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À La Une - Architecture

La démesure du MAXXI de Zaha Hadid à Rome

MAXXI, le Musée d’art du XXIe siècle, porte bien son nom. Il est maxi-imposant, mégasurprenant. Dès son ouverture en 2010, il a décoiffé les idées reçues et Rome l’éternelle, éternellement tournée vers le passé. On aime ou pas du tout, ici, aucune place pour la demi-mesure. Même si le musée souffre actuellement d’un manque de fonds – il a été déclaré en faillite et placé sous la tutelle provisoire de l’État –, la conception architecturale des lieux, signée Zaha Hadid, est inédite.

Un bâtiment imposant.

Pour voir ou revoir le MAXXI, Museo Nazionale Delli Arti del XXI secolo, comme ils le disent si joliment là-bas, ainsi baptisé en opposition au MACRO, le musée d’art contemporain de Rome inauguré en 2002, il faut s’éloigner du centre de Rome, des attractions touristiques et culturelles, arrêts obligés au Colisée, Panthéon, fontaine de Trevi, Trastevere, Piazza Di Spagna, Via Veneto, Via Del Corso, et toutes les chiese (églises) de tous les saints, souvent chiuso (fermées en été) pour cause de... vacances, et se diriger vers Flaminio, un quartier populaire excentré, autrefois occupé par des casernes militaires.


Dans cette rue modeste, presque timide, en retrait de l’agitation de la ville, un peu solitaire, se dresse le paquebot de Zaha Hadid, seule maître à bord d’un projet titanesque qui aura exigé 12 ans, avec un retard de cinq ans sur les délais prévus, et un budget également titanesque (on murmure le chiffre de 150 millions d’euros). Dévoilé avec une rétrospective de l’artiste peintre et sculpteur Gino de Dominicis et en présence de la Dame de fer le 30 mai 2010, le MAXXI, première institution nationale dédiée à l’art moderne, à l’image de sa conceptrice, ne craint pas les tempêtes nombreuses de ses détracteurs, peu familiers, surtout en Europe, avec un bâtiment aussi imposant qui, disent-ils, risque d’écraser les œuvres qui y sont exposées. Géré par la Fondation éponyme, il englobe deux musées : le MAXXI Architettura et le MAXXI Arte.


Pourtant, lorsque ce musée des arts totalement contemporain et urbain, incrusté dans une structure ancienne déjà existante, pointe le bout de ses lignes droites et de sa masse horizontale grise en béton et acier, le regard est vite interpellé. Épuré, même si massif, il réserve toutes les surprises à l’intérieur. Fidèle à son objectif de briser les traditionnels concepts et créer une nouvelle dynamique, la surface d’exposition, 10 000 m², baigne dans une magnifique lumière zénithale possible grâce aux ouvertures et à la transparence vers l’extérieur.

 


Exit les lignes droites
La découverte du MAXXI, pour lequel Zaha Hadid a obtenu le prix Stirling en 2010, prend vite le goût d’une expérience insolite. Cette dernière se déroule sur 3 niveaux, l’essentiel des expositions d’art ayant lieu au rez-de-chaussée et celles architecturales au premier étage. Impression de gigantisme, murs et plancher penchés, angles brisés, lumières blanches, labyrinthes soulignés de rubans, rampes sensuelles qui se frottent aux murs et indiquent le chemin à suivre, on aime ou on déteste. C’est un peu là que réside l’intérêt de cette construction. Car ceux qui apprécient, et nous en faisons partie, restent admiratifs devant cette approche courageuse, presque arrogante, ces parcours improbables et ces formes complexes et très présentes. L’accrochage y est difficile ? Peut-être, mais les volumes du MAXXI donnent aux œuvres, sculptures, toiles, travaux divers un souffle nouveau avec un nouveau système d’accrochage qui permet de les suspendre dans l’espace, dans une scénographie moins conventionnelle. Il en est ainsi pour les expositions permanentes, la collection inclut les artistes Clemente, Richter, Perone, Boetti, Mochetti, Gilbert & George, les architectes Anselmi, Kapoor et Nouvel, ou encore les photographes Basilico et Linke et celles, ponctuelles, souvent inattendues et en rapport avec l’actualité et l’environnement.


Le chinois Hou Hanru, qui fut directeur des expositions à l’Institut d’art de San Francisco, consultant pour le musée Guggenheim de New York et codirecteur du premier World Biennale Forum, a été nommé directeur artistique du MAXXI en août dernier. Son contrat, d’une durée de quatre ans, commence en décembre. Son objectif : réhabiliter ce lieu et lui redonner sa place parmi les grands musées contemporains du monde. Pour le faire, il lui faudra également trouver un important soutien financier. Le musée, a souligné Giovanna Melandri, ex-ministre et son actuelle directrice, a un besoin urgent de six millions d’euros de fonds publics pour ses coûts de fonctionnement annuels et espère obtenir ce montant sous forme de donations, mécénats et ventes de billets...
Plus fascinant par l’architecture des lieux que par son contenu, le MAXXI impose sa présence au visiteur qui en ressort impressionné. Zaha Hadid, qui en est à (tant) d’autres aventures, a réussi, comme toujours, à faire bouger les idées reçues. Au risque de déplaire ou, au contraire, de susciter plus d’admiration. Comme toujours.

 

 

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