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À La Une - L'homme de la semaine

Heinz Christian Strache, l'homme qui veut secouer la politique autrichienne

A quelques jours des législatives, le dirigeant du principal parti d'extrême droite déterminé à briser la domination des grands partis du centre.

Heinz Christian Strache, dirigeant du principal parti d'extrême droite en Autriche. Photo Reuters.

"Je suis différent, j'ai mon propre caractère et ma propre personnalité" : Heinz Christian Strache, dirigeant du principal parti d'extrême droite en Autriche, refuse d'être comparé à Jörg Haider, son charismatique prédécesseur qui avait provoqué un scandale en faisant l'éloge de la politique du travail d'Adolf Hitler et fait entrer son parti au gouvernement.


Mais si l'ancien prothésiste dentaire de 44 ans présente une image plus lisse que son ancien rival, il partage la même détermination à vouloir briser la domination des grands partis du centre, à grand renfort de diatribes contre les immigrés ou les demandeurs d'asile.


Avec environ 20% des intentions de vote dans les sondages, son parti nationaliste "FPÖ" (Freedom Party of Austria) pourrait améliorer son score d'il y a cinq ans (17,5%) aux élections législatives de ce dimanche.

Jörg Haider, juriste de formation, avait lui aussi obtenu un cinquième des suffrages en 1999 avant de négocier l'entrée de son parti en février 2000 dans un gouvernement avec l'ÖVP (Parti populaire), la grande formation de centre droit, sous la direction du chancelier Wolfgang Schüssel.


L'alliance avait entraîné des protestations parfois violentes en Autriche et en dehors du pays, qui s'est retrouvé au ban de l'Union européenne (UE) pendant six mois. Israël avait rappelé son ambassadeur.

Quand Jörg Haider s'est tué en voiture après une soirée apparemment trop arrosée en 2008, son mouvement n'était plus dans le gouvernement. Il avait quitté le FPÖ en 2005 pour créer un nouveau parti, l'Alliance pour l'avenir (BZÖ).
Alors que ce dernier n'est pas assuré d'entrer au Parlement à l'issue du scrutin de dimanche, le FPÖ de Strache talonne le parti conservateur, deuxième parti d'Autriche, derrière les sociaux-démocrates.

 


"Amour du prochain"
A l'instar d'autres mouvements populistes en Europe, comme le Front national en France ou la Ligue du Nord en Italie, le FPÖ de Heinz Christian Strache dénonce un pouvoir jugé démesuré de Bruxelles et une élite politique qui a perdu le contact avec la population: "L'Europe va dans la mauvaise direction", estime-t-il. "Tout est centralisé et les gens ne veulent pas de ça (...) Ils veulent leur patrie, leur culture, leur identité".

 

Lors de sa campagne, il a prêché "l'amour du prochain" - mais à condition que ce prochain soit de nationalité autrichienne - faisant grincer des dents dans ce pays très catholique. "Je n'ai rien contre ceux qui sont prêts à s'intégrer, à travailler dur et à payer leur impôts", prend-il toutefois soin d'affirmer.


Avec son sourire impeccable et ses yeux bleus, "HC", comme il aime se faire appeler, séduit l'électorat jeune. Dans une étude, le centre de réflexion britannique Demos avait souligné l'habileté du FPÖ à utiliser Facebook pour "amplifier son message, recruter et s'organiser".

"Ce parti n'est pas contre les étrangers. Il veut juste que les étrangers s'adaptent et s'intègrent", déclare un jeune partisan du FPÖ en distribuant prospectus et briquets lors d'un rassemblement à Vienne. Il a souhaité parler sous couvert de l'anonymat.


Malgré ses succès, "HC" pâtit toujours de la comparaison avec Jörg Haider et tous les grands partis excluent une coalition gouvernementale avec le FPÖ.

"Quand il s'agissait de s'entendre avec les autres, Haider était complètement différent", indique à l'AFP David Pfarrhoher, de l'institut de sondage Market. "Les chaussures de Haider sont trop grandes pour Strache", juge-t-il.


Un avis que semble partager Sylvia, 50 ans, venue se recueillir près de la stèle érigée à la mémoire de l'ancien dirigeant d'extrême droite, sur les lieux même de son accident. Pour elle, Jörg Haider était définitivement "un grand homme". "Mais, Strache a raison en ce qui concerne les étrangers", dit-elle.

 

Pour mémoire

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Mais si l'ancien...

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