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À La Une - Communautés

Maaloula au coeur d'un sommet chrétien à Bkerké

Rentré hier de Rome, Béchara Raï recevra aujourd’hui le patriarche Sako des chaldéens ; ce dernier a dénoncé hier le plan visant à morceler le Moyen-Orient en entités confessionnelles ou ethniques.

Le patriarche Louis Raphaël Sako, à son arrivée mercredi au Liban. Photo Marwan Assaf

Un sommet chrétien impromptu se tiendra aujourd’hui au siège patriarcal maronite, à Bkerké, à l’occasion de la visite au Liban du patriarche des chaldéens, Louis Raphaël Sako. Tous les patriarches orientaux, catholiques et orthodoxes, ou leurs représentants, participeront à ce sommet, au cours duquel les grands problèmes de l’heure seront abordés. Il sera notamment question de Maaloula, de la présence chrétienne en terre d’Orient, de l’avenir d’une région qui semble avoir été plongée dans un accélérateur de particules, dans un projet de fission de ses composantes. Les patriarches orthodoxe et catholique commenceront par se réunir séparément, avant de se rejoindre dans la grande salle de réunion du siège patriarcal.
Selon une source ecclésiastique à Bkerké, les patriarches Raï et Sako prépareront ainsi un peu mieux la réunion commune qu’ils doivent avoir en novembre, avec le pape François.

 

(Lire aussi : Raï a remis au pape François un rapport exhaustif sur la situation régionale)


 

Sako « très inquiet »
À la veille du sommet de Bkerké, le patriarche chaldéen a accordé un entretien à L’Orient-Le Jour, dans lequel il a déploré la baisse dramatique du nombre des chrétiens en Irak. « L’exode a commencé avant l’invasion de ce pays, a-t-il affirmé, à l’époque du blocus qui a duré 8 ans, et au cours duquel nous avons été réduits à manger du pain noir. Aujourd’hui, il ne reste plus grosso modo que le tiers des 1,5 million de chrétiens qui se trouvaient en Irak avant la guerre du Golfe, puis l’invasion de l’Irak. Et l’exode se poursuit, en raison de l’instabilité chronique qui marque la vie de ce pays, où des attentats se produisent quotidiennement, fauchant des dizaines de vies. Nous sommes très inquiets. »

 

Un déplacement volontaire de la population chrétienne vers la région autonome du Kurdistan semble s’être produit, qui a mis des centaines de familles chrétiennes à l’abri. Va-t-on vers une indépendance de cette région ? Le patriarche des chaldéens ne répond pas directement à cette question. Il laisse entendre que l’argent et la stabilité ont en effet aidé le Kurdistan à devenir une région prospère. Et de s’interroger sur la volonté finale des maîtres du monde qui chercheraient, dans leur machiavélisme, à faire éclore un » nouveau Moyen-Orient « éclaté en entités ethniques ou religieuses homogènes, et dont l’Irak serait aujourd’hui le laboratoire avec un nord kurde, un centre sunnite et un sud chiite, l’exode forcé des populations se faisant à coups de voitures piégées explosant dans les souks et aux entrées de mosquées. Le patriarche Sako ne peut s’empêcher de faire remarquer qu’un plan similaire à la politique de la terre brûlée semble être en cours d’exécution en Syrie.

 

(Lire aussi : A Maaloula, le couvent de Mar Takla "vit des jours douloureux")



Politisation de la violence
Pour le chef spirituel des chaldéens, les communautés chrétiennes sont pacifiques et recherchent l’harmonie sociale. Toutefois, ajoute-t-il, elles sont souvent victimes de la guerre que se livrent sunnites et chiites dans le monde arabe. Et certaines des violences qu’ils subissent sont en fait des manipulations guerrières destinées, par ceux qui les planifient, à les gagner à leur cause. C’est peut-être le cas à Maaloula, opine-t-il, déplorant « la politisation » de la violence.
Enfin, le patriarche des chaldéens se plaint de ce que certains pays tentent les chrétiens orientaux avec des visas d’émigration, comme pour compléter le travail que la guerre aura fait. Il se présente comme un farouche partisan de l’attachement des chrétiens orientaux à leurs patries. « Où qu’ils se trouvent, les chrétiens ne devraient pas émigrer, insiste-t-il. Ce serait une dérobade et une perte d’identité. Dans les pays d’émigration, leur rôle et leur histoire disparaîtront ; ils seront condamnés à être des émigrés et des réfugiés, alors qu’ici, ils ont une identité et une histoire. »

 

(Pour mémoire : "Dieu, protège la Syrie" : les chrétiens de Damas prient à l'appel du pape)



Raï : « Une très belle occasion »
Le sommet chrétien de Bkerké se tiendra en présence du patriarche Raï, rentré hier d’un séjour de deux semaines à Rome, où il a rencontré le pape et participé aux travaux du Conseil pontifical pour les communications sociales.
Sur le sommet chrétien d’aujourd’hui, le patriarche a précisé qu’il servira « à définir conjointement, entre catholiques et non-catholiques, notre service à nos patries et notre engagement à œuvrer pour la justice, la paix, la fraternité et la convivialité. C’est une très belle occasion pour nous ». « Naturellement, a-t-il ajouté, quand l’occasion se présentera, nous tiendrons aussi un sommet islamo-chrétien ; entre-temps, les contacts permanents entre nous en tiendront lieu. »
Enfin, le patriarche Raï s’est réjoui de ce qu’avant son départ, hier pour le Vatican, le patriarche orthodoxe, qui avait rencontré le directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim, a cru pouvoir annoncer la prochaine libération des deux évêques grec-orthodoxe et syriaque-orthodoxe d’Alep, pris en otages depuis quelques mois. Sur sa lancée, le patriarche a souhaité la libération de tous les otages, y compris des deux malheureux pilotes de ligne turcs.

 

 

Pour mémoire

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