Après le typhon Haiyan : "Notre grosse crainte est l'apparition de maladies"

-Quels sont les principaux problèmes rencontrés par la population sinistrée après le passage du typhon Haiyan aux Philippines ?

"Le typhon (qui a fait des milliers de morts) est une nouvelle tragédie qui intervient dans un contexte humanitaire assez tendu, les Philippines ayant déjà vécu plusieurs conflits. L'archipel est en outre fragilisé par des désastres naturels fréquents et les équipes d'Action contre la Faim y intervenaient déjà avant le typhon. 

Le douloureux constat aujourd'hui est que le typhon a balayé tout ce que la population possédait. Sinistrés, les Philippins ont besoin de tout. Nous venons donc en aide à des gens blessés, des gens fragilisés qui ont tout perdu. Naturellement, la priorité va à l'approvisionnement en eau potable et en nourriture, à l'hygiène, à l'octroi d'un abri et de vêtements.

Parmi les sinistrés, nous intervenons également en priorité auprès des femmes enceintes, des enfants et des personnes âgées."

-En tant qu’Action contre la Faim, quelle aide apportez-vous ?

"Partant de ces priorités, nous commençons par repérer et localiser les sinistrés afin de répondre à leurs besoins. Car notre grosse crainte est l'apparition de maladies, qui contribueront à faire empirer la situation. L'hygiène est par conséquent l'un de nos grands soucis. Nous commençons par l'évacuation des déchets afin d'éviter la contamination des sources d'eau. Parallèlement, sur le plan de l'hygiène corporelle, nous distribuons des kits de première nécessité contenant du savon et de la lessive. Nous n'oublions pas la promotion de l'hygiène dans les camps, même en situation de désastre. En outre, nous tentons de reconstruire un réseau provisoire d'eau potable pour les millions de survivants qui en sont privés. Nous distribuons également des kits alimentaires contenant notamment des biscuits protéinés.

L'acheminement de l'aide reste cependant une des grosses difficultés que nous rencontrons : il existe des zones éloignées qui restent inaccessibles aux avions chargés du matériel de base que nous envoyons. Le défi est donc de nous rapprocher le plus possible des populations vulnérables."

(Diaporama : Après le passage de Haiyan : images de chaos et de désespoir)

-Comment se passe la coordination avec les autres ONG? On se souvient des ratés de l'aide humanitaire après le tsunami de 2004 en Asie.

"Etant donné l'ampleur de la catastrophe, plusieurs acteurs humanitaires sont en action dans l'archipel. Et la bonne coordination est effectivement un enjeu crucial pour mener à bien notre mission. Nous gardons tous en tête le tsunami de 2004 en Asie, mais aussi le séisme qui a frappé Haïti en 2010, et nous avons tous appris des erreurs commises dans le sillage de ces deux tragédies. Pour une meilleure organisation des secours, nous savons aujourd'hui comment nous y prendre : plus il y a d'acteurs humanitaires sur place, plus le besoin de communication est crucial. Nous tentons dans ce contexte de nous parler, de coordonner nos actions et de répartir entre nous les zones d'intervention. Car, il ne faut pas oublier la nécessité d'aller au-delà des zones sinistrées repérées et de chercher les autres poches de vulnérabilité. Il ne faut qu'aucune personne dans le besoin ne soit oubliée". 

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