Rechercher
Rechercher

Douche froide

Entre valses-hésitations et discours guerriers, propos lénifiants et menaces réitérées, une certitude émerge du brouillamini : le peuple syrien va continuer de souffrir, de payer de sa vie la frilosité des démocraties occidentales, la peur des puissances dites libres d’aller jusqu’au bout de leurs convictions ; le peuple syrien va rester victime du cynisme de ceux-là mêmes qui roulent des muscles mais qui entendent bien se limiter à de simples show off.
Dès le départ, ne l’oublions pas, les nations européennes se sont inscrites aux abonnés absents, seules la France et la Grande-Bretagne montant au créneau avant que les « impératifs de la démocratie » ne les rappellent à l’ordre, Barack Obama jouant à cet égard le rôle de maître de cérémonie, un jour matamore, l’autre respectueux des opinions adverses.
Dès le départ, ne l’oublions pas aussi, pathétiques ont été les explications et justifications avancées par les va-t-en guerre d’occasion : on veut bien y aller, donner une leçon à Bachar el-Assad à cause de son recours aux armes chimiques mais attention : il n’est pas question de le renverser, de toucher aux institutions ou de changer l’équation politique.
Message bien reçu : les unités de l’armée syrienne se sont rapidement repositionnées et ont enfoui sous terre les arsenaux de destruction massive... Ceux-là mêmes qui seront réutilisés contre la population maintenant que le président Obama a mis l’option militaire entre parenthèses et sa crédibilité dans la balance.
Que les Syriens se débrouillent donc tout seuls pour se débarrasser du tyran, dussent-ils le faire sous les obus du régime, sous les raids de son aviation, sous une pluie de missiles dévastateurs... Mourir à cause des armes chimiques est « inacceptable et intolérable », mais « crever comme des chiens » sous les coups d’une armée barbare, génocidaire, fait partie de la « règle du jeu », comme semblent l’insinuer les nouveaux redresseurs de torts !
Des semaines, donc, de tergiversations, d’hésitations, de coups de semonce suivis de messages rassurants envoyés tous azimuts : comment s’étonner, dès lors, que les opinions publiques puissent se révolter, se poser des questions légitimes, s’interroger sur les conséquences d’une opération aux buts hypothétiques. Un projet d’intervention dont le Premier ministre britannique, David Cameron, a été la première victime face à un Parlement dubitatif. Un camouflet que les Chambres américaines pourraient également asséner à Obama... avec son plein assentiment.
Cafouillis ou erreur de calcul, le résultat est là, plus que probant : la Russie obstructionniste se transforme, soudainement, en donneuse de leçons en démocratie, et l’Iran, hier encore très prudent, menace de ses foudres les « envahisseurs de pacotille » et Israël de l’apocalypse promis.
Voilà où nous en sommes en ce début de semaine : une opération militaire suspendue, sinon annulée, et des menaces de Barack Obama que plus personne ne prend au sérieux. Triste spectacle d’une démocratie démonétisée, traînée dans la boue par ses nombreux adversaires, lamentable conclusion de semaines d’hésitations mises à profit par des dictatures plus déterminées que jamais.
Il aurait suffi, pourtant, par une nuit sans lune, d’une frappe ciblée, sans tambours ni trompettes, une frappe qui aurait pris tout le monde de court et permis d’éradiquer le mal à sa racine, libérant du même coup la Syrie de son tyran et la population de ses tortionnaires. Mais realpolitik et cynisme d’État peuvent difficilement se conjuguer avec assistance à peuple en danger...
Tout le problème est là : c’est pourquoi les gens en Syrie continueront à être tués, pourchassés, humiliés par les mêmes assassins et pour longtemps encore. Et les yeux se fermeront, une fois de plus, pour éviter de perturber et les consciences et l’ordre international...
Entre valses-hésitations et discours guerriers, propos lénifiants et menaces réitérées, une certitude émerge du brouillamini : le peuple syrien va continuer de souffrir, de payer de sa vie la frilosité des démocraties occidentales, la peur des puissances dites libres d’aller jusqu’au bout de leurs convictions ; le peuple syrien va rester victime du cynisme de ceux-là mêmes qui...
commentaires (8)

Yes we can être cons. Tel s'est avéré son slogan !

Halim Abou Chacra

16 h 16, le 02 septembre 2013

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Yes we can être cons. Tel s'est avéré son slogan !

    Halim Abou Chacra

    16 h 16, le 02 septembre 2013

  • Enfoui sous terre les arsenaux de destruction massive seront ainsi protégés et toute attaque dans neuf jours ne donnera plus l'effet désiré . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    14 h 39, le 02 septembre 2013

  • Cette entreprise morte née signe le glas des démocraties occidentales et augure d'un profond bouleversement de l'ordre mondial dans les dix ans à venir. Nous sommes très loin,Monsieur le Président Obama, des valeurs que vous défendiez à travers votre célèbre slogan: "Yes we can"...!

    Salim Dahdah

    12 h 01, le 02 septembre 2013

  • Sincère Cri du Cœur de Monsieur Nagib AOUN....

    Antoine-Serge Karamaoun

    11 h 33, le 02 septembre 2013

  • ENCORE HEUREUX qu'on va vers l'hiver. Comment a-t-on fait cet été pour ingurgiter sans haut le cœur les informations qui n'ont cessé de submerger les villégiatures, et pu ne serait-ce qu' hiérarchiser cet afflux de stimuli qui dérangeait sans cesse cette recherche de quiétude et réussis, secoués comme on l'était par les cahots de l'actualité d’à côté, à protéger les neurones des chocs provoqués par, et sans souci d'exhaustivité ; le Bigaradier, Béret, Little big Mik, Monchâr, Bouthaïnah, le Beauf, Näämttallâh wou Râëéhhh, Wéëééém, Quandîîîl, sieur de Beau sieur, etc.; sans compter les émotivités des Miss Dabbbké, Hommoss et Dérbakké en sus des rituels massacres, incendies, pannes électriques et tutti quanti ! La réponse tient dans le fait que si on s’accommode de ces secousses psycho-sismiques, c'est parce qu’on n’est que des intermittents dela révulsion, de la compassion, la militance, de l'honnêteté et de la lucidité ou la connerie : ou du tout, kifkif ou en alternance. C'est difficile à admettre, mais tout ce qu’on peut faire pour ce qui est de la morale de l'histoire, c'est de clignoter dans le noir et s’émouvoir en discontinu. Pour preuve, la fugacité de ces émois qui se limitent à des cris d'alarme et hoquets, ou à des éructations d'indignation. Après quoi, soulagés, tout un chacun retourne à ses affaires communautaires en se resservant abondement de son késchékk, YÎÎÎH, éhhh libanais(h)….

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 39, le 02 septembre 2013

  • LA LOGIQUE DIT QUE LA CRÉDIBILITÉ DU MASTODONTE MAIS AUSSI DE TOUT L'OCCIDENT EST EN JEU. S'ILS FONT DÉFINITIVEMENT DE L'ARRIÈRE ILS SONT FINIS DU RANG "AVANT" ET : LES PREMIERS SERONT LES DERNIERS ET LES DERNIERS SERONT LES PREMIERS... ÉTRANGEMENT DESCRIPTIF ET VRAI !

    SAKR LOUBNAN

    09 h 51, le 02 septembre 2013

  • Toute cette déconfiture des "démocraties" (!) occidentales est due à la lâcheté scandaleuse, choquante, écoeurante d'Obama ! Tfeh !

    Halim Abou Chacra

    04 h 57, le 02 septembre 2013

  • Eh oui,il aurait suffi...aujourd'hui, mais aussi il y a des années,quand ces mêmes démocraties livraient le Liban pieds et poings liés à ceux qu'elles prétendent combattre aujourd'hui...c'est con d'avoir de la mémoire,hein?

    GEDEON Christian

    03 h 16, le 02 septembre 2013

Retour en haut