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À La Une - Société civile

« Journalistes contre la violence » : un combat quotidien contre la violence morale et physique visant la presse et les médias

Depuis 2008, « Journalistes contre la violence » s’est donné pour mission d’élever la voix pour condamner les atteintes à la liberté de la presse.

Michel Hajji Georgiou.

Fondée en 2008, à la suite des attaques contre les locaux de la Future TV et du quotidien al-Mustaqbal, l’ONG libanaise « Journalistes contre la violence » œuvre pour défendre les libertés culturelles et combattre toute forme de violence physique ou morale contre les journalistes. Cette mission prend tout son sens au Liban ; un pays où les atteintes contre les journalistes sont devenues monnaie courante durant les dernières années.


Pour les membres fondateurs de Journalistes contre la violence, Michel Hajji Georgiou et Charles Jabbour – aux côtés de Omar Harkouss et Pierre Atallah –, il était temps d’élever la voix pour défendre les libertés culturelles et d’expression, dans un climat politique se faisant de plus en plus « permissif » aux attaques contre les journalistes. Ainsi, selon Michel Hajji Georgiou, plusieurs journalistes assassinés ou agressés avaient été victimes « de campagnes de dénigrement » préalables, menées aussi bien par les politiques que les médias, « banalisant » ainsi l’acte d’agression, et ouvrant de ce fait la voie à l’élimination physique.


L’action de l’ONG consiste essentiellement à publier des communiqués de manière systématique, pour dénoncer toute agression dont pourraient être victimes les journalistes, et pour stigmatiser plus généralement toute atteinte aux libertés culturelles. Pour Charles Jabbour, cette action soutenue et cette réactivité ont permis à l’ONG d’acquérir une certaine notoriété au sein des milieux de la presse, et de s’imposer comme « une source d’information fiable », à laquelle les différentes rédactions ont recours pour s’informer des atteintes commises contre des journalistes.


Récemment, suite à l’attentat dans la banlieue sud de Beyrouth, l’ONG a appelé les Libanais à l’unité et à la recherche d’un « compromis historique », comme seule issue pour sortir le Liban de la crise actuelle. Dans un appel, l’ONG a invité l’ensemble des Libanais, y compris les médias, à se rassembler autour de l’institution présidentielle, « symbole de l’État et de la légitimité », selon elle, et à respecter la déclaration de Baabda, censée garantir « la sécurité et les intérêts » de tous les Libanais. Les organes de presse ont également été appelés à contribuer à l’apaisement des tensions et à respecter une certaine éthique professionnelle basée sur le respect et la modération des propos. Cette initiative s’inscrit au cœur même de la mission de l’ONG, qui dit œuvrer à la préservation d’un Liban démocratique et pluriel, et plus largement à la promotion d’une « culture de la paix ».

Proche du 14 Mars, mais sans affiliation partisane
Mais l’action de l’ONG ne se limite pas simplement à dénoncer et à condamner les diverses formes de violences par le biais de communiqués : elle comprend également d’autres formes d’initiatives. Ainsi, durant les dernières années, plusieurs conférences ont été organisées, comme le colloque pour « La défense des libertés et le rejet de la violence », le 7 mai 2010. Cette conférence, organisée en collaboration avec le centre SKeyes, a réuni journalistes et personnalités, parmi lesquels les ministres (à l’époque) Tarek Mitri et Ibrahim Najjar, des politiques comme Marwan Hamadé ou Samir Frangié, des universitaires comme Hassan Tabet-Rifaat, Antoine Courban et Chawki Azouri, des militants des droits de l’homme à l’instar de Waël Khair et Jean-Pierre Katrib, ou encore des journalistes comme Omar Harkous et May Chidiac, qui ont tous apporté leurs témoignages et leur lecture concernant les moyens de lutter contre la violence.


Cette conférence avait pour but de lancer un cri de révolte contre toute forme de violence physique ou morale, et d’appeler à la fin des agressions contre les journalistes. Plus récemment, une conférence portant sur la question de la censure et de l’autocensure a été organisée ; un thème plus que jamais d’une brûlante actualité au Liban.


L’ONG, dont l’engagement est principalement orienté vers la défense des journalistes toutes appartenances politiques confondues, affiche cependant une proximité sans ambiguïté avec les forces du 14 Mars, ce qui pourrait faire douter certains de l’objectivité et du professionnalisme de son action. Pour Charles Jabbour, l’alignement « affiché et assumé » sous la bannière du 14 Mars n’émane pas d’une affiliation partisane mais s’est exprimé « naturellement » du fait, selon lui, que « le 14 Mars est en première ligne, en termes de défense des libertés ». Toujours selon M. Jabbour, cet engagement politique n’entre aucunement en conflit avec le professionnalisme de rigueur de l’ONG, qui l’a par ailleurs prouvé en condamnant des atteintes perpétrées contre des journalistes proches du 8 Mars.

Michel Hajji Georgiou : pour un Liban pluriel
Pour Michel Hajji Georgiou, l’action de cette ONG se distingue d’autres organisations « purement droit de l’hommiste » du fait de son engagement politique. Cette prise de position publique s’exprime par un engagement « en faveur d’un Liban pluriel et démocratique, et contre toute partie voulant remettre en question cette image », en référence notamment au régime syrien et au Hezbollah.


Durant ces dernières années, des initiatives similaires à Journalistes contre la violence ont émergé. En novembre 2007 a été établi le centre « SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture », dont l’action s’étend aux autres pays du Proche-Orient (Syrie, Palestine, Jordanie), et, plus récemment, l’ONG March qui milite contre toutes les formes de censure au Liban a vu le jour. L’existence de plusieurs ONG dont l’action peut sembler similaire s’explique, selon Charles Jabbour, par la situation inquiétante concernant les libertés au Liban, ce qui justifie, selon lui, l’émergence de nombreuses initiatives spontanées. Toujours selon M. Jabbour, la multiplication des initiatives ne peut être que positive et pourrait donner plus de poids au combat pour la défense des libertés.

 

 

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