Rechercher
Rechercher

À La Une - Dans la presse

A Lahore, une chaîne humaine pour protéger les chrétiens

Un geste de solidarité après un double attentat meurtrier perpétré à Peshawar fin septembre.

Le 23 septembre 2013, des chrétiens avaient manifesté à Lahore pour dénoncer l'attentat meurtrier perpétré la veille devant une église à Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan. REUTERS/Mohsin Raza

Le 22 septembre dernier, deux kamikazes se faisaient exploser devant l’Eglise de tous les Saints à Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan. Les deux kamikazes, membres d’une faction du Mouvement des talibans pakistanais (TTP), avaient choisi leur moment : la sortie de la messe suivie par quelque 400 fidèles. Le bilan fut lourd, une centaine de morts, dont des dizaines de femmes et d’enfants. Il s’agissait là de l’attaque la plus sanglante jamais menée contre la minorité chrétienne dans ce pays, selon les autorités locales.

 

Pour justifier l’attaque, un membre de la faction des TTP avait évoqué les attaques de drones.

 

Deux semaines plus tard, le 6 octobre, 200 à 300 personnes ont formé une chaîne humaine devant l’Eglise Saint Antoine à Lahore (nord-est du Pakistan), pour exprimer leur solidarité avec les victimes de Peshawar.

Dans la cour de l’Eglise, rapporte The Express Tribune, le mufti Mohammad Farooq a prêché la tolérance et le respect des croyances d’autrui, aux côtés du père Nasir Gulfam qui venait de conduire la messe. Se tenant la main, les deux hommes se sont ensuite insérés dans la chaîne humaine, comme un mur de protection autour de l’Eglise. Des participants brandissaient des pancartes sur lesquelles était écrit : "Une même nation, un même sang".

La semaine précédente, rappelle le quotidien pakistanais, un événement similaire avait été organisé autour de la cathédrale Saint Patrick à Karachi (Sud du Pakistan).

 

C'est à Lahore qu'une dispute sur la religion entre un chrétien et un musulman ivres avait déclenché, en mars, une émeute au cours de laquelle des musulmans avaient incendié plus de 100 maisons chrétiennes.

 

"Les terroristes nous ont montré ce qu’ils font les dimanches. Ici, nous leur montrons ce que nous faisons les dimanches. Nous nous unissons", a expliqué Jibran Nasir, un des organisateurs de la chaîne humaine, un événement promu sur les réseaux sociaux.

 

Les chrétiens, qui représentent 2% de la population du Pakistan, pays de 180 millions d’habitants à plus de 95% musulmans, sont parfois victimes de violences, mais très rarement du fait des attentats qui visent habituellement les forces de sécurité ou les minorités musulmanes (chiites, ahmadis) jugées infidèles par des extrémistes sunnites talibans.

 

L’attaque du 22 septembre fait désormais craindre que les chrétiens, traditionnellement pauvres, victimes de discriminations, relégués dans des métiers subalternes (le nettoyage en particulier) et vivant souvent dans des bidonvilles, ne soient eux aussi de plus en plus visés par de tels attentats.

 

Les violences antichrétiennes au Pakistan avaient jusqu’à présent été limitées à des heurts entre communautés locales, souvent après que des chrétiens avaient été accusés de blasphème par des musulmans. En 2009 à Gojra, dans la province du Pendjab (est), une foule de musulmans en colère avait ainsi incendié 77 maisons de chrétiens et tué sept d’entre eux après des rumeurs de profanation du Coran. L’an dernier, une jeune chrétienne, Rimsha Masih, avait passé trois semaines en prison après avoir été accusée de blasphème. Elle avait ensuite été innocentée, mais s’est depuis réfugiée avec ses proches au Canada.

 

Les détracteurs de la loi qui criminalise le blasphème au Pakistan, où il est passible de la peine de mort, estiment toutefois qu’elle est régulièrement instrumentalisée pour régler des conflits locaux, fonciers notamment.

 

 

Lire aussi

Les chrétiens sont les croyants les plus persécutés


Hollande s’inquiète du sort des chrétiens d’Orient et de Syrie

 

À Delga, la confiance entre coptes et musulmans brisée après des attaques

 

 

 

Le 22 septembre dernier, deux kamikazes se faisaient exploser devant l’Eglise de tous les Saints à Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan. Les deux kamikazes, membres d’une faction du Mouvement des talibans pakistanais (TTP), avaient choisi leur moment : la sortie de la messe suivie par quelque 400 fidèles. Le bilan fut lourd, une centaine de morts, dont des dizaines de femmes et...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut