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À La Une - Italie

Plus dure a été la chute

Lâché par les siens, Berlusconi se dédit et sauve le gouvernement Letta.

« Rome assiste à l’acte final de l’histoire politique de Silvio Berlusconi qui, pour la première fois, rencontre quelqu’un qui lui dit non. » Lâché par les siens, l’ancien PM a capitulé hier, sauvant ainsi le gouvernement gauche-droite d’Enrico Letta : une motion de soutien à l’exécutif a été approuvée à une écrasante majorité de 235 voix (majorité absolue à 153) et seulement 70 votes contre. « Je ne meurs pas, même s’ils me tuent », a dit le Cavaliere. Filippo Monteforte / AFP

Une brusque volte-face opérée par Silvio Berlusconi, initialement résolu à faire chuter le gouvernement gauche-droite d’Enrico Letta, a permis à ce dernier de survivre, grâce à un vote de confiance au Sénat. Une motion de soutien à l’exécutif a été approuvée à une écrasante majorité de 235 voix (majorité absolue à 153) et seulement 70 votes contre.
Dernier à intervenir avant le scrutin, le Cavaliere, âgé de 77 ans, a annoncé, la mine sombre, son ralliement in extremis au camp du « oui à Letta », avec lequel il avait rompu par surprise samedi dernier en ordonnant aux cinq ministres du centre-droit de démissionner. « Nous avons décidé, non sans débats internes, de voter la confiance », a déclaré M. Berlusconi, disant avoir été convaincu par les promesses de M. Letta de baisser la fiscalité du travail et d’introduire la possibilité de sanctionner les magistrats outrepassant la procédure. Sa brève allocution a été accueillie par un silence de stupeur de son camp, tandis que M. Letta lui serrait la main en signe de remerciement.


De nombreuses tractations ont eu lieu toute la matinée, après un discours très ferme de M. Letta qui a parlé de « risque fatal » pour l’Italie en cas de chute de son gouvernement. M. Berlusconi, selon son entourage, a changé d’avis à plusieurs reprises sur son vote. Pour James Waltson, de l’Université américaine de Rome, « Berlusconi essaie de conserver sa position d’influence au sein du gouvernement et de son parti ». « Le Cavaliere capitule, le PDL dans le chaos », titrait La Stampa qui parlait également de « drame humain » pour le Cavaliere, vu au Sénat se tenir la tête entre les mains. La capitulation de Silvio Berlusconi marque la fin d’un système digne de César au sein duquel le Cavaliere était omnipotent, estiment les commentateurs. « Tout un monde s’écroule », titrait La Repubblica.

 


Tu quoque fili ?
Après n’être pas parvenu à convaincre la plus grande partie de ses troupes, M. Berlusconi a donc finalement appelé à voter la confiance au gouvernement. Symbole le plus fort de la perte d’influence du Cavaliere, la révolte d’Angelino Alfano, qui lui doit pourtant toute sa carrière. Du temps où il était son ministre de la Justice, M. Alfano a rédigé des lois l’ayant tiré de ses nombreux déboires judiciaires. Il a aussi accepté sans broncher d’être chassé de la tête de liste aux élections (de février 2013), où M. Berlusconi l’avait placé avant de se raviser et de prendre sa place. Pour la première fois, cet avocat sicilien de 42 ans a osé publiquement s’opposer à son mentor, lorsque celui-ci l’a contraint à démissionner de son poste de vice-Premier ministre et de ministre de l’Intérieur. Il a carrément appelé à voter la confiance au gouvernement.


« C’est Spartacus et la révolte des esclaves », s’amuse Il Fatto quotidiano (gauche). Nombre d’Italiens sont stupéfaits de la métamorphose de M. Alfano. Ceux qui resteront toujours fidèles au Cavaliere s’indignent d’un Brutus, semblable au fils parricide de César, qui « s’en prend à Berlusconi au moment où il est affaibli » par sa récente condamnation définitive à une peine de prison. Les autres s’émerveillent de voir « la colombe avec des serres » de faucon.

 

Au-delà de ce cas personnel, c’est tout un entourage de fidèles qui a fait défection. Pour Gianni Riotta, de La Stampa, « Rome assiste à l’acte final de l’histoire politique de Silvio Berlusconi qui, pour la première fois, rencontre quelqu’un qui lui dit non ». Plusieurs quotidiens italiens n’hésitent pas à évoquer le 25 juillet 1943, quand Benito Mussolini fut déposé par un vote du Grand Conseil fasciste. « Comme alors Mussolini, Berlusconi montre des signes de fatigue », remarque Filippo Ceccarelli, de La Repubblica. Aujourd’hui, Silvio Berlusconi « semble l’ombre de ce qu’il fut lui-même », dit Stefano Folli, du quotidien économique Il Sole 24 ore.


Reste que Silvio Berlusconi a déjà été donné pour mort de nombreuses fois... avant de rebondir. « Je ne meurs pas, même s’ils me tuent », a-t-il déclaré dans une interview accordée à l’hebdomadaire Panorama paraissant cette semaine.

 

 

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