Le président afghan Hamid Karzaï (gauche) a prolongé son séjour au Pakistan afin de poursuivre ses entretiens avec le Premier ministre Nawaz Sharif. Aamir Qureshi/AFP
l’instabilité » dans la région, a répondu M. Sharif, qui a aussi plaidé pour une plus grande interaction entre les économies des deux pays. M. Karzaï ne devait initialement rester que quelques heures au Pakistan et repartir dans l’après-midi à Kaboul, mais il a finalement décidé de prolonger la visite, peut-être un signe de bonne entente avec M. Sharif.
Les talibans afghans, au pouvoir à Kaboul de 1996 à 2001, ont fait preuve d’ouverture au cours des derniers mois sur des pourparlers de paix, et même affirmé qu’ils n’aspiraient plus à « monopoliser » le pouvoir après le retrait de la grande majorité des 87 000 soldats de l’OTAN prévu d’ici à la fin de l’année prochaine. Mais les insurgés refusent de s’engager dans des pourparlers directs avec Hamid Karzaï, qu’ils accusent d’être une marionnette des États-Unis, de surcroît à l’approche de son départ à la tête de l’État, le président ne pouvant briguer, selon la Constitution, un troisième mandat lors de la présidentielle d’avril prochain. Le HCP avait indiqué avant cette visite à Islamabad qu’il allait demander au Pakistan la libération du plus important taliban afghan écroué dans les geôles pakistanaises, le mollah Abdul Ghani Baradar, ex-bras droit du mollah Omar, le chef suprême des talibans. Car si Islamabad est historiquement proche des talibans, elle est aussi, depuis 2001, officiellement alliée à leurs puissants ennemis américains, et a à ce titre arrêté de nombreux rebelles afghans réfugiés sur son territoire. À la demande de Kaboul, le Pakistan a déjà libéré 26 talibans afghans. Les responsables afghans estiment que ces libérations permettent de montrer leur bonne volonté aux insurgés et espèrent que ces ex-détenus convaincront la direction des talibans de se joindre aux pourparlers de paix. Mais de nombreux analystes jugent que ces libérations n’ont aucun impact sur le processus de réconciliation afghan, car des talibans libérés seraient retournés sur le terrain de combat et qu’Islamabad n’a pas rendu leur liberté aux prisonniers considérés comme les plus influents, tels le mollah Baradar. Karzaï « veut son propre canal de communication avec les insurgés, qui soit indépendant des États-Unis », estime Borhan Osman, membre du Réseau des analystes d’Afghanistan. « Les tentatives de se tourner vers le Pakistan ne sont pas nouvelles, mais des initiatives similaires avaient échoué par le passé », ajoute-t-il.
(Source : AFP)