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Liban - Tragédie

Une délégation dépêchée en Indonésie pour rapatrier les Libanais survivants et les corps identifiés

C’est avec une célérité inhabituelle que les autorités libanaises ont pris en main le dossier des naufragés libanais en Indonésie, la décision d’envoyer une délégation libanaise sur les lieux ayant été prise en moins d’une semaine.

C’est hier soir que la délégation, présidée par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ahmad Karamé, devait quitter le Liban en direction de l’Indonésie, après un retard qui a duré quelques heures lorsque l’un des membres de la délégation a constaté, en dernière minute, que son passeport n’était plus valide. L’avion a finalement décollé dans la soirée en direction de Djakarta.


La délégation est chargée de s’enquérir de la situation des Libanais qui ont survécu au naufrage qui s’est produit il y a une semaine en mer entre l’Indonésie et l’Australie, lieu de destination de 70 Libanais qui tentaient d’accéder illégalement à l’île australienne de Christmas, à bord d’une embarcation de fortune.


L’incident avait, rappelons-le, fait plusieurs morts dont 24 personnes déjà identifiées originaires du Akkar et de Tripoli, 21 autres personnes étant portées disparues à ce jour. Dix-huit Libanais ont survécu à ce drame.
C’est pour ramener ces derniers au bercail, mais aussi pour rapatrier les corps repêchés et assurer le suivi du dossier, que la délégation libanaise a été envoyée sur place. Elle regroupe, outre M. Karamé, le secrétaire général et des conseillers du Haut Comité de secours, le secrétaire général du Conseil supérieur de défense, le général Mohammad Kheir, un officier de la Sûreté générale, le capitaine Hussein Rahhal, et un médecin légiste. La délégation aura pour tâche de finaliser les formalités de rapatriement des survivants et de superviser les examens requis pour la reconnaissance des corps retrouvés, sachant que les examens de l’ADN des membres des familles concernées ont déjà été effectués par l’hôpital Saint-Joseph. Les résultats seront confrontés en Indonésie aux prélèvements faits sur les corps des victimes, dès l’arrivée de la délégation, pour pouvoir rapatrier les corps le plus tôt possible. Selon la MTV, le retour de la délégation est prévu jeudi prochain avec un certain nombre de Libanais.


Par ailleurs, Mou’taz Zreyka, l’envoyé spécial de l’ancien chef de gouvernement, Saad Hariri, en Indonésie, a tenu à rassurer les familles des victimes affirmant à la chaîne NTV qu’il a déjà rencontré 15 des survivants se trouvant à l’hôtel ». M. Zreyka, qui suit sur place le dossier, a assuré que les choses sont désormais sur « la bonne voie ».


À la charge de l’État
Pour sa part, le général Kheir a affirmé qu’une coordination avec les autorités indonésiennes a été mise en place, soulignant que ces dernières se sont engagées à faciliter toutes les démarches concernant les survivants ainsi que les formalités de ceux parmi les Libanais qui ont des problèmes de visa.
Le général a précisé que des passeports temporaires seront assurés à ceux qui en ont besoin, soulignant qu’un premier groupe de Libanais sera rapatrié dans les prochains jours.
Dans un entretien accordé au quotidien as-Safir, l’officier a assuré que l’État couvrira la totalité des frais encourus pour le rapatriement des survivants. Il a en outre précisé que le Haut Comité de secours couvrira les billets d’avion pour une vingtaine de Libanais qui se trouvent en Indonésie et qui veulent retourner au Liban, y compris ceux qui ne se trouvaient pas à bord du bateau qui a coulé, dont 6 prisonniers détenus par les autorités indonésiennes après l’expiration de leurs passeports.


Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Wafic Rhaymi, qui a présidé une réunion au palais Bustros regroupant les représentants des administrations concernées, a indiqué que les rescapés libanais se trouvent à l’hôtel en Indonésie où ils sont protégés de la mafia des passeurs par les autorités indonésiennes qui coordonnent avec l’Organisation internationale pour les migrations.
Le directeur général du département des émigrés aux AE, Haytham Jomaa, a tenu à préciser de son côté que les survivants du naufrage ne sont pas des « détenus ». Ils ont simplement été sollicités de répondre aux questions des autorités locales avant d’être relâchés, a-t-il clarifié.


L’enquête se poursuit
Alors que les préparatifs du voyage de la délégation libanaise se précisaient en cours de journée, l’enquête menée en parallèle pour déterminer les responsabilités et arrêter les membres de la mafia des passeurs se poursuivait frénétiquement.
La direction régionale de la Sécurité de l’État a ainsi réussi à démanteler l’un des réseaux d’immigration illégale les plus importants au Liban-Nord. L’institution a ainsi arrêté le dénommé M.T. de la localité de Kobeyyate, qui a reconnu avoir acheminé une soixantaine de Libanais du Akkar vers la Malaisie en attendant de les reconduire vers l’Australie.
Entre-temps, le naufrage du bateau en Indonésie semble avoir servi de leçon, ce qui a fini par dissuader le groupe qui attendait en Malaisie, a indiqué as-Safir. Le quotidien précise à ce propos que la Sûreté générale a remis à la Sécurité de l’État le dénommé A.T. qui a été arrêté à l’aéroport de Beyrouth dès son retour au Liban mardi soir.
Selon les informations qui ont filtré de l’enquête, M.T. et A.T. travaillent tous les deux pour le compte de l’Irakien Abou Saleh – principal responsable dans la tragédie du naufrage en Indonésie – que les forces de l’ordre cherchent à localiser.


Les investigateurs tentent par ailleurs de démanteler un autre réseau qui opère en Malaisie, dirigé par un certain Élie A. qui a fondé une agence de voyages fictive à Dekouané. Ce dernier collabore étroitement avec un certain Mohammad T. originaire de Mechmech, et Ahmad H. de Saïda, a rapporté le quotidien an-Nahar.
Ce bureau aurait déjà assuré le voyage de plus de 82 personnes, dont la famille Ali Taleb de Kobeyyate, la famille Khaled Nouh de Beit Ayoub, la famille Khodr Hamad de Sindiyané dans le Akkar, ainsi qu’un certain Abdel-Halim Raféi. L’ensemble du groupe a été expédié en Malaisie, avec la promesse de partir en Australie de manière illégale. Une fois parvenu en Malaisie, le groupe a perdu contact avec les passeurs qui se sont évaporés après avoir touché la somme de 10 000 dollars par personne.

 


La version australienne
Pointée du doigt à plusieurs reprises par les familles des victimes et les médias, l’Australie a livré hier sa version des faits. Lors d’une conférence de presse conjointe organisée à Sydney, le ministre australien de l’Immigration et de la Protection des frontières, Scott Morisson, et le commandant des forces de défense, le maréchal Mark Benskin, ont donné des précisions sur l’incident.
Les responsables ont affirmé que les autorités australiennes avaient en effet reçu un SOS de la part des naufragés, sauf qu’elles n’ont pas réussi à localiser le bateau sinistré après des recherches intensifiées auxquelles a pris part la flotte royale. L’officier a précisé que les informations obtenues pour l’heure par les autorités australiennes indiquent que 30 personnes ont trouvé la mort, 22 autres ayant été secourues.

 

 

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