La LBC et son journaliste menacés

Le secrétaire général du Parti arabe démocrate, Rifaat Ali Eid, a menacé hier la LBC et son journaliste, Bassam Abou Zeid. Les menaces ont été proférées après que M. Abou Zeid eut diffusé son reportage sur l’enquête de la double explosion des mosquées à Tripoli, rapportant notamment les aveux d’Ahmad Ali, le chauffeur de M. Eid, et les circonstances de la fuite d’Ahmad Merhi, soupçonné d’avoir pris part à l’un de ces attentats.
M. Abou Zeid a indiqué avoir reçu un appel téléphonique de Rifaat Ali Eid, qui lui a affirmé qu’il traitera avec la LBC « à la manière (du groupe jihadiste) Daa’ech » (l’une des formations de l’opposition syrienne), les accusant de fabriquer des mensonges et de toucher de l’argent versé par l’émir Bandar ben Sultan, le chef du service des renseignements saoudien.
Ce à quoi le journaliste lui a répondu qu’il ne faisait que répercuter « des informations documentées obtenues auprès des sources de sécurité », dont M. Eid a voulu connaître l’identité, sans succès.
Dans un entretien accordé à Now Lebanon, M. Abou Zeid a déclaré : « Je peux considérer ces propos comme étant une menace directe, sinon le résultat d’un défoulement et d’un état de colère. » Et d’ajouter : « La LBC n’a jamais manqué à son devoir professionnel à l’égard de Rifaat Eid, notamment lorsque son responsable de presse demandait à faire des interventions. La chaîne a traité avec lui exactement comme elle le fait avec les autres parties », a indiqué le journaliste, qui a toutefois assuré qu’il ne présentera aucun recours personnel devant la justice concernant la menace. « J’en ai informé mon institution qui prendra la décision adéquate », a-t-il dit.
L’association Journalistes contre la violence a vivement condamné les menaces de M. Eid. « C’est une violation de toutes les lignes rouges », écrit le communiqué de l’association, évoquant les relations avec les médias. « Au lieu d’opposer aux preuves citées dans le rapport (du journaliste, NDLR) par des contre-preuves, (M. Eid) a eu recours aux menaces, aux insultes et au terrorisme moral, et cela ne nous étonne pas de la part de Rifaat Eid, qui obéit aux ordres du régime syrien et qui s’est spécialisé dans la terreur des Tripolitains », ajoute le texte.