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À La Une - L'homme de la semaine

Ghani, l'Afghan qui voulait être le candidat des femmes, des jeunes et des démunis

Economiste de renom et ancien ministre des Finances, il invite les talibans à participer à la présidentielle.

Ashraf Ghani appelle les talibans à participer au scrutin présidentiel. AFP

Un Afghanistan stable, où femmes, jeunes et démunis auraient enfin une voix : c'est l'ambition d'Ashraf Ghani, candidat à l'élection présidentielle convaincu que le pays ne court pas à "l'échec", malgré la guerre et sa dépendance à l'aide internationale.

 

M. Ghani, 64 ans, vit en périphérie de Kaboul, dans une maison protégée par des murs de plusieurs mètres de hauteur et par une petite armée de gardes. Derrière cette enceinte digne d'une petite base militaire se cache une élégante demeure décorée avec goût et sobriété.

Dans le salon, des coupes de fruits reposent sur des tables basses en bois sculpté. Des tapis et des peintures de scènes de la vie quotidienne afghane sont accrochés au mur. La bibliothèque est pleine de livres d'architecture.

 

La candidature d'Ashraf Ghani tranche avec celle des autres prétendants à la succession de Hamid Karzaï, qui ne peut briguer de troisième mandat selon la Constitution afghane. M. Ghani n'est ni un ancien chef de guerre, ni un apparatchik. Docteur de la prestigieuse université new-yorkaise de Columbia, cet économiste de renom est passé par la Banque mondiale, avant de devenir ministre des Finances (2002-2004).

 

 

L'Afghanistan "n'est pas mourant"

Pragmatique, il n'hésite pas à convier les talibans, qui tentent de reprendre le pouvoir par les armes, à participer au scrutin. "La balle est dans leur camp : sont-ils disposés à passer de la violence aux urnes ? S'ils souhaitent participer au processus politique, la porte est ouverte", dit-il lors d'un entretien avec l'AFP au cours duquel il rejette les scénarios pessimistes qui voient l'Afghanistan sombrer dans la guerre civile après le départ de l'Otan, fin 2014.

 

"Avons-nous un problème de sécurité ? Oui, dit-il. Mais les quatre cinquièmes du pays sont sécurisés et constituent une base solide pour la stabilité du pays". "Je reste persuadé que le pays ne court pas un risque d'échec", ajoute-t-il, en accusant la presse internationale de dresser un tableau cauchemardesque de l'Afghanistan. "Ce n'est pas parce qu'on a mal au doigt qu'il faut en conclure qu'on est mourant", glisse-t-il.

 

L'avenir, Ashraf Ghani l'envisage à travers ceux qui n'ont guère voix au chapitre en Afghanistan. "Les jeunes, les femmes, les démunis doivent devenir parties prenantes dans ce pays", dit le candidat, dont l'image de technocrate pourrait lui coûter quelques voix le 5 avril prochain.

 

Ce jour-là, il se présentera devant les électeurs afghans avec l'ambition de faire mieux qu'en 2009, lors de la précédente présidentielle, où il avait terminé en quatrième position avec 2,9% des suffrages. "Les circonstances étaient très différentes", avance M. Ghani, vêtu d'une longue chemise traditionnelle afghane blanche et d'un gilet noir.

 

 

Allié à un ex-seigneur de la guerre

"Un président sortant (Hamid Karzaï) était en lice et, en raison des fraudes massives, ce pourcentage ne reflète par les votes que nous avons obtenus", ajoute-t-il en faisant glisser entre ses doigts fins les perles dorées d'un tasbih, le chapelet islamique. "Je crois que les chances sont maintenant de notre côté. Nous pouvons gagner", martèle-t-il.

 

Pour l'emporter, il a mis sur son "ticket" un personnage aussi populaire que controversé en Afghanistan : Abdul Rasheed Dostum, accusé d'avoir autorisé le massacre de centaines de prisonniers talibans en 2001, et que M. Ghani lui-même décrivait comme un "tueur notoire" en 2009.

M. Dostum a récemment présenté des excuses publiques, éveillant aussitôt les soupçons quant aux réelles intentions de son acte de contrition. "M. Dostum devrait être salué pour son courage", répond M. Ghani. "Il est rare que dans un environnement post-conflictuel, une personne décide de rompre aussi clairement avec le passé (...). Il a agi de sa propre initiative, et je lui en suis reconnaissant".

 

Pour Ashraf Ghani, leur attelage incarnerait même un exemple de la "réconciliation" nationale dont a besoin l'Afghanistan, trop souvent divisé par des querelles de potentats locaux. "La politique n'est pas un mariage d'amour, c'est une conjonction de nécessités historiques", souligne-t-il.

Et si la chance ne lui souriait pas le 5 avril, Ashraf Ghani remarque qu'il aurait tout de même de quoi s'occuper : "J'ai six manuscrits de livres que je dois terminer !".

 

 

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