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À La Une - Terrorisme

La police tente de libérer les otages des shebab à Nairobi

Des Israéliens aident les forces de l’ordre kenyanes ; le bilan s’élève à 68 morts et un nombre indéterminé d’otages.

Les corps de victimes tuées par les shebab gisent à terre dans une cafétéria du Westgate Mall à Nairobi. Goran Tomasevic/Reuters

Les forces de l’ordre kényanes ont lancé hier soir un assaut contre les islamistes retranchés dans un centre commercial de Nairobi, le Westgate, avec pour objectif de les neutraliser « dans la nuit ». À l’heure de mettre sous presse, les combats se poursuivaient. « Certains assaillants sont toujours armés, lancent des grenades et tirent sur les policiers », a indiqué une source policière. Selon la Croix-Rouge, « neuf corps » supplémentaires ont été découverts lors de l’assaut, lancé alors que la nuit tombait sur la capitale kényane. Le bilan de l’attaque islamiste, qui a débuté samedi, grimpe ainsi à 68 morts.


Selon un militaire kényan, les forces de l’ordre avaient échoué plus tôt hier, dans un précédent assaut, à neutraliser les islamistes, qui détiennent un nombre encore indéterminé d’otages. Plus de 1 000 personnes ont été secourues depuis samedi à la mi-journée dans le centre commercial de luxe, bondé de Kényans et d’expatriés venus faire leurs courses du week-end ou attablés à la terrasse de cafés et de restaurants. Une source sécuritaire, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a évoqué la présence d’agents israéliens aux côtés des forces kényanes pour tenter de venir à bout du commando – le Westgate Mall est réputé être en partie la propriété d’Israéliens. Un responsable israélien a, lui, laissé entendre qu’il pourrait davantage s’agir d’un appui logistique que d’une intervention armée à proprement parler.


Plusieurs étrangers, dont deux Françaises, trois Britanniques, un Sud-africain, une Sud-Coréenne, une Néerlandaise, un Péruvien et deux Indiens ont été tués dans l’attaque, ainsi qu’un célèbre poète et homme d’État ghanéen, Kofi Awoonor.
Des Américains et de nombreux autres Occidentaux – cibles privilégiées des assaillants – figurent parmi les blessés, estimés à 175 par Nairobi.


Le président kényan, Uhuru Kenyatta, a annoncé que son neveu et la fiancée de ce dernier figuraient parmi les personnes tuées. Les responsables de l’attaque « devront payer pour leurs actes ignobles et bestiaux », a-t-il menacé. Toute la journée, les blessés ont continué d’arriver dans les hôpitaux des alentours.

 

Panique à l'intérieur du centre commercial assiégé. NICHOLE SOBECKI/AFP

 


Les intérêts israéliens visés
Le commando islamiste a pénétré samedi en début d’après-midi dans le centre commercial, ouvrant le feu à l’arme automatique et à la grenade sur la foule des clients et employés du centre. Jusque dans la soirée, alors que les affrontements se poursuivaient, clients apeurés et employés traumatisés, piégés dans le centre, ont continué d’en émerger par petits groupes, au fur et à mesure de la lente progression des forces de l’ordre. Blessés et cadavres ensanglantés ont été évacués par les services de secours. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier à Nairobi depuis une attaque-suicide d’el-Qaëda en août 1998 contre l’ambassade des États-Unis, qui avait fait plus de 200 morts.


Des intérêts israéliens au Kenya ont déjà été la cible d’attaques revendiquées par el-Qaëda : en 2002, un attentat-suicide mené par trois kamikazes contre un hôtel fréquenté par de nombreux touristes israéliens avait tué 12 Kényans et trois touristes israéliens près de la ville côtière de Mombasa. Presque simultanément, un avion israélien avec 261 passagers à bord avait échappé de peu aux tirs de deux missiles à son décollage, également à Mombasa.

 

SIMON MAINA/AFP


L’attaque du Westgate a été revendiquée samedi soir par les insurgés islamistes somaliens, les shebab, liés à el-Qaëda, qui l’ont présentée comme une opération de représailles à l’intervention des troupes kényanes en Somalie. Ouvert en 2007, le Westgate abrite restaurants, cafés, banques, un grand supermarché et un cinéma multiplexe qui attirent des milliers de personnes chaque jour. Dans une capitale connue comme le « hub » de l’Afrique de l’Est, où vivent de nombreux expatriés rayonnant dans toute la région, l’endroit était régulièrement cité par les sociétés de sécurité comme une cible possible de groupes liés à el-Qaëda comme les shebab.

Ils tiraient dans le tas
Une employée du centre commercial, Zipporah Wanjiru, qui a réchappé à l’attaque en se cachant sous une table, a raconté en larmes que les agresseurs « tiraient dans le tas. C’était comme un film de voir les gens sous des pluies de balles comme ça ». « Je servais des clients quand ces hommes sont arrivés », a renchéri un autre employé, Titus Alede. « Ils ne voulaient pas d’argent, ils tiraient sur les gens sans rien demander... Ils ont dit : Vous avez tué notre peuple en Somalie, c’est à votre tour de payer. »
Washington a dénoncé un acte « ignoble », la présidence française un « lâche attentat » unanimement condamné par le Conseil de sécurité de l’ONU.
En outre, le vice-président kényan, William Ruto, a demandé un ajournement de son procès devant la Cour pénale internationale pour revenir gérer la crise. Sa demande devrait être examinée ce matin. M. Ruto est jugé pour son rôle présumé dans les violences postélectorales kényanes de fin 2007-début 2008, qui avaient fait plus de 1 000 morts.

 

 

Pour mémoire

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