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À La Une - Le point

Barack Obama et ses casseroles

Il urge de voir un jour, le plus proche possible, le Superman yankee cesser de voler au secours des damnés de la terre s’il veut leur éviter le triste sort de l’Irak et de l’Afghanistan. Les médias américains viennent d’offrir à leurs lecteurs le triste privilège de suivre les maîtres de leur destinée, et par la même occasion celle du reste du monde jadis libre, dans leur approche erratique du salmigondis syrien. On découvre ainsi qu’après avoir décrété ex abrupto le 16 août 2011, faisant miroiter du coup aux yeux de l’alouette rebelle l’éventualité d’une action en ce sens, que Bachar el-Assad doit partir (« The time has come for president Assad to step aside »), Barack Obama n’a fait que balancer entre les options les plus diverses allant des livraisons d’armes légères au général Salim Idriss et à ses hommes à une action autrement plus musclée. On a vu depuis qu’en se précipitant, combien opportunément, au secours de l’aigle américain, l’ours russe lui a sauvé la mise...


Le coup de grâce aux espoirs des ennemis du régime baassiste de voir Washington adopter une ligne dure, c’est Michael D. Lumpkin qui l’a donné. Lors de son audition par la commission sénatoriale chargée d’examiner sa désignation au poste de responsable des opérations du Pentagone, cet ancien du corps des Navy Seals a répondu par la négative à une question cruciale : « Le programme d’entraînement (en cours) de combattants rebelles est-il susceptible de modifier l’équilibre des forces? » La Maison-Blanche en a conclu – c’est le New York Times qui le révèle – qu’il s’agit là d’« un de ces problèmes infernaux (“hellish”) auxquels chaque président doit faire face, avec ses risques sans nombre et ses options aussi mauvaises l’une que l’autre ». On comprend dès lors la décision de l’Arabie saoudite, frustrée de voir ses plans tourner au vinaigre, de bouder un siège au Conseil de sécurité.


On comprend moins cette ténébreuse affaire de mise sur écoute téléphonique de trente-cinq dirigeants de la planète, dont notamment Angela Merkel, François Hollande, le président du Conseil italien Enrico Letta, les membres du gouvernement espagnol... Révélé grâce aux révélations de l’ex-consultant de la National Security Agency (NSA) Edward Snowden, réfugié aujourd’hui en Russie, le scandale affecte depuis quelques jours les relations entre l’Amérique et les Vingt-Huit de l’Union européenne, en tête desquels la chancelière allemande, qui ne décolère pas depuis qu’elle a découvert que son téléphone portable était espionné. Fait sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, l’ambassadeur américain à Berlin, John Emerson, a été convoqué, et non pas « invité » ainsi que le veut l’usage, par le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle soucieux de relever devant lui que les écoutes sont effectuées par un service spécialisé, le Special Collection Service, à partir de la chancellerie américaine située à un jet de pierre de la porte de Brandebourg. Sans doute conviendrait-il d’expliquer, mais non de justifier, ce branle-bas médiatico-diplomatique par le souci de faire oublier les maladresses passées (« l’affaire est close », disait-on en août dernier) et le ballet en cours censé déboucher sur la formation d’un nouveau gouvernement. La bombe plonge l’administration démocrate dans l’embarras, à l’heure où tout va mal pour elle, et pas seulement sur le plan de ses rapports avec ses partenaires outre-Atlantique.


« Incompétence ! » Le mot claque sec pour évoquer les curieux problèmes nés dans la foulée de l’Obamacare, cette réforme du système de santé dont le successeur de George W. Bush attend beaucoup, paralysée depuis le 1er octobre par d’inexplicables brouilles de software. Au point que le président a dû intervenir en personne pour dire à ses concitoyens qu’ils pouvaient contracter une assurance simplement en téléphonant : « Le numéro est le 1-800-318-2596 », leur a-t-il dit, avant de répéter les onze chiffres du magique abracadabra. La Maison-Blanche aurait tant voulu faire l’économie d’une nouvelle crise venant s’ajouter au psychodrame budgétaire dont l’issue est reportée au 15 janvier pour faire oublier une crise autrement plus grave qui se profile à l’horizon : celle de la dette publique passée, depuis 2003, au chiffre faramineux de 16 700 milliards de dollars, soit 110 pour cent du produit intérieur brut. D’où une chute accélérée du dollar, la remise en cause de sa suprématie en tant que devise internationale, enfin la montée en puissance d’autres monnaies.


Est-ce assez pour faire chanceler le géant aux pieds d’argile? Sans doute non. Mais qu’en est-il des chiffres autrement plus inquiétants contenus dans un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui vient d’être publié. L’étude note le retard pris par les États-Unis dans trois domaines : les sciences, les mathématiques et l’habileté à manier l’outil informatique. C’est là et nulle part ailleurs que se situe le danger.
Y aurait-il un prof dans l’amphithéâtre ?

Il urge de voir un jour, le plus proche possible, le Superman yankee cesser de voler au secours des damnés de la terre s’il veut leur éviter le triste sort de l’Irak et de l’Afghanistan. Les médias américains viennent d’offrir à leurs lecteurs le triste privilège de suivre les maîtres de leur destinée, et par la même occasion celle du reste du monde jadis libre, dans leur...
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