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À La Une - Reportage

Au fin fond du Pakistan, la vie dans les ruines après le séisme

A Gajjar, les rebelles aident les habitants.

AFP PHOTO/ Banaras KHAN

Gajjar n'est plus que ruine. Les maisons en brique de boue se sont toutes effondrées dans cette petite ville reculée du Pakistan martyre d'un puissant séisme où les premiers secouristes arrivés sont les rebelles locaux.

 

Les décombres s'étirent à l'horizon dans cette commune de 7.000 habitants, ravagée mardi par un séisme de magnitude 7,7 ayant secoué le sol aride et rocailleux du Baloutchistan (sud-ouest), province la plus pauvre du Pakistan, et tué plus de 350 personnes.

 

Ici, à Gajjar, les maisons se sont toutes affaissées. Seuls les bâtiments en dur comme les officines gouvernementales, le lycée et l'hôpital ont tenu bon. Enfin, presque bon. Lézardés, ils menacent à chaque instant de céder.

 

Des docteurs venus de Quetta, la capitale provinciale, à une dizaine d'heures de route, ont improvisé une clinique de brousse pour soigner les blessés dans cette ville reculée où presque tout le monde connaît un proche retrouvé mort sous les débris.


(Lire aussi : Au Pakistan, les rescapés du séisme attendent toujours de l’aide)

Aide improvisée

Abdul Raziq a perdu sa soeur et ses deux enfants dans l'effondrement de sa maison, Wazir Ahmad sa femme et cinq autres membres de sa famille.

"Lorsque la terre a tremblé, je suis sorti de la maison en courant. J'ai vu un épais nuage de poussière et entendu des gens crier au secours. Mon beau-père criait +mon dieu+, +mon dieu+, et appelait à l'aide", souffle Wazir, la mi-trentaine. Son beau-père a plus tard été retrouvé mort sous les décombres.

S'il ne peut compter sur l'aide du gouvernement, Wazir s'en remet à ses proches. "Le gouvernement ne nous a fourni aucune aide d'urgence jusqu'à présent, l'aide vient en fait de nos familles et de nos amis qui viennent nous transmettre leurs condoléances", dit-il.

 

A Gajjar, comme ailleurs au Baloutchistan, des villageois ont improvisé des tentes avec des morceaux de bois et de tissus pour se protéger du soleil de plomb, alors que d'autres passent leurs jours et leurs nuits sans abri.

 

Un commerçant épuise gratuitement ses stocks de riz, de biscuits, de croustilles et de farine, une pharmacie rudimentaire renaît des décombres pour distribuer des médicaments, des villageois cueillent des dattes pour se nourrir, ou puisent l'eau d'un torrent à proximité.

"Nous avons déjà distribué 25.000 paniers alimentaires faisant 53 kilos chacun, plus de 25.000 tentes et 6.000 couvertures aux zones affectées", explique un responsable de l'Autorité pakistanaise de gestion des catastrophes.

 
(Lire aussi : Le puissant séisme au Pakistan donne naissance... à une "île")

Présence des rebelles baloutches

Mais à Gajjar, les habitants n'ont rien reçu du gouvernement. Dans cette commune reculée, ce sont des membres du Mouvement national pour le Baloutchistan (BNM), une organisation militant pour la sécession de la province et membre du Front de libération du Baloutchistan (BLF) qui ont ouvert un kiosque pour offrir une aide limitée.

 

Le Baloutchistan, province d'environ neuf millions d'habitants, aussi vaste que l'Italie, largement sous-développée malgré ses gisements d'or, de cuivre, de zinc et ses réserves de gaz naturel flirte depuis la création du Pakistan, en 1947, avec l'idée de son indépendance.

 

Aujourd'hui, les autorités pakistanaises affirment avoir de la difficulté à atteindre des régions isolées de la province en raison certes des infrastructures déficientes mais aussi de la présence sur le terrain des rebelles baloutches.

 

L'armée pakistanaise avait d'ailleurs accusé jeudi les rebelles du BLF d'avoir tiré deux roquettes en direction de l'hélicoptère du chef des opérations de secours au Baloutchistan.

 

Malgré les retards, les habitants de Gajjar ne semblent pas compter sur la seule aide des rebelles et attendent toujours celle du gouvernement. "Notre vie est misérable. Nous dépendons maintenant des autres pour nous nourrir. Il sera difficile de survivre si l'aide gouvernementale ne vient pas", lâche Munir Ahmad, un des seuls ici dont toute la famille est sortie indemne des ruines.

Gajjar n'est plus que ruine. Les maisons en brique de boue se sont toutes effondrées dans cette petite ville reculée du Pakistan martyre d'un puissant séisme où les premiers secouristes arrivés sont les rebelles locaux.
 
Les décombres s'étirent à l'horizon dans cette commune de 7.000 habitants, ravagée mardi par un séisme de magnitude 7,7 ayant secoué le sol aride et rocailleux du...
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