Réactions quasi unanimes : l’indépendance vit des jours dangereux

« La fête de l’Indépendance se déroulera cette année à l’ombre d’une crise politique dont les conséquences menacent la structure nationale et ses bases qui ont été fondées par les pères de l’indépendance ». C’est ce qu’a déclaré hier le Premier ministre désigné, Tammam Salam, dans une allocution préparée à l’occasion de la fête. « Soixante-dix ans après l’acquisition de l’indépendance, l’entité libanaise se retrouve face à de réels dangers dus aux conflits sur les constantes nationales, à la vision (des différentes parties) sur le rôle du Liban et sa place dans la région », a affirmé M. Salam qui a estimé que les antagonismes ont fini par aboutir à « une tension sans précédent dans le discours politique qui s’est traduite par une paralysie du mécanisme démocratique et des institutions constitutionnelles ».
Pour le Premier ministre désigné, la seule issue pour sortir de la crise est de « revoir les concepts nationaux fondamentaux », et à leur tête la convivialité qui se trouve au cœur du pacte national. Et de poursuivre : « Les explosions itinérantes qui se sont récemment produites ont démontré les risques auxquels doit s’attendre le Liban si le langage de la violence venait à primer sur celui de l’entente nationale. » M. Salam a mis en garde contre toute tentative d’aborder la crise en dehors des règles constitutionnelles, tentative non seulement vouée à l’échec, a-t-il dit, mais qui risque aussi de se répercuter négativement sur le Liban.
Dans la journée, lors d’un déjeuner organisé au BIEL pour la même occasion, la députée Bahia Hariri a déclaré pour sa part : « Nous avons tenu à célébrer cette date pour affirmer que le Liban est notre premier et dernier choix, et pour insister sur les principes des droits et des devoirs. Le fait de ne pas pourvoir obtenir nos droits nationaux ne nous permet guère d’ignorer nos devoirs. » La députée a tenu à rendre hommage au chef de l’État « pour son sens de la responsabilité et son attachement à ce qui reste de la souveraineté et de l’indépendance du pays ».
L’invitation à promouvoir la neutralité du Liban a été exprimée par le cheikh Akl druze, Naïm Hassan, qui a constaté à son tour l’ampleur des dangers qui entourent le pays et qui menacent sa stabilité, « une situation on ne peut plus inquiétante », a-t-il dit. Exhortant les citoyens à faire preuve de sagesse, il a pressé par la même occasion les responsables politiques à épargner au pays la tragédie des conflits meurtriers et à consolider l’unité nationale en préservant la coexistence et le pluralisme.

Les hommes de l’indépendance honorés
Représentant le président du Parlement, Nabih Berry, à une exposition intitulée « Liban, l’État et l’indépendance », le député Ali Bazzi a prononcé une allocution dans laquelle il a rappelé comment les hommes de l’indépendance ont pavé la voie à la République, estimant que les formules en place, le pacte national notamment, devaient s’accompagner d’un élargissement de la participation de tous les citoyens à la vie publique. « Il faut désormais se rendre à l’idée que personne ne peut monopoliser à lui seul les décisions nationales », a-t-il dit. Le député a énuméré les constantes nationales qui consistent à réaffirmer qu’« Israël constitue le seule menace permanente pour l’existence et l’avenir du Liban », et que « nous sommes appelés, en tant que libanais, à faire en sorte que notre pays devienne une plate-forme pour le dialogue des cultures et des religions ». Également parmi ces constantes, « la nécessité de faire échec à la discorde communautaire » et d’aspirer à « un pays qui doit s’ériger en exemple pour incarner les droits de l’homme », a-t-il dit. Le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, a insisté, de son côté, sur la nécessité de relancer au plus tôt le dialogue pour contrer les dangers qui guettent la nation.
Comme le veut la tradition, des gerbes de fleurs ont été déposées au pied des tombes respectives des hommes de l’indépendance.
Au nom du président de la République, du Premier ministre sortant et du chef du Parlement, le vice-Premier ministre sortant, Samir Mokbel, s’est rendu au mausolée de l’ancien Premier ministre assassiné, Rafic Hariri, où il a déposé une gerbe de fleurs. Il a fait de même en se rendant au pied de la statue de l’ancien chef de gouvernement Riad Solh.
Également aux noms du chef de l’État, du Premier ministre sortant et du président du Parlement, le député Ali Khreiss a été chargé de déposer une gerbe de fleurs sur la tombe de l’un des hommes de l’indépendance, Adel Osseirane, à Saïda el-Fawka, en présence de son fils, le député Ali Osseirane.
Des gerbes ont également été déposées sur les tombes de Béchara el-Khoury, Camille Chamoun, Magid Arsalane, Habib Abou Chahla, Fouad Chéhab, Sabri Hamadé, Hamid Frangié, Saëb Salam, Pierre Gemayel, Adnan Hakim, Abdel Hamid Karamé et Salim Takla, qui sont les grandes figures de l’histoire contemporaine libanaise.

La Grande-Bretagne « fière » d’aider le Liban et son armée