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À La Une - Conflit

Syrie : Après l'accord de Genève, tout reste à faire

Kerry maintient la pression ; réunion tripartite à Paris aujourd’hui.

John Kerry (à gauche) se trouvait hier à Jérusalem pour discuter avec Benjamin Netanyahu de la crise syrienne notamment. Larry Downing/AFP

Le régime de Damas a salué hier comme « une victoire pour la Syrie » l’accord russo-américain sur le démantèlement de ses armes chimiques. Dans une première réaction officielle du régime de Damas, le ministre syrien de la Réconciliation, Ali Haïdar, a « salué » l’accord conclu samedi, qualifié de « satisfaisant » par un haut responsable syrien, en soulignant qu’il « aide les Syriens à sortir de la crise » et « a permis d’éviter la guerre contre la Syrie, ayant privé d’argument ceux qui voulaient la déclencher ». « C’est une victoire pour la Syrie, remportée grâce à nos amis russes », a-t-il ajouté dans une interview à l’agence publique russe RIA-Novosti.

 

 

(Repère : Principaux points de l'accord russo-US sur l'élimination des armes chimiques syriennes)

 


De son côté, le ministre syrien de l’Information Omran el-Zouni a affirmé hier que la Syrie appliquera le plan américano-russe de démantèlement de son arsenal chimique une fois qu’il aura été approuvé par l’ONU, et elle a commencé à établir la liste de ces armements. Annoncé samedi par le secrétaire d’État américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov, l’accord fixe des échéances précises au régime syrien : Damas a une semaine pour présenter une liste de ses armes chimiques, et celles-ci doivent être enlevées et détruites d’ici à la fin du premier semestre 2014. Le processus doit être fixé dans une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU mentionnant le chapitre VII de la Charte qui ouvre la voie à de possibles sanctions, y compris un recours à la force en cas de manquement du régime syrien à ses engagements. Mais ce point reste encore entouré d’ambiguïtés, et les conditions de la mise en œuvre de l’accord donnent lieu à d’intenses tractations diplomatiques.

 

(Lire aussi : Les rebelles crient leur mépris pour Obama et la communauté internationale)

 


Scepticisme israélien
Considéré comme une avancée par la Ligue arabe, l’Iran ou encore de nombreuses capitales, dont Pékin – où se trouvait hier le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius – et qui depuis plus de deux ans opposait une fin de non-recevoir aux appels internationaux à exercer davantage de pression sur le régime de Bachar el-Assad, cet accord suscite moins d’enthousiasme en Turquie et en Israël. De Jérusalem, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a reconnu hier que le démantèlement de l’arsenal chimique syrien rendrait la région « beaucoup plus sûre ». « Pour que la diplomatie ait une quelconque chance de réussir, elle doit être accompagnée d’une menace militaire crédible (...). Ce qui est vrai pour la Syrie l’est aussi pour l’Iran », a-t-il estimé, après sa rencontre avec M. Kerry. Ce dernier venait d’ailleurs d’affirmer que la menace d’une action militaire américaine en Syrie reste « réelle », lors d’une conférence de presse commune avec son homologue israélien. Le secrétaire d’État s’exprimait à l’issue de quatre heures de discussions avec M. Netanyahu, au cours desquelles l’accord américano-russe sur l’arsenal chimique syrien a été évoqué, ainsi que les négociations de paix en cours entre Israéliens et Palestiniens. Il a d’ailleurs décrit l’accord russo-américain de Genève comme un « cadre et non un accord final », mais qui a « l’entière capacité d’éliminer toutes les armes chimiques de Syrie ».

 

 

(Lire aussi: Kerry et Lavrov, un couple diplomatique inattendu)

 


Même son de cloche pour le président français François Hollande : « Je considère que c’est une étape importante, mais ce n’est pas le point d’arrivée (...). L’option militaire doit demeurer, sinon il n’y aura pas la contrainte », a-t-il affirmé. Le chef d’État a également rappelé qu’il recevrait aujourd’hui John Kerry, son homologue britannique William Hague, ainsi que Laurent Fabius, qui se trouvait en visite hier à Pékin. « Nous allons mettre en forme la prochaine résolution du Conseil de sécurité » qui portera sur l’accord russo-américain, a-t-il indiqué.
L’opposition syrienne, qui avait exprimé sa frustration après l’accord, a pour sa part appelé la communauté internationale à imposer également au régime syrien une interdiction d’utiliser les missiles balistiques et l’aviation contre les civils.

 

(Lire aussi : Un an pour démanteler l’arsenal chimique syrien ? Les experts sceptiques...)


Sur le terrain, un obus de mortier a explosé hier devant le siège de la province du Rif de Damas situé dans quartier de Marjeh à Damas et l’aviation syrienne a lancé aussitôt un raid à Barzeh, dans les environs de la capitale, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Plusieurs personnes ont été arrêtées dans des quartiers de Damas après la chute de l’obus, et trois corps non identifiés ont été trouvés, dont celui d’une femme, selon la même source.
Autour de Damas, de violents combats ont opposé forces régulières et rebelles notamment au niveau de la route périphérique au sud de la capitale tandis que l’aviation a lancé des raids visant des positions d’insurgés, toujours selon l’OSDH. Dans la province de Hassaké, deux kamikazes ont péri dans un attentat suicide devant le QG d’une unité de combattants kurdes dans la localité de Himo. Du côté d’Idleb, trois personnes, dont un journaliste travaillant pour une revue officielle, ont été tuées hier par l’explosion d’une charge au passage de leur autobus sur une route. L’attentat a blessé en outre neuf personnes et provoqué des dégâts matériels.
Enfin, le Front al-Nosra, affilié à el-Qaeda, a revendiqué hier l’attaque de trois villages alaouites près de Homs dans laquelle des dizaines de personnes avaient trouvé la mort cinq jours auparavant.

 

 

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