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Politique - Décryptage

Bassil impose son emprise sur le CPL. Exit Bou Saab... et d’autres ?


Que se passe-t-il au sein du Courant patriotique libre ? Malgré l’actualité brûlante à Gaza et au sud du Liban, les tiraillements internes au sein de ce parti occupent une place importante dans les médias et les informations pleuvent, sans toutefois de confirmation officielle. Ce qui est sûr jusqu’à présent, c’est que le vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab, est sorti des rangs de ce parti suite à une décision du conseil des sages qui, dans la structure du parti, est l’organisme de décision dans ce genre de situation. Une plainte avait été déposée contre Bou Saab lorsqu’il avait ouvertement déclaré ne pas avoir respecté la décision du parti de voter en faveur du candidat Jihad Azour lors de la séance présidentielle du 14 juin. En réalité, il est fort probable que d’autres députés membres du bloc du Liban fort aient eux aussi voté en faveur d’autres candidats, mais ils ne l’ont pas déclaré ouvertement. Une enquête a été ouverte à ce sujet mais ses résultats n’ont pas été divulgués. La faute de Bou Saab était donc d’avoir clamé qu’il avait enfreint la décision du parti.

Selon plusieurs membres du CPL, Élias Bou Saab avait en effet reconnu dans le cadre d’une réunion générale qu’il n’a pas respecté les consignes du parti. Ce qui avait été considéré comme un défi ouvert, que le directoire ne peut pas tolérer car cela porterait un coup à sa crédibilité. L’affaire remonte donc à quelques mois. Pourquoi est-ce maintenant que la décision a été prise ? Pour certains, le retard est dû à la longueur de la procédure qui est couronnée par la décision finale du conseil des sages, mais pour d’autres, il fallait laisser un peu de temps aux tentatives de médiation, d’autant que le vice-président de la Chambre est une personnalité influente au sein du CPL, et même au-delà, en raison de l’éventail de ses relations arabes et internationales et de sa propre popularité.

Toutefois, selon des sources du CPL, les relations entre le chef du parti Gebran Bassil et Élias Bou Saab ont connu plusieurs secousses depuis que ce dernier avait été désigné ministre de l’Éducation dans le gouvernement présidé par Tammam Salam de février 2014 à décembre 2016, à la demande de Michel Aoun. Après les législatives de 2018, à l’issue desquelles il a été élu député, Bou Saab a été aussi nommé ministre de la Défense dans le gouvernement présidé par Saad Hariri, puis, après les législatives de 2022, il a choisi de présenter sa candidature pour la vice-présidence de la Chambre, alors que Bassil n’était pas favorable à cette idée, craignant que cette fonction n’oblige le CPL à faire des concessions au chef du législatif, Nabih Berry, avec lequel il était en conflit sur plusieurs dossiers. Bou Saab a maintenu sa candidature malgré l’avis de Bassil, et ce dernier n’a plus eu d’autre choix que de pousser le bloc du Liban fort à voter en sa faveur. Le plus ironique dans cette histoire, c’est que la décision de mettre Bou Saab hors du CPL est intervenue au moment où ce parti, en la personne de son chef, cherche à se rapprocher de Berry et à ouvrir une nouvelle page dans les relations avec lui...

En tout cas, la candidature de Bou Saab à la vice-présidence de la Chambre est un exemple des tensions non seulement entre lui et Bassil, mais aussi entre ce dernier et plusieurs personnalités du CPL qui se considèrent comme des pionnières du parcours « aouniste » depuis les manifestations populaires au palais de Baabda à la fin des années 1980. Ces personnalités estiment ainsi qu’elles ont commencé la lutte aux côtés du « général » (Michel Aoun) avant Bassil lui-même et qu’elles ont beaucoup donné au CPL. Par conséquent, elles considèrent avoir droit à une certaine considération, à défaut d’avoir de l’autonomie. Dans ce contexte où l’émotion se mélange à l’ego et aux aspirations, il est difficile pour Bassil d’imposer son autorité. Certes, selon ses proches, il considère que la diversité est une richesse au sein du parti et que les discussions sont certainement plus fructueuses lorsqu’elles ont lieu entre des personnes d’avis différents, mais une fois la décision prise, celle-ci doit être respectée. C’est pourquoi, selon ses proches, lorsqu’elle ne l’est pas, cela signifie pour lui que son autorité est contestée. C’est d’autant plus inacceptable pour lui qu’il considère, toujours selon ses proches, être la cible d’une campagne féroce qui vise non seulement à « l’assassiner politiquement », mais aussi à détruire tout l’héritage aouniste. Car, selon ses membres, ce parti s’est voulu comme un modèle nouveau, un parti moderne, loin de l’idée traditionnelle de « la tribu » qui constitue l’esprit des partis traditionnels libanais, même s’il est construit autour de l’image du fondateur, en l’occurrence Michel Aoun.

Bassil voudrait aujourd’hui imposer son autorité sur l’ensemble du parti pour, selon ses partisans, préserver « l’esprit aouniste », quitte à devoir pousser vers la sortie certaines figures marquantes de ce « parcours ». Il voudrait le faire le plus rapidement possible, car plus il prend du temps et plus son autorité sera érodée, et sa mission en tant que président du parti deviendra plus difficile. C’est donc pour cette raison que le processus de demande de comptes au sein du parti s’accélère actuellement, et des rumeurs circulent sur le fait qu’après Bou Saab, ce sera le tour d’autres « grosses têtes ». On parle ainsi du député Alain Aoun et certains annoncent même « une purge » prochaine. Bou Saab, lui, refuse de commenter sa mise à l’écart du parti. Il ne commente pas non plus l’ouverture de Bassil en direction de l’ancien vice-président du Conseil, Élias Murr, que certains considèrent comme le début d’une alliance électorale au détriment de Bou Saab lui-même. Il se contente d’affirmer qu’il compte poursuivre sa carrière politique et qu’il ne sera pas dans le camp hostile au CPL. Mais ce qui est sûr, c’est que le CPL traverse actuellement une étape cruciale qui déterminera son rôle et son poids pour les prochaines années.

Que se passe-t-il au sein du Courant patriotique libre ? Malgré l’actualité brûlante à Gaza et au sud du Liban, les tiraillements internes au sein de ce parti occupent une place importante dans les médias et les informations pleuvent, sans toutefois de confirmation officielle. Ce qui est sûr jusqu’à présent, c’est que le vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab, est sorti des...
commentaires (2)

Inéluctablement, le CPL sous sa forme actuel, disparaîtra un jour. On verra éclore un parti dirigé par Gebran Bassil qui sera façonné à son image et une multitude de groupuscules formés des vétérans nostalgiques du Aounisme. Le tout, ne pèse pas lourd par rapport aux autres partis chrétiens si du moins ils étaient un peu plus intelligents pour s’unir au lieu de se chamailler comme des chiffonniers pour des questions d’ego de chefs. Malheureusement, le libanais de base n’a pas de conviction politique mais est fasciné par un chef qu’il idéalise

Lecteur excédé par la censure

08 h 43, le 09 mai 2024

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Commentaires (2)

  • Inéluctablement, le CPL sous sa forme actuel, disparaîtra un jour. On verra éclore un parti dirigé par Gebran Bassil qui sera façonné à son image et une multitude de groupuscules formés des vétérans nostalgiques du Aounisme. Le tout, ne pèse pas lourd par rapport aux autres partis chrétiens si du moins ils étaient un peu plus intelligents pour s’unir au lieu de se chamailler comme des chiffonniers pour des questions d’ego de chefs. Malheureusement, le libanais de base n’a pas de conviction politique mais est fasciné par un chef qu’il idéalise

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 43, le 09 mai 2024

  • Il est évident que se rapprocher du sinistre Berri est loin de plaire à tout le CPL !

    Chucri Abboud

    01 h 10, le 09 mai 2024

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