la Brigade des sunnites libres.
لواءأحرار السنة بعلبك:حذرنا نصر الات من وضع أهل السنة في بنك أهدافه الداعم للمشروع الصفوي الهادف إلى الهيمنة على لبنان
— لواءاحرارالسنة بعلبك (@Ahrarsunab3lbek) December 4, 2013
Quelques heures plus tard, un autre groupe baptisé la "Brigade des partisans de la nation islamique" (Katibat Ansar al-Oumma al-Islamiya) a également revendiqué l'assassinat.
Dans un communiqué envoyé à plusieurs médias libanais, la "Brigade des partisans de la nation islamique" affirme que cet assassinat s'inscrit dans le cadre d'une opération baptisée "Invasion de la banlieue sud (de Beyrouth)", (fief du Hezbollah, ndlr). "Les héros ont réussi à infiltrer la banlieue sud pour éliminer Hassan al-Lakiss, l'un des principaux responsables du massacre de Qoussair", souligne le texte.
Des centaines de combattants du Hezbollah sont engagés au côté des forces de Bachar el-Assad en Syrie et ont joué ces derniers mois un rôle clé dans plusieurs batailles, dont la prise de Qoussair, dans la province de Homs, près de la frontière libanaise.
Selon le communiqué du Hezbollah, al-Lakiss est membre du parti depuis la création du mouvement. Son fils a été tué lors de la guerre de 2006 contre Israël.
D'après la LBC, au moins trois personnes ont attaqué le responsable du Hezbollah et l'ont abattu de plusieurs balles alors qu'il se trouvait toujours à l'intérieur de sa voiture, une Jeep Cherokee, devant sa maison. Les obsèques ont eu lieu mercredi à Baalbeck.
Plusieurs attentats anti-Hezbollah
Cet assassinat intervient alors que le Hezbollah a été la cible de plusieurs attentats en relation avec son engagement aux côtés des troupes de Bachar el-Assad en Syrie.
Le 9 juillet, un attentat a été perpétré à Bir el-Abed, un fief du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth, faisant un tué et des dizaines de blessés. Le 15 août, 27 personnes ont été tuées dans un attentat à la voiture piégée à Roueiss, également dans la banlieue sud de Beyrouth. Ces attentats ont été revendiqués par des groupes jihadistes disant répondre à l'engagement du Hezbollah aux côtés du régime syrien. Hassan Nasrallah a accusé les "extrémistes" musulmans en Syrie d'être à l'origine de ces attaques.
Le 19 novembre dernier, l'ambassade d'Iran à Beyrouth, dans un quartier résidentiel du sud de Beyrouth à majorité chiite, a été visée par un double attentat suicide faisant au moins 23 morts et près de 150 blessés. Il s'agissait là de la première attaque visant l'Iran, principal parrain du Hezbollah, depuis le début du conflit en Syrie.
L'Iran a, dans un premier temps, accusé Israël d'être responsable de ce double attentat, qui a notamment causé la mort de l'attaché culturel iranien. L'opération a toutefois été revendiquée par un groupe lié à el-Qaëda, les brigades Abdallah Azzam. Lors de son interview mardi soir, Hassan Nasrallah a notamment insinué que les services secrets de l'Arabie saoudite pourraient être impliqués dans le double attentat contre l'ambassade d'Iran.
Le secrétaire général de l'Alliance du 14 Mars, Farès Souhaid, a condamné mercredi l'assassinat de Hassan al-Lakkis près de Beyrouth. "Nous rejetons l'assassinat de toute personne. Il s'agit d'un acte lâche et nous le condamnons", a affirmé M. Souhaid dans un Tweet.
Le dernier assassinat d'un leader du parti chiite remonte à 2005, quand Imad Moughniyé, chef militaire du Hezbollah, était mort dans l'explosion de sa voiture à Damas. Avant cela, en 1992, des hélicoptères israéliens avaient ouvert le feu sur un convoi dans lequel se trouvait Cheikh Abbas Moussaoui, précédesseur de Hassan Nasrallah à la tête du parti chiite. Le responsable avait été tué ainsi que son épouse, son tout jeune fils et quatre gardes du corps. En 1984, un autre leader du Hezbollah, Cheikh Ragheb Harb, avait été abattu au Liban-Sud.
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commentaires (5)
PAUVRES CIVILS CHÏÏTES OU NON-CHÏÏTES LIBANAIS DE CE SUD LIBANAIS....
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
12 h 41, le 05 décembre 2013