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Moyen Orient et Monde - Environnement

Climat : Le sommet de Varsovie semble étranger aux urgences de la planète

Au 19e sommet pour le changement climatique qui se tient actuellement à Varsovie, la seconde semaine commence sous le signe de la confusion.

Le réchauffement climatique entraîne une aggravation des périodes de sécheresse, comme ici en Chine. Photo AFP

La catastrophe du typhon le plus puissant jamais enregistré aux Philippines, il y a quelques semaines à peine, montre bien que la planète attend une solution radicale aux perspectives de changement climatique. Mais une semaine de sommet en Pologne aura suffi à prouver que les décisions d’ampleur mondiale tardent à se concrétiser.


À un jour de l’arrivée des ministres des pays membres de la Convention des Nations unies sur le changement climatique (UNFCCC), une atmosphère d’attente planait hier sur l’immense Stade national de Varsovie, où a lieu le 19e sommet des Nations unies sur le changement climatique depuis le 11 novembre. « Pour la première fois, toute une semaine de négociations n’a pas suffi à nous donner une idée de la conclusion que pourrait avoir ce sommet », a déploré Ruth Davis, une militante au sein de « Climate Action Network », un réseau mondial de plus de 700 ONG.


Il y aura eu au contraire plus de mauvaises nouvelles que de bonnes en ce début de sommet : la décision du Japon de minimiser significativement ses promesses de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sous prétexte de faire face aux difficultés nées de la perte de ses centrales nucléaires après le tsunami de 2011, et les déclarations tonitruantes de l’Australie qui a refusé de faire de nouvelles promesses de paiement et jugé « irréalistes et inacceptables » d’éventuelles futures obligations financières. Des obligations financières qui, rappelons-le, ont pour objectif d’aider les pays pauvres à surmonter les difficultés occasionnées par le bouleversement du climat. Il existe bien des initiatives encourageantes des deux plus gros émetteurs mondiaux, la Chine et les États-Unis (le négociateur américain a fait valoir hier que son pays a dépensé 2,7 milliards de dollars en 2013 sur les questions de climat), mais l’ensemble n’en paraît pas moins morose.

 

 

(Lire aussi : Le charbon, pire ennemi du climat, mais énergie en plus forte croissance)

 


Vers un futur deal mondial
Tous les autres processus ayant été clôturés à Doha en 2012, les efforts actuels se concentrent exclusivement sur les négociations autour du futur deal mondial et contraignant, attendu pour 2015 lors d’un sommet qui se tiendra à Paris, et qui entrera en vigueur en 2020. Or les indices ne sont pas très encourageants et c’est, une fois de plus, la question financière qui pourrait mettre le processus en danger. C’est, du moins, l’avis de Ria Voorhar, de CAN, rencontrée dans les couloirs du sommet. « Les gouvernements sont pris par d’autres priorités, mais ils ne comprennent pas que la facture des catastrophes découlant du changement climatique sera bien plus élevée si on n’agit pas immédiatement », dit-elle.
La militante se désole du retard à trancher la question des fonds pour l’adaptation au changement climatique. « Il faut éviter de faire perdre confiance aux pays en développement, ils ont besoin d’être épaulés pour agir, sinon ils risquent d’abandonner les négociations autour du deal de 2015, ce qui constitue une réelle menace pour ce processus », dit-elle.
Pour faire démarrer la mise en application de cet accord en 2020, il faut non moins de 100 milliards de dollars. « Jusque-là, il y a des promesses mais très peu d’argent à la banque », dit-elle. Quel espoir pour la conclusion de ce sommet ? « Il faut attendre les ministres, on ne sait jamais ce qu’il se passe quand ils sont là, répond Ria. Nous serons particulièrement attentifs à la réunion des ministres des Finances qui aura lieu (demain) mercredi. »

 


(Lire aussi :
Concilier besoins en énergie et climat, une équation insoluble ?)



Le temps presse
Le temps presse aussi pour Safa el-Jayoussi, militante de Greenpeace en Jordanie. « Si la prise de décision n’est pas sérieusement entamée au cours de ce sommet, pour être finalisée en 2014 au Pérou en vue de la signature de l’accord en 2015, il risque d’être trop tard pour cet accord en lequel nous avons placé tant d’espoir », souligne-t-elle.
Or ce sommet de Varsovie, si crucial, ne s’est pas présenté sous les meilleurs auspices : le gouvernement de Pologne, grand producteur et utilisateur de charbon (une des sources principales de gaz à effet de serre), a été critiqué dès le début pour avoir soutenu l’organisation d’un congrès sur le charbon parallèlement au sommet du changement climatique. La journée d’hier coïncidait justement avec son inauguration, qui a eu lieu en présence de la présidente de l’UNFCCC, Christiana Figueres. L’idée était de promouvoir des moyens de rendre cette industrie moins polluante (Mme Figueres a dit que cette industrie « peut et doit changer, et se diversifier »), mais l’effet a été de provoquer une foule de critiques contre cette mesure. Des mouvements de protestation ont été organisés par Greenpeace devant le siège de la conférence ainsi que par de nombreuses autres organisations.


Toutefois, au-delà des détails des négociations, qui doivent se poursuivre encore jusqu’à vendredi, ce sont surtout les chiffres qui montrent l’ampleur de l’urgence. Un rapport publié hier par la Banque mondiale (BM) en fournit de très significatifs : en trente ans, dit ce texte, le monde a perdu 2,5 millions de vies et quatre trillions de dollars dans des catastrophes naturelles.
Les coûts occasionnés par ces catastrophes ont augmenté, passant d’une moyenne de 50 milliards de dollars par an dans les années 80 à un peu moins de 200 milliards actuellement, souligne-t-il également. Si l’argument humain tarde à s’imposer dans l’esprit des responsables du monde, pourquoi l’argument économique ne les convainc-t-il pas davantage ?

 

 

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