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À La Une - Liban

Sécurité renforcée à Tripoli par crainte de nouvelles attaques

El-Qaëda accuse le Hezbollah d'être derrière les attentats.

Le cheikh islamiste Da'i el-Islam Chahal lors des funérailles de victimes du double attentat du 23 août 2013 à Tripoli. Ibrahim Chalhoub/AFP

Le Liban en deuil enterrait samedi les dizaines de victimes fauchées dans le double attentat à la voiture piégée contre deux mosquées sunnites à Tripoli, la capitale du Nord, où les mesures de sécurité ont été renforcées pour prévenir de nouvelles attaques.

 

La bilan de l'attentat, qui n'a pas été revendiqué, s'est alourdi à 45 morts et quelque 280 blessés restaient hospitalisés, selon un dernier bilan des services de sécurité. Condamnée unanimement dans le monde, l'attaque est la plus meurtrière depuis la fin de la guerre civile au Liban (1975-1990).

Dans le cadre de l'enquête, les services de renseignement des Forces de sécurité intérieure (FSI) ont arrêté un cheikh, a annoncé l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). Selon l'agence libanaise, cheikh Ahmad el-Gharib a été arrêté car il apparaît dans un des enregistrements d'une caméra de surveillance de l'une des mosquées visées, près du site de l'explosion. Une force des SR a saisi plusieurs armes et grenades au domicile du cheikh, après son arrestation, a précisé l'ANI.

 

Carte réalisée par Elie Wehbé

 

Le chef du gouvernement sortant Nagib Mikati a décrété un deuil national "en signe de solidarité avec les familles des victimes et de refus du terrorisme". Un arrêt de travail d'une heure a été notamment décrété.

 

Plusieurs familles ont choisi d'enterrer à la hâte dans la nuit leurs morts en raison du mauvais état des corps dont certains étaient carbonisés. Des funérailles ont été organisées dans l'après-midi pour sept des victimes dont trois enfants d'une même famille.

 

Durant leur enterrement, des civils ont tiré en l'air alors que des slogans hostiles au Hezbollah et à son allié, le président syrien Bachar el-Assad, fusaient: "Mort au Hezbollah, Bachar espèce de porc".

 

(Témoignages : « Je me sens en danger, mais surtout complètement perdu... »)

 

Craignant de nouvelles attaques, l'armée libanaise a multiplié ses patrouilles à Tripoli alors que des hommes en civil armés étaient visibles devant les moquées, près de sièges de partis politiques, de maisons de députés et de dignitaires religieux dans cette ville portuaire à majorité sunnite.

Des soldats à pied et des blindés circulaient dans les rues. Toute voiture suspecte était arrêtée et fouillée.

 

La capitale du Nord semblait paralysée alors qu'elle grouille de monde d'habitude: rues désertes, peu de circulation et magasins fermés, selon le correspondant de l'AFP sur place. Des commerçants ont également mis des barrières en métal devant leurs magasins.

 

 

Appels au calme

Dévastés par la puissance des explosions, les sites des attaques, l'un dans le centre, l'autre près du port, étaient bouclés par l'armée qui continuait samedi de dégager les nombreuses carcasses de voitures calcinées. Des chaussures étaient encore éparpillées sur la chaussée.

 

Des personnes erraient près des sites des explosions à la recherche de proches. "Je cherche le mari de ma soeur. Voici sa voiture", affirme Mohammad Khaled, 38 ans, en montrant un véhicule endommagé. "Il est pâtissier, il venait de Beyrouth et passait par là", ajoute-t-il nerveusement.

 

(Reportage : "Papa, va-t-on encore voir des cadavres?")

 

La vague d'attentats risque d'exacerber les tensions confessionnelles au Liban, déjà fortes en raison du conflit en Syrie, puissance de tutelle au Liban durant une trentaine d'années, jusqu'en 2005. Le Liban pâtit du conflit en Syrie voisine et est profondément divisé entre pro et anti-régime.

 

Mais les appels au calme se sont multipliés, alors que Tripoli est régulièrement le théâtre d'affrontements entre sunnites, qui soutiennent en majorité la rébellion syrienne, et alaouites (une branche du chiisme), favorables au régime Assad.

 

Une vidéo postée par la chaîne LBC montrant les fidèles prier dans la mosquée al-Salam quelques secondes avant l'explosion.


 

M. Mikati a estimé nécessaire "d'oeuvrer pour sortir de la polarisation politique" et dit que "les mêmes mains étaient derrière les attentats de Beyrouth et Tripoli.

Le ministre démissionnaire de l'Intérieur, Marwan Charbel a affirmé que les "leaders politiques tentent de calmer la colère de la rue et d'avorter le projet de dissension qui vise tout le pays".

 

Samedi après-midi, des habitants de la banlieue sud de Beyrouth ont par ailleurs organisé, à l'appel du Hezbollah, un rassemblement pour envoyer un message à l'adresse des habitants de Tripoli sous le slogan "Nos blessures sont les vôtres".

Le double attentat de Tripoli est intervenu huit jours après l'explosion d'une voiture piégée à Roueiss, dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah chiite. Cet attentat, qui a fait 27 tués, était le deuxième frappant la banlieue sud en un peu plus d'un mois.

 

 

Accusations contre le régime syrien et le Hezbollah

L'opposition syrienne a accusé le régime Assad de l'attentat de Tripoli. "Les attentats de Tripoli et de la banlieue sud de Beyrouth sont un projet de dissension ourdi par un régime criminel d'un autre temps, pour provoquer un conflit odieux qui entraînerait la région vers la destruction et le chaos".

 

De son côté, el-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi) s'est dite, dans un message publié sur Twitter, "sûr que la main du Hezbollah, basse organisation qui se tient aux côtés de Bachar, a trempé dans l'acte répréhensible" à Tripoli et a promis de se venger "rapidement du Hezbollah au nom des sunnites".

 

Dès mercredi, l'armée libanaise avait annoncé être en "guerre totale" contre le "terrorisme", affirmant poursuivre depuis des mois une cellule "qui prépare des voitures piégées", dont celle du 15 août, et veut "provoquer une dissension confessionnelle".

 

Le pouvoir en Syrie, l'Algérie et les monarchies arabes du Golfe ont condamné l'attentat de même que les Etats-Unis, l'Union européenne et le Conseil de sécurité de l'ONU qui a souligné "l'importance pour toutes les parties libanaises (...) de s'abstenir de toute implication dans la crise syrienne".



 

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