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À La Une - Syrie

Sous pression, Damas autorise l’ONU à enquêter à la Ghouta

Les experts entameront leur travail aujourd’hui ; pour la communauté internationale, l’utilisation d’armes chimiques par le régime ne fait plus de doutes.

Des membres de l’ASL prennent position dans le vieux quartier d’Alep que les rebelles auraient repris récemment des forces de Bachar el-Assad. Molhem Barakat/Reuters

Le gouvernement syrien a donné hier son accord aux inspecteurs de l’ONU pour enquêter « immédiatement » sur les allégations d’usage d’armes chimiques près de Damas, a annoncé le ministère des Affaires étrangères. Les experts onusiens doivent commencer à enquêter aujourd’hui sur les lieux d’une attaque chimique présumée mercredi. Le communiqué de l’ONU précise que « le gouvernement syrien affirme qu’il fournira la coopération nécessaire y compris le respect de la cessation des hostilités aux endroits relatifs à l’incident » du 21 août.


Mais un responsable américain a affirmé que le feu vert de Damas arrive « trop tard pour être crédible, notamment parce que les preuves disponibles ont été largement altérées par les bombardements continus menés par le régime et d’autres actes délibérés ces cinq derniers jours ». Les mêmes craintes ont été soulignées par le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague qui a déclaré que les preuves d’une attaque chimique du régime de Damas « pourraient avoir été détruites ».


Parallèlement, la Russie s’est dit « satisfaite » de l’accord donné par Damas à l’enquête de l’ONU assurant que ce feu vert était le résultat de son « travail acharné ». Moscou a, en outre, appelé l’opposition syrienne à permettre aux inspecteurs de l’ONU d’enquêter « en toute sécurité » sur les allégations d’usage d’armes chimiques « et ne se livre pas à des provocations armées contre eux, comme ce fut le cas avec la mission des observateurs de l’ONU l’été dernier » a déclaré le porte-parole de la diplomatie russe, Alexandre Loukachevitch.


Médecins sans frontières avait affirmé samedi que 355 patients « présentant des symptômes neurotoxiques » étaient morts dans des hôpitaux de la région de Damas depuis mercredi, date de l’attaque chimique présumée, semblant ainsi confirmer l’utilisation d’armes chimiques évoquée par l’opposition qui accuse le régime. Face à ces accusations, le ministre syrien de l’Information, Omrane al-Zohbi, a affirmé que son régime n’avait « jamais utilisé d’armes chimique », rejetant ainsi les allégations de l’opposition.
Le Front jihadiste al-Nosra, lié à el-Qaëda, a toutefois promis de se venger après cette attaque chimique, en s’en prenant aux villages alaouites.

 

 

(Repère : Les armes chimiques du régime syrien, un arsenal mystérieux)

 


Communauté internationale
Ces déclarations interviennent alors que la communauté internationale semble de plus en plus convaincue que les autorités syriennes sont responsables d’utilisation d’armes chimiques. Le président français François Hollande a ainsi estimé hier qu’il y avait « un faisceau d’évidences » indiquant que l’attaque du 21 août était « de nature chimique » et que « tout conduisait à considérer » que le régime en était « responsable ». Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a déclaré pour sa part que « la communauté internationale ne (pouvait) pas laisser faire ce crime contre l’humanité ». Lors d’une conférence de presse à Jérusalem, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a estimé pour sa part que cette attaque à l’arme chimique ne faisait plus « aucun doute ». Ce dernier a également jugé hier qu’ « on ne comprendrait pas qu’à partir du moment où les faits sont établis, il n’y ait pas une réaction forte de la communauté internationale ».


De son côté, le président israélien Shimon Peres a appelé hier la communauté internationale à se « débarrasser » des armes chimiques de Syrie. En marge de la réunion hebdomadaire de son cabinet, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a expliqué qu’Israël surveillait attentivement la Syrie, et était prêt à agir s’il se sentait menacé.
De son côté, la Ligue arabe tiendra une réunion demain au niveau des délégués permanents sur l’attaque à l’arme chimique près de Damas, a annoncé hier le numéro 2 de l’organisation panarabe, Ahmad Ben Hilli.
Les États-Unis ainsi que la Grande-Bretagne examinent pour leur part des options militaires contre le régime. Le président américain Barack Obama a mené samedi des consultations au plus haut niveau à la Maison-Blanche et a eu un entretien avec son allié britannique, le Premier ministre David Cameron, afin d’apporter « une réponse sérieuse » au massacre du 21 août. Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a déclaré que les forces américaines étaient prêtes à agir contre le régime syrien si nécessaire. « Nous avons préparé toutes les options (si M. Obama) décidait de choisir l’une d’elles », a-t-il dit.


Bien qu’il ait fait il y a un an du recours aux armes chimiques la « ligne rouge » à ne pas franchir, Barack Obama reste réticent à toute intervention directe en Syrie. L’US Navy a toutefois repositionné ses forces en Méditerranée pour lui permettre le cas échéant de recourir à la force.

 

(Repère : Les scénarios d'intervention militaire en Syrie)

 


Réunion
C’est dans ce cadre-là que les chefs d’état-major de plusieurs grands pays occidentaux, dont les États-Unis, et du Proche-Orient devraient se réunir dans les prochains jours en Jordanie pour évoquer la situation en Syrie, ont déclaré différents responsables du secteur de la défense. Un porte-parole du Pentagone a indiqué que le commandement central américain et les forces armées jordaniennes coorganisaient cette réunion, du 25 au 27 août. Enfin, le pape François a appelé hier à faire « cesser le bruit des armes » en Syrie, et a demandé à la « communauté internationale de trouver une solution ».

 

 

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