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À La Une - Reportage Vidéo

Sur une plage du Liban-Sud, la folle course vers la mer des bébés tortues

Chaque année, Mona Khalil, maitresse de la maison orange, assiste ses protégées...

Un bébé tortue atteint la mer sur la plage de Mansouri au Liban-Sud.

Vendredi 30 août, 6h du matin. Le soleil se lève sur un Liban en proie aux tensions, un pays qui se demande de quoi cette journée sera faite.

Mais dans ce Liban qui flirte avec la catastrophe, il existe encore quelques havres de paix, comme isolés du bruit et de l'angoisse. La "Orange House" est l'un de ces endroits. Cette maison, située à Mansouri (caza de Tyr, Liban-Sud), est le domaine de Mona Khalil, qui, en cet avant dernier matin d'août, regarde Rami penché sur des seaux oranges eux aussi. A l’intérieur, des tortues âgées d'à peine trois jours. Le jeune homme vérifie consciencieusement que le point d’attache de leur cordon ombilical est bien refermé. Si c’est le cas, elles sont prêtes à gagner la mer.

Ce matin, 20 bébés tortues vertes et 9 bébés Caretta caretta sont prêts à prendre le large, sous l’œil toujours attendri de Mona et du jeune bénévole qui l'a aidée tout l'été.

 

 

 

 

L'engagement de Mona Khalil pour les tortues remonte à 1999. C'est par une nuit de mai de cette année-là que cette Libanaise aujourd'hui âgée de 66 ans découvre sur la plage de Mansouri une tortue en train de pondre ses œufs. Il n'en faut pas plus pour que Mona décide de s'installer dans la maison posée en bordure de la plage à 200 mètres de là, une maison construite par son père et dans laquelle elle passait tous ses étés, enfant. Laissant sa vie de restauratrice d’art aux Pays-Bas derrière elle, Mona Khalil crée le Orange House project en 2000 pour protéger ce lieu de ponte des tortues et veiller à ce qu’aucun obstacle n’entrave la course à la mer des petits tout juste éclos.

 

"Quand j’étais petite, c'est la plage publique de Tyr qui était appelée la plage des tortues, car c’est là qu'elles venaient pondre leurs œufs, se rappelle Mona. Mais quand des kiosques ont été installés sur la plage, les tortues ont déserté les lieux. Depuis, elles viennent plus nombreuses pondre sur la plage de Mansouri".

 

Mona Khalil se bat depuis 13 ans maintenant pour ces 1,4 km de plage. "Des jeunes hommes pêchaient à la dynamite ici. Toutes les cinq secondes, on entendait boum, boum. J’ai cherché à les empêcher d’utiliser cette technique de pêche. Eux, pour me faire partir, sont venus une nuit tirer en l’air autour de ma maison, pour me terrifier. Mais il n’y a pas moyen que je quitte cet endroit, je reste. Au bout de quelques années, ils ont abandonné", se souvient-elle.

 

Protéger le lieu de ponte des tortues est essentiel, car les tortues viennent toujours pondre sur leur lieu de naissance.

 

Il y a quelques mois, Mona Khalil a de nouveau tiré la sonnette d’alarme, la municipalité du village menaçant de mettre en œuvre un projet d’aménagement touristique de la plage. Le projet a été suspendu, mais Mona et Rami restent toujours attentifs.

 

Alors qu'ils s'apprêtent à lâcher les tortues vers la mer en ce matin d'août, Mona et Rami constatent qu'un bout de plage, la section F, est la cible d'un empiètement. "Apparemment, la municipalité cherche à faire passer un cours d’eau à cet endroit. Si cela est fait, ça changera l’humidité du sable, et nous devront alors déplacer les œufs vers l’autre partie de la plage", déplore Rami.

 

Dans son combat pour protéger les tortues aussi bien de leurs prédateurs naturels (les renards qui tentent de manger les oeufs), que de la pollution (la plage est nettoyée tous les jours des déchets rejetés par la mer), ou des atteintes d'origine humaine, Mona dit être seule, ou presque. "Personne ne m’aide, souligne-t-elle. Je suis allée voir le ministère de l’Environnement, on m’a fait comprendre que la protection des tortues n’était pas une priorité".

 

Alors, pour financer son projet, Mona Khalil loue des chambres d’hôtes, invitant ses visiteurs à assister à la ruée vers la mer des bébés tortues. Et elle peut désormais compter sur Rami, ce jeune de Mansouri qui, il y a deux ans, s’est assis derrière elle alors qu’elle protégeait l’accès à la mer de jeunes tortues, et qui, depuis, est présent chaque matin de la saison pour l’épauler. "Il entre à l’université cette année pour étudier la biologie marine, ma relève est assurée !", se réjouit Mona Khalil.

Vendredi 30 août, 6h du matin. Le soleil se lève sur un Liban en proie aux tensions, un pays qui se demande de quoi cette journée sera faite.
Mais dans ce Liban qui flirte avec la catastrophe, il existe encore quelques havres de paix, comme isolés du bruit et de l'angoisse. La "Orange House" est l'un de ces endroits. Cette maison, située à Mansouri (caza de Tyr, Liban-Sud), est...
commentaires (5)

UNE LUMIÈRE FÉMININE ÉHHH LIBANAISE, AU MILIEU DES TÉNÈBRES ELLES AUSSI ÉHHH LIBANAISES !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 25, le 05 septembre 2013

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Commentaires (5)

  • UNE LUMIÈRE FÉMININE ÉHHH LIBANAISE, AU MILIEU DES TÉNÈBRES ELLES AUSSI ÉHHH LIBANAISES !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 25, le 05 septembre 2013

  • TOUT PASSEREAU QUI SE HASARDE AU LIBAN EST DESCENDU PAR LA MITRAILLE... MÊME LES PAUVRES PAPILLONS... IL N'Y A QUE LES AVIONS ISRAÉLIENS QUI SE TRIMBALLENT LIBREMENT DANS NOS CIEUX... ILS NE SONT PAS CONSOMMABLES !

    SAKR LOUBNAN

    09 h 29, le 05 septembre 2013

  • Une belle réalisation humaine... dans ce monde de barbares!

    C.S

    19 h 31, le 04 septembre 2013

  • Bravo pour votre courage et votre ténacité...il faudrait beaucoup de Mona Khalil ....dans d'autre domaine de défense de la nature ,car par exemple, l'abattage des passereaux à commencé 'névrotiquement dans la forêt de Mar Chaya ...des abrutis tirent du matin au soir ....avec des fusils à répétition sur tout ce qui ressemble à un oiseau....!!!

    M.V.

    12 h 08, le 04 septembre 2013

  • La tortue est la plus sage car elle transporte sa maison.Bravo pour Mona Khalil . Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha A. Nazira

    11 h 47, le 04 septembre 2013

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