Rechercher
Rechercher

À La Une - syrie

Brahimi ne veut pas de conditions préalables à Genève-2

L'ONU enquête en Syrie sur des informations "inquiétantes" de cas de malnutrition infantile.

L'émissaire international Lakhdar Brahimi lors d'une conférence de presse, vendredi, à Beyrouth où il a rencontré les responsables libanais. AFP/ Dalati et Nohra.

L'émissaire international Lakhdar Brahimi a déclaré vendredi qu'il n'y aurait pas de conditions préalables à la tenue de la conférence de paix de Genève-2, opposant une fin de non recevoir à l'opposition syrienne qui exige que le départ du président Bachar el-Assad y soit acté, ce que Damas rejette catégoriquement. Divisée sur une éventuelle participation, la Coalition nationale syrienne de l'opposition doit se réunir le 9 novembre en Turquie.

 

Lakhdar Brahimi et le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, ont chacun de leur côté exprimé vendredi l'espoir de réunir dans les prochaines semaines cette conférence censée mettre fin à la guerre civile en Syrie.

Compte tenu des obstacles qui se sont accumulés depuis le lancement de l'initiative au printemps dernier par Moscou et Washington, la date jusqu'alors évoquée pour Genève-2, le 23 novembre, apparaît de plus en plus hypothétique.

 

M. Brahimi, qui avait estimé il y a quelques temps que M. Assad ne pourrait pas faire partie du gouvernement de transition que la communauté internationale espère voir émerger de la conférence, a précisé vendredi que cette "opinion personnelle" ne devait pas peser sur l'organisation de la conférence.

"Mon avis n'a pas d'importance. Il y a un accord pour que la participation à Genève-2 se fasse sans condition préalable d'un côté ou de l'autre", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse à Beyrouth.

 

Quelques heures plus tôt, à Damas, où il venait d'achever une tournée régionale, Lakhdar Brahimi s'était montré raisonnablement optimiste sur la tenue de la conférence "dans les prochaines semaines, pas l'année prochaine ou plus tard". L'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe a précisé dans ce contexte qu'il se rendrait la semaine prochaine à Genève pour des discussions avec des émissaires américains et russes, auxquels se joindront par la suite des représentants des trois autres membres permanents du Conseil de sécurité - Chine, France et Grande-Bretagne - afin de fixer une date.

 

(Lire aussi : Mettre un terme à l’horreur syrienne, le commentaire de Turki ben Fayçal al-Saoud)

 

Après son départ de Damas, M. Brahimi a été critiqué par le ministre syrien de l'Information: "M. Brahimi a dit que la conférence de Genève était pour les Syriens et non pas pour les Etats." "Si c'est le cas, pourquoi effectue-t-il cette tournée, pourquoi inviter des pays comme l'Arabie saoudite et la Turquie alors qu'ils participent à l'agression contre la Syrie", a dit le ministre à la chaîne Al-Mayadeen basée à Beyrouth, à propos du soutien de Riyad et Ankara à l'opposition.

 

 

"Assad n'est pas fou"

"J'espère qu'il sera possible d'organiser la conférence d'ici la fin de l'année mais nous constatons que l'influence de tous ceux qui s'y emploient est limitée", a pour sa part déclaré le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, dans une interview accordée à Reuters.

 "Cela dépend en grande partie des positions adoptées par les belligérants syriens. Nous (les Russes) les poussons dans cette direction et j'espère que tous ceux qui parlent aux différents cercles syriens en feront de même, a-t-il poursuivi.

 

M. Medvedev a dans ce contexte critiqué l'intransigeance de l'opposition syrienne (CNS).

 "Je crois que les idées qui sont parfois mises en avant - 'excluons le président Assad et ensuite entendons-nous sur tout le reste' - sont irréalistes tant qu'Assad est au pouvoir", a commenté le Premier ministre russe.

"Assad n'est pas fou. Il doit obtenir certaines garanties ou, au moins, entendre des propositions sur le développement du dialogue politique en Syrie, sur de possibles élections, sur le sort qui lui sera réservé", a-t-il ajouté.

 

 

Des cas de malnutrition infantile?

Sur le plan humanitaire, l'ONU est en train de vérifier "des informations inquiétantes de cas de malnutrition en hausse" parmi les enfants dans les zones assiégées en Syrie, a indiqué vendredi la porte parole du Programme Alimentaire Mondial (PAM) à Genève.

Mme Elisabeth Byrs a indiqué que l'agence de l'ONU a pu venir en aide en octobre à 3,3 millions de personnes en Syrie, un record depuis le début de ses opérations en 2011.

 

Le PAM avait fait parvenir de l'aide à 2,7 millions de personnes en septembre mais s'était fixé comme objectif d'aider 4 millions de personnes, un objectif qui n'a pu se réaliser, en raison de "l'insécurité et des problèmes d'accès dans les gouvernorats d'Alep et de Hassakeh"

Dans la province d'Alep, le PAM n'a pu fournir une aide qu'à 175.000 personnes au lieu des 750.000 identifiées comme nécessitant une assistance alimentaire.

 

Interrogé sur les accusations de l'opposition quant à la famine dans certaines zones assiégées, la porte-parole a précisé ne pas avoir de données précises, puisque ces zones sont inaccessibles. Une enquête nutritionnelle du PAM et de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'Alimentation) est en cours à l'échelle du pays, a précisé la porte-parole, ajoutant que ses résultats devraient être connus à la fin du mois.

 

La Coalition nationale syrienne a mis en garde à plusieurs reprises contre une "catastrophe humanitaire" accusant le régime de "procéder à une campagne systématique pour affamer et déplacer la population" dans la région de Mouadamiyat al-Cham, une banlieue du sud-ouest de Damas.

Le PAM a essayé à neuf reprises sans succès depuis l'année dernière d'envoyer de l'aide dans cette banlieue, a précisé Mme Byrs. Trois mille habitants ont été évacués de cette zone la semaine dernière.

 

Le PAM précise que depuis la mi 2012 dans la région de Damas il n'a pu accéder à 38 secteurs en raison de l'intensification du conflit alors qu'il s'agit de "zones parmi les plus défavorisées où les produits les plus basiques sont rares".

 

 

Frappe israélienne?

Sur le terrain, Israël a frappé, selon des médias, une base aérienne syrienne où se trouvait une cargaison de missiles destinée au Hezbollah. Citant sans les nommer des "sources exclusives", la chaîne à capitaux saoudiens Al-Arabiya a indiqué qu'un bombardement avait visé mercredi dans le nord-ouest de la Syrie "une cargaison de missiles sol-air destinée au Hezbollah au Liban". 

La chaîne américaine CNN, citant sans le nommer un responsable de l'administration américaine, a également indiqué que des avions de combat israéliens avaient mené un raid contre des missiles et des équipements associés dont les Israéliens pensaient qu'ils pourraient être transférés au Hezbollah.

 

(Repère : Syrie: plusieurs raids israéliens depuis début 2013)

 

Auparavant, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un vaste réseau de militants, avait fait état de plusieurs explosions entendues mercredi à l'aube dans une base de défense aérienne à Jablé, près de Lattaquié (ouest).

Un responsable américain a confirmé à l'AFP une "frappe israélienne" en Syrie sans donner de détails sur la cible. "Par le passé, les cibles ont été des missiles transférés au Hezbollah", s'est-il contenté d'ajouter. Des responsables du gouvernement israélien ont refusé de confirmer une telle attaque.

 

Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a estimé vendredi à Ankara que "si elle était avérée" la frappe israélienne ne pouvait qu'"envenimer le conflit et les tensions" en Syrie.

 

Par ailleurs, les forces du régime ont progressé près de Damas. L'armée, appuyée par le Hezbollah et les milices pro-régime, a avancé dans la localité de Sbené, au sud de la capitale, où les bombardement ont provoqué un exode, selon l'OSDH.


 

Lire aussi

Labib, réfugié syrien au Liban : « J’étais prêt à accepter n’importe quelle corvée »

 

Genève 2, seul moyen d’arrêter la violence au Liban, selon les USA

L'émissaire international Lakhdar Brahimi a déclaré vendredi qu'il n'y aurait pas de conditions préalables à la tenue de la conférence de paix de Genève-2, opposant une fin de non recevoir à l'opposition syrienne qui exige que le départ du président Bachar el-Assad y soit acté, ce que Damas rejette catégoriquement. Divisée sur une éventuelle participation, la Coalition...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut