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À La Une - Conflit

Après les Européens, Kerry mobilise chez les Arabes

Washington affine ses préparatifs en vue d’une intervention militaire en Syrie.

« Les écoles ouvriront-elles ? » À une semaine de la rentrée en Syrie, les parents, qui achètent déjà à leurs enfants les fournitures scolaires, s’alarment d’un possible report de la rentrée face à la menace de frappe américaine. Photo AFP

Le secrétaire d’État américain, John Kerry, a intensifié hier en Europe son offensive diplomatique pour justifier des frappes contre la Syrie. Après avoir obtenu samedi le « soutien politique » des Européens à une « réponse claire et forte » à l’attaque chimique du 21 août imputée au régime de Damas, M. Kerry a rencontré à Paris ses homologues de plusieurs pays arabes ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi. « Nous étions unanimes à dire que le recours odieux par Assad aux armes chimiques (...) a franchi une ligne rouge internationale », s’est félicité M. Kerry à l’issue de la rencontre à Paris. « Un certain nombre de pays ont immédiatement signé le communiqué (endossé par douze pays) du G20 » appelant à une « réponse forte » à la Syrie, a-t-il ajouté. Parmi eux, l’Arabie saoudite et le Qatar, qui soutiennent l’opposition syrienne. Pour les autres, « chacun fera sa propre annonce dans les 24 heures », a précisé M. Kerry, alors que le Congrès américain doit se prononcer dans les prochains jours sur une action militaire. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) avait exhorté samedi la communauté internationale à intervenir immédiatement en Syrie pour « délivrer » le peuple syrien de la « tyrannie » de son gouvernement.


Le secrétaire d’État américain regagnera Washington aujourd’hui, après avoir rencontré à Londres le président palestinien, Mahmoud Abbas, et le chef de la diplomatie britannique, William Hague, dont le gouvernement a dû renoncer à s’associer à une intervention militaire en Syrie après un veto du Parlement. La situation serait « alarmante si les différents Parlements du monde » décidaient eux aussi qu’il ne faut pas intervenir, a estimé hier M. Hague, pour qui « le risque de ne rien faire est plus grand que celui d’agir ».

 

 

(Eclairage : Syrie : des frappes aideraient les rebelles sans faire tomber le régime)

 


Notre Munich...
Pendant tout le week-end, Paris et Washington ont affiché leur détermination à « sanctionner » militairement le régime syrien, se targuant d’un soutien international « large et grandissant » à une action militaire. « C’est notre Munich à nous ! » avait lancé samedi soir à Paris M. Kerry, dans l’espoir de convaincre des opinions publiques réticentes, voire hostiles, en France et aux États-Unis. La France et les États-Unis, qui s’étaient durement opposés en 2003 sur l’Irak, affirment d’une même voix qu’une action armée contre la Syrie ne ressemblera en rien aux interventions en Irak, en Afghanistan, ou même au Kosovo ou en Libye. Évoquant le « soutien politique » apporté la veille par les 28 de l’Union européenne, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a précisé hier que la France et les États-Unis n’avaient « pas besoin matériellement, militairement, que tous ces pays s’engagent. La plupart d’entre eux n’ont pas les moyens de le faire ».

 

 

(Lire aussi : Maaloula aux mains des rebelles)


Adresses télévisées
Aujourd’hui, le président américain Barack Obama a prévu d’enregistrer une interview avec les grandes chaînes américaines. Diffusée dans la soirée, l’interview précédera le message à la nation de M. Obama demain, avant le vote du Congrès. Son homologue français François Hollande a aussi promis de s’adresser à son opinion, mais après le vote du Congrès et la remise du « rapport des inspecteurs » de l’ONU qui ont enquêté fin août. M. Hollande avait affirmé samedi qu’il s’attendait à ce que le Congrès américain vote « jeudi ou vendredi » et indiqué s’attendre à une remise du rapport des enquêteurs de l’ONU « sans doute en fin de semaine ». Aux yeux de la plupart des États de l’UE, ce rapport est une étape essentielle, susceptible de confirmer de manière indépendante les accusations d’attaques aux gaz toxiques. M. Hollande s’est engagé à attendre ce document avant d’agir éventuellement militairement. Pour M. Kerry en revanche, les États-Unis n’attendront pas s’ils doivent frapper.


En outre, face à l’opposition à une opération militaire de la Russie et de la Chine, et aux réticences exprimées par de nombreux autres pays et par les opinions publiques française et américaine, M. Hollande s’est dit favorable à ce que le Conseil de sécurité de l’ONU soit une nouvelle fois saisi, malgré le veto prévisible de Moscou et Pékin. « Concernant la proposition du président Hollande sur l’ONU, le président (Barack Obama) et nous tous écoutons avec attention ce que nous disent nos amis », a déclaré hier à ce sujet M. Kerry. Toutefois, un officiel américain a précisé que Washington n’a pour le moment aucune intention de soumettre une résolution au vote.

 

 

(Reportage : Avant la rentrée, les parents à Damas appréhendent frappe et cherté des prix)


Intervention plus longue
Militairement, selon le Los Angeles Times, le Pentagone prépare des frappes plus longues et plus intenses qu’initialement prévu, pendant trois jours. Les stratèges américains optent pour un barrage massif de tirs de missiles, suivi de frappes supplémentaires contre les cibles manquées, selon des responsables du Pentagone cités par le quotidien. L’étendue et l’objectif des frappes n’ont pas changé ces dernières semaines, mais les forces américaines pourront s’adapter en cas de besoin, a affirmé hier également un responsable de la Défense.


À Damas, interviewé par un journaliste de la chaîne américaine CBS, le président Bachar el-Assad a réfuté être derrière l’attaque chimique du 21 août. « Il a nié avoir quelque chose à voir dans cette attaque », a affirmé hier le journaliste Charlie Rose sur CBS. « La chose la plus importante qu’il ait dite, c’est qu’il n’y a pas de preuve que j’ai utilisé des armes chimiques contre mon peuple », a ajouté le journaliste. Des extraits de l’interview avec M. Assad doivent être diffusés ce matin par la chaîne, puis l’intégralité ce soir sur une autre chaîne, PBS. Le président syrien a aussi dit « qu’il ne savait pas nécessairement s’il y aurait une frappe » en Syrie mais que les Syriens s’y « étaient préparés du mieux qu’ils le pouvaient », selon M. Rose. Le dirigeant syrien a aussi « un message pour les Américains, que s’engager dans des guerres et des conflits au Proche-Orient n’avait pas été une bonne expérience » pour eux, a ajouté M. Rose. Invité hier par la même chaîne CBS, le secrétaire général de la Maison-Blanche, Denis McDonough, a réagi à ces propos, estimant que « cela (lui) semblait être un mensonge ». Cependant, selon des écoutes de l’armée allemande révélées hier par le journal Bild, M. Assad n’aurait vraisemblablement pas approuvé personnellement l’attaque du 21 août. De hauts gradés de l’armée syrienne « réclament régulièrement depuis environ quatre mois des attaques chimiques au palais présidentiel à Damas (mais) ces demandes ont été toujours refusées, et l’attaque du 21 août n’a vraisemblablement pas été approuvée personnellement par Bachar el-Assad », a rapporté le Bild, s’appuyant sur des écoutes effectuées par un navire allemand près des côtes syriennes.


Enfin, les États-Unis informeront Israël de l’imminence d’une frappe en Syrie plusieurs heures avant le début des opérations, a déclaré hier un responsable israélien qui a gardé l’anonymat.

 

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