Les brigades Abdullah Azzam, un groupe lié au réseau islamiste el-Qaëda, ont revendiqué, via le compte Twitter du guide spirituel de l'organisation, le double attentat commis mardi contre l'ambassade d'Iran à Beyrouth.
"Les brigades Abdullah Azzam (...) sont à l'origine de l'attaque contre l'ambassade d'Iran à Beyrouth. Il s'agit d'une double attaque pour laquelle deux de nos héros, des sunnites du Liban, sont tombés en martyrs", a dit le cheikh Sirajeddine Zuraiqat sur le réseau social. "Les opérations vont se poursuivre jusqu'à ce que le parti d'Iran (Hezbollah, ndlr) retire ses combattants de Syrie", écrit-il encore. Il exige aussi la libération de "nos partisans des prisons de l'injustice au Liban".
L'attentat a été perpétré peu après 9h30, dans la banlieue-sud de Beyrouth. Une double explosion a eu lieu dans le quartier à majorité chiite de Bir Hassan, devant l'ambassade d'Iran. Il s'agit du troisième attentat visant un bastion du Hezbollah, puissant parti armé combattant en Syrie auprès des troupes de Bachar el-Assad, et dont le principal parrain est Téhéran.
Au moins 23 personnes ont été tuées et 146 blessées, selon le dernier bilan donné par le ministère de la Santé. Parmi les morts figure l'attaché culturel iranien, cheikh Ibrahim Ansari, a confirmé l'ambassadeur d'Iran au Liban, Ghazanfar Rokn-Abadi. "Il entrait dans les bâtiments de l'ambassade quand l'explosion s'est produite. Il a été grièvement blessé puis est décédé à l'hôpital", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale libanaise.
En 2013, dans nos colonnes, un responsable politique connaisseur des organisations jihadistes faisait état de l’existence de deux groupes distincts œuvrant sous la même appellation des Brigades Abdallah Azzam (du nom d’un Palestinien jihadiste ayant combattu les troupes américaines en Afghanistan et au Pakistan, où il a été tué). Le premier groupe serait un groupe clandestin, fondamentalement jihadiste, et le second serait affilié au Front populaire de libération de la Palestine-commandement général d’Ahmad Jibril, qui travaille pour le compte des services de renseignements syriens. Cette organisation est basée au Liban dans trois camps de réfugiés palestiniens, Naamé, Koussaya et Bourj al-Barajné.
L'armée libanaise a confirmé qu'il s'agissait d'un double attentat. "La première explosion est due à un kamikaze qui conduisait une moto et s'est fait exploser, la deuxième est due à un autre kamikaze, conduisant un 4x4 et qui s'est fait exploser lui aussi", a indiqué l'armée dans un communiqué.
Plusieurs témoins interviewés par L'Orient-Le Jour sur les lieux du drame avaient fait état de deux explosions. Dans un premier temps, disent les témoins, un homme à moto s'est fait exploser. Les agents de sécurité de l'ambassade ont alors tiré vers une voiture suivant l'homme à moto. La voiture aurait alors explosé.
View Liban : Explosion près de l'ambassade d'Iran à Beyrouth in a larger map
Sur les lieux de l'attentat, les dégâts sont considérables, rapporte l'envoyée spéciale de L'Orient-Le Jour. Les façades de plusieurs immeubles sont fortement endommagées, les balcons sont carrément tombés, les vitres ont été soufflées sur un kilomètre à la ronde, les stores arrachés.
Juste après les explosions, les chaînes de télévision ont montré des voitures en feu, des corps calcinés et des personnes blessées et choquées.
Deux heures après l'attentat, la correspondante de L'Orient-Le Jour évoquait un "calme presque étrange" sur les lieux de l'attentat perpétré dans un quartier plutôt cossu. Un quartier complètement bouclé, deux ou trois cordons de sécurité ont été installés autour du lieu des explosions. Des hommes du Hezbollah en brassard jaune tentaient également d'empêcher les témoins de parler.
Une victime est évacuée.REUTERS/Hasan Shaaban
Cet attentat intervient alors que la guerre civile en Syrie, voisine du Liban, a accentué les tensions entre les sunnites et les chiites, en particulier le Hezbollah, allié de l'Iran, qui s'est engagé à combattre aux côtés de Damas aussi longtemps que nécessaire.
Jeudi 15 novembre, à l'occasion des commémorations de Achoura, le chef du Hezbollah, allié indéfectible a ainsi affirmé que son puissant parti armé poursuivrait son combat contre les rebelles et takfiristes aux côtés de l'armée de Bachar el-Assad. "Notre présence en Syrie vise à défendre le Liban, la Palestine et la Syrie qui est la colonne vertébrale de la résistance. Tant que les raisons de notre présence en Syrie existeront, nous y resterons", a martelé le dirigeant chiite.
(Lire aussi : L'Iran accuse Israël d'être responsable de l'attentat de Beyrouth)
Peu après l'attentat. Photo Reuters
Multiplication des attentats
La banlieue-sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah, a déjà été secouée par deux attentats l'été dernier, le premier à Bir el-Abed le 9 juillet a fait 50 blessés et le second à Roueiss le 15 août a fait 27 morts.
Un groupuscule syrien inconnu a revendiqué ces attentats, disant riposter à l'implication du Hezbollah dans les combats aux côtés du régime syrien.
Le 26 mai dernier, deux roquettes Grad de 122 mm avaient en outre explosé dans la banlieue-sud de Beyrouth. L’un des engins avait atteint un parc de voitures situé près de l’église Mar Mikhaël, l’autre dans le quartier Maroun Misk, blessant quatre personnes – des ressortissants syriens – et provoquant des dégâts matériels.
Le 23 septembre dernier, un plan sécuritaire a été mis en place dans la banlieue-sud de Beyrouth et l’armée libanaise et les Forces de sécurité intérieure (FSI) se sont déployées dans cette région pour remplacer les miliciens du Hezbollah.
A la mi-octobre, les forces de sécurité avaient annoncé, à la veille de la fête de l’Adha, avoir découvert une voiture bourrée d’explosifs dans un quartier très fréquenté de la banlieue sud, garée sur le bas-côté de la route et prête à exploser.
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La donne a change en Syrie, grace au Hezbollah. Vu que le regime gagne du terrain sur les rebelles - a savoir les takfiristes et les jihadistes - ceux-ci se vengent en frappant le fief du Hezbollah, ce qui n'est pas dans leur interet puisque d'"opprimes sous la dictature de Assad", ils sont tout simplement devenus des terroristes aux yeux du monde (ils l'etaient deja avant, mais il n'y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Evidemment je parle des takfiristes et jihadistes et non des rebelles syriens qui luttaient contre le regime pour une noble cause et qui ont tout laisse tomber et qui cherchent a emigrer car ils ont tout compris...).
17 h 06, le 19 novembre 2013