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À La Une - Syrie

Le régime bombarde la Ghouta... pour couvrir ses traces ?

La communauté internationale avance, Washington reste derrière...

Les violences se poursuivaient hier dans la région d’Alep, où les rebelles ont affirmé avoir pris le village de Qobtan. Saad AboBrahim/Reuters

De nombreuses voix se sont élevées hier pour réclamer que les experts de l’ONU présents en Syrie vérifient sur place les accusations de l’opposition sur l’utilisation présumée d’armes chimiques la veille près de Damas par le régime.
Les Nations unies ont ainsi formellement demandé hier au gouvernement syrien d’autoriser les experts à enquêter sur place et « espèrent recevoir rapidement une réponse positive ». Le secrétaire général Ban Ki-moon a aussi décidé d’envoyer à Damas sa haute représentante pour le désarmement, Angela Kane, pendant que la haut- commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme Navi Pillay qualifiait d’« extrêmement graves » les allégations sur l’utilisation d’armes chimiques, et demandant qu’une enquête doit être menée « de toute urgence et en priorité ».


Lors d’une réunion urgente mercredi soir, le Conseil de sécurité a dit vouloir « faire la lumière sur ce qui s’est passé ». Les experts de l’ONU sont arrivés dimanche en Syrie, leur mandat se limitant à déterminer si des armes chimiques ont été utilisées dans le passé à Khan al-Assal, Ataybé et à Homs. Mais l’ONU a annoncé que le chef de l’équipe, Aake Sellström, avait entamé des négociations avec le régime pour pouvoir enquêter sur l’attaque de mercredi. Deux ONG internationales ont aussi réclamé une enquête. « Que des armes chimiques aient été utilisées ou pas, l’attaque a causé la mort d’un grand nombre de civils et (...) le gouvernement syrien doit autoriser l’accès immédiat aux inspecteurs de l’ONU », assure Human Rights Watch. « Il y a un besoin urgent de donner à l’équipe de l’ONU mandat et total accès à tous les lieux pour enquêter sur les incidents où les armes chimiques ont été prétendument utilisées », souligne aussi Amnesty International.

 


« Incapables de déterminer »
Les États-Unis ont de leur côté admis ne pas être en mesure « pour l’instant » de dire avec certitude si des armes chimiques ont été utilisées mercredi, alors que la France a évoqué un « usage probable » de ces armes.
« À ce moment précis, nous sommes incapables de déterminer de manière définitive que des armes chimiques ont été utilisées », a déclaré hier la porte-parole de la diplomatie américaine Jennifer Psaki. Si les États-Unis concluaient que le régime syrien avait eu effectivement recours à ce type d’armes, ce serait alors « une escalade flagrante », a encore dit Mme Psaki. Cependant, le plus haut gradé américain, Martin Dempsey, a estimé qu’une intervention militaire américaine en Syrie ne déboucherait pas sur une situation favorable aux États-Unis, les rebelles selon lui ne soutenant pas les intérêts de Washington.


Le président français François Hollande a pour sa part évoqué « l’usage probable d’armes chimiques » dans un entretien téléphonique avec Ban Ki-moon, selon l’Élysée, tandis que son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius plaidait pour une « réaction de force » en Syrie.


De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié hier de « terriblement dérangeant » l’usage présumé d’armes chimiques en Syrie et accusé l’Iran de se servir de ce pays comme d’un « banc d’essai » pour des armes de destruction massive. Le Vatican a, quant à lui, invité hier à une grande prudence avant d’attribuer le massacre de la banlieue de Damas au régime « sans preuves suffisantes », en se demandant « à qui profite vraiment ce crime inhumain ».


Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a, lui, estimé que « la ligne rouge (avait) été franchie depuis longtemps » en Syrie, appelant la communauté internationale à prendre des mesures.

 


« Suicide politique »
La Russie et l’Iran, qui soutiennent le régime du président Bachar el-Assad, ont de nouveau pris la défense de leur allié. Pour Moscou, il s’agit en effet d’une « provocation » montée par l’opposition, jugeant dans la foulée que les experts de la mission de l’ONU en Syrie devaient obtenir l’accord du régime de Bachar el-Assad pour se rendre sur les lieux de l’attaque chimique présumée près de Damas. Même son de cloche pour la Chine, qui a souhaité hier que les experts des Nations unies présents en Syrie agissent de manière « objective, impartiale et professionnelle » et en « pleine concertation » avec les autorités de Damas. « Si l’information concernant l’utilisation d’armes chimiques est exacte, très certainement elles ont été utilisées par les groupes terroristes », a estimé le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif. Et un haut responsable de la sécurité à Damas a de nouveau démenti les accusations de l’opposition en déclarant qu’utiliser ces armes le premier jour de travail des experts de l’ONU en Syrie aurait été « un suicide politique ».

 

(Repère : Les armes chimiques du régime syrien, un arsenal mystérieux)

 


Métadonnées claires
Ce qui est sûr, c’est qu’une offensive a eu lieu mercredi dans la Ghouta orientale et à Mouadamiyat al-Cham, des secteurs de la banlieue sud-ouest de Damas aux mains des rebelles et qu’elle a fait un grand nombre de victimes, même si le bilan reste imprécis. L’opposition a fait état de plus de 1 300 morts, mais l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins, a comptabilisé 170 morts et n’a pu confirmer l’utilisation d’armes chimiques. Cette ONG a fait état de nouveaux bombardements de l’armée hier sur la même région.


À l’appui des accusations sur ce massacre présumé, des photos de cadavres de jeunes enfants et des vidéos ont été diffusées par les militants antirégime. Elles montrent des enfants inanimés étendus sur le sol près de corps d’hommes qui ne portent aucune trace de sang, ou des médecins essayant de ranimer des enfants qui semblent inconscients. L’AFP a analysé avec un logiciel spécialisé l’une des images les plus marquantes de l’attaque dans la Ghouta sur laquelle on voit des corps d’enfants alignés.


L’analyse confirme qu’il n’y a pas eu de manipulation de cette image et que la prise de vue date bien du 21 août, selon les métadonnées de l’image. Hier, des militants ont raconté que les victimes avaient été enterrées la nuit, la fosse commune se trouvant près d’une position de l’armée syrienne. Les corps étaient « bleus. Ils sont morts par suffocation », a raconté Abou Ahmad.

 

 

(Chronologie : Les développements autour de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie)

 


Raids
Toujours sur le terrain, l’armée syrienne a frappé plusieurs zones contrôlées par les rebelles près de Damas hier, notamment celles où l’opposition affirme que des forces loyales au régime ont utilisé la veille des armes chimiques, selon l’OSDH. Les raids et les bombardements avaient lieu dans toute la province de Damas et des combats se concentraient dans le sud-ouest, notamment à Mouadamiyat al-Cham, Daraya et Zamalka dans le cadre d’une vaste offensive de l’armée pour chasser les rebelles de lieux stratégiques qu’ils contrôlent à la périphérie de la capitale.
À Damas, deux femmes ont été tuées par des tirs de mortiers lancés probablement par des rebelles et plusieurs quartiers de la capitale ont été la cible d’obus. En outre, neuf soldats ont été tués dans une attaque des rebelles contre des barrages de l’armée à Jobar. Un militant basé à l’est de Damas, Abou Jihad, a de son côté indiqué à l’AFP que l’escalade dramatique de la violence ces dernières 24 heures était liée à une tentative de l’armée de reconquérir des zones rebelles près de la capitale.

 

Reportage

Des morts « endormis »...



De nombreuses voix se sont élevées hier pour réclamer que les experts de l’ONU présents en Syrie vérifient sur place les accusations de l’opposition sur l’utilisation présumée d’armes chimiques la veille près de Damas par le régime. Les Nations unies ont ainsi formellement demandé hier au gouvernement syrien d’autoriser les experts à enquêter sur place et « espèrent...
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