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À La Une - Syrie / Armes chimiques

Consensus à l’ONU face à une « catastrophe humanitaire sans précédent »

À Damas, les inspecteurs de l’OIAC entament leur deuxième jour de mission.

Abattu par un sniper des forces du régime à Alep, cet enfant vient s’ajouter aux 115 206 personnes tuées pendant ces 30 mois de conflits sanguinaires. Karam al-Masri/AFP

À défaut de tout le reste, un nouveau consensus s’est dessiné hier au Conseil de sécurité sur une déclaration présidentielle exigeant un meilleur accès à l’ensemble du territoire syrien pour les agences humanitaires de l’ONU.
Face à « l’ampleur de (la) tragédie humanitaire », les quinze pays membres du Conseil de sécurité demandent ainsi aux autorités syriennes de « prendre immédiatement des mesures » pour lever les obstacles à la livraison de l’aide et pour autoriser notamment les convois d’aide de l’ONU venant de pays voisins à passer la frontière. La Russie, alliée du régime de Bachar el-Assad, était réticente à cet accès transfrontalier car l’aide parvient alors directement à des zones frontalières tenues par l’opposition dans le nord et l’est du pays. Mais elle n’a pas bloqué cette « déclaration présidentielle », moins contraignante qu’une résolution.


Si cette déclaration est pleinement appliquée, « nous serons en mesure d’atteindre deux millions de personnes supplémentaires que nous ne pouvons pas atteindre depuis des mois », s’est félicité la chef des opérations humanitaires de l’ONU Valérie Amos. Et pour l’ambassadeur australien Gary Quinlan, le Conseil se devait d’agir face à une « catastrophe humanitaire sans précédent ». La guerre en Syrie « crée un réfugié toutes les 15 secondes », a-t-il ajouté, alarmé. L’ambassadeur syrien Bachar Jaafari a quant à lui indiqué à la presse que Damas allait « étudier cette déclaration ».

 


 « La bonne voie »
Dans la capitale, les inspecteurs internationaux de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), chargés de superviser le démantèlement des armes chimiques syriennes dans le cadre d’une résolution historique de l’ONU, entamaient hier le deuxième jour d’une mission cruciale dans un pays en pleine guerre civile. Les 19 inspecteurs, arrivés la veille à Damas en compagnie de 14 membres du personnel de l’ONU, doivent commencer à répertorier un stock estimé à un millier de tonnes dont la destruction est prévue d’ici à mi-2014.
D’après un Vladimir Poutine plein d’optimisme, la communauté internationale est sur « la bonne voie » pour parvenir à la destruction des armes chimiques syriennes sans intervention militaire extérieure. Le président russe s’est notamment réjoui de la collaboration avec son homologue américain, Barack Obama, et d’autres dirigeants, « je crois que si nous continuons à agir de façon aussi coordonnée, il ne sera pas nécessaire de recourir à la force et d’accroître le nombre de personnes blessées et tuées en Syrie, un pays qui souffre depuis longtemps », a ajouté M. Poutine.

 

 

(Pour mémoire : À Alep, la laborieuse réouverture des écoles)

 


Rebelles vs jihadistes
Pendant ce temps, le régime poursuit sans relâche sa guerre contre les rebelles, bombardant hier leurs bastions dans le sud de la province d’Alep, pour tenter de créer une nouvelle route d’approvisionnement.


De violents combats ont aussi opposé les rebelles à des groupes jihadistes dans le nord de la Syrie, près de la frontière turque. L’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), affilié à el-Qaëda, avait pris en septembre le contrôle de la ville de Aazaz en chassant les rebelles syriens. Depuis, des accrochages se produisent régulièrement entre ces deux forces et des combats ont de nouveau éclaté hier, à l’expiration de l’ultimatum que l’EIIL avait posé aux rebelles de la brigade Tempête du Nord pour déposer les armes, rapporte l’Observatoire syrien pour les droits de l’homme. Cette brigade affiliée à l’ASL avait été la seule à tenir tête aux jihadistes.
« Il y a de très violents combats dans les faubourgs de Aazaz. L’EIIL a coupé les routes vers la Turquie et la situation est très tendue », a raconté un rebelle. Selon une autre source, les islamistes ont pris le contrôle d’une base et de deux points de contrôle des insurgés et ont avancé vers la frontière turque. Plusieurs combattants de l’EIIL auraient été tués.
Dans d’autres provinces du pays, les combats se sont poursuivis. Il y a eu des tirs d’artillerie et des bombardements aériens près de Damas, dans la province de Deraa, dans le sud du pays, dans les régions de Hama et de Homs, ainsi que dans celles d’Alep et d’Idleb.


C’est dans le cadre de ces violences inquiétantes que le Parlement turc devrait renouveler aujourd’hui pour une année supplémentaire le mandat qui autorise, si nécessaire, l’envoi de troupes turques en Syrie. Même son de cloche pour les Américains : recourir à la force reste une option si Bachar el-Assad manque à ses obligations concernant le démantèlement de son arsenal chimique, a averti hier le chef d’état-major de l’armée américaine, le général Ray Odierno.

 

(Pour mémoire : Les mille et une nuits de Damas pour oublier la guerre)

 


Les disparus forcés
De son côté, Amnesty International a exprimé hier ses inquiétudes sur le sort d’un avocat des droits de l’homme syrien, Khalil Maatouk, et de son collègue, Mohammad Thatha, « arrêtés alors qu’ils se rendaient à leur bureau à Damas », il y a un an.
« Les inquiétudes sur la santé de (Maatouk) augmentent. Il souffre d’une grave maladie pulmonaire et a de graves difficultés de respiration », assure cette organisation. Appelant les autorités à les relâcher « immédiatement et inconditionnellement », le directeur des programmes pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord Philip Luther a souligné que « les disparitions forcées sont un crime selon la loi internationale. Ils risquent d’être soumis à des tortures et des exécutions sommaires ».

 

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