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À La Une - Egypte

Nouveau chef d'accusation contre Morsi pour "complicité de meurtre"

Moubarak libre dans une affaire, mais détenu pour un dernier cas ; les Arabes prêts à compenser toute baisse de l'aide occidentale.

Manifestation des partisans du président déchu Mohamed Morsi, le 18 août 2013, au Caire. REUTERS/Louafi Larbi

Le président égyptien Mohamed Morsi, destitué par l'armée, est depuis lundi sous le coup d'un nouveau chef d'inculpation pour "complicité de meurtre et de torture" sur des manifestants protestant devant le palais présidentiel fin 2012. Ils accusaient M. Morsi de chercher à islamiser la législation du pays.

L'ex-chef de l'État islamiste, détenu au secret depuis sa destitution le 3 juillet, sera détenu pour enquête durant 15 jours à compter de lundi prochain, a-t-on appris de sources judiciaires.

 

M. Morsi est déjà en détention pour une affaire concernant son évasion de prison à la faveur de la révolte populaire qui a renversé son prédécesseur Hosni Moubarak. Dans cette première affaire, les charges portent en particulier sur l'aide que lui aurait apportée le Hamas pour s'évader d'une prison où le régime Moubarak l'avait incarcéré début 2011, peu avant d'être chassé du pouvoir.

 

De nombreux autres dirigeants des Frères musulmans sont également en détention préventive ou recherchés par la justice. Plusieurs hauts responsables de la confrérie, dont son Guide suprême Mohamed Badie en fuite, doivent être jugés à partir du 25 août pour "incitation au meurtre" de manifestants anti-Morsi qui tentaient d'attaquer leur QG au Caire. 

 

 

"Assassinat de sang-froid"

Sur le plan sécuritaire, la spirale des violences s'est accélérée avec 25 policiers et 37 détenus islamistes tués en moins de 24 heures en Égypte, où soldats et policiers répriment dans le sang les pro-Morsi, les qualifiant de "terroristes".

 

Dimanche soir, dans des circonstances encore troubles, 37 détenus issus des Frères musulmans ont péri asphyxiés dans un fourgon qui les transportait vers une prison du Caire, la police évoquant une tentative d'évasion. Le camp de M. Morsi a dénoncé un "assassinat de sang-froid". Les autorités annoncent régulièrement depuis le début des manifestations pro-Morsi l'arrestation de centaines d'islamistes.

 

Près de 900 personnes, des manifestants pro-Morsi pour la très grande majorité, ont été tués en six jours dans tout le pays, dont près de 600 mercredi quand les forces de l'ordre ont lancé le premier assaut contre les rassemblements des Frères musulmans au Caire.

 

Et ces violences sans précédent dans l'histoire récente de l'Égypte pourraient s'aggraver tant les deux parties campent sur leurs positions. Les pro-Morsi ont appelé à de nouvelles manifestations lundi au Caire et le commandant de l'armée Abdel Fattah al-Sissi a promis une réponse "des plus énergiques" aux islamistes ayant fait le choix de la "violence".

 

Dimanche, les pro-Morsi avaient annulé des cortèges au Caire, invoquant des raisons de sécurité. Les manifestants islamistes redoutent à la fois d'être la cible des forces de l'ordre, désormais autorisées à tirer sur les manifestants hostiles, et des groupes d'auto-défense de résidents qui s'en prennent depuis plusieurs jours à leurs partisans et aux journalistes étrangers accusés d'avoir pris leur parti. Face aux craintes de la montée du phénomène de justice de rue et dans un apparent geste d'apaisement, le gouvernement a cependant annoncé dimanche l'interdiction de ces "comités populaires".

 

Dans le pays, les médias unanimes et une grande partie de la population qui considèrent désormais les Frères musulmans comme des "terroristes", soutiennent la méthode forte de l'armée, qui a suscité à l'étranger une vague de critiques de plus en plus virulentes.

Amnesty International a dénoncé un "carnage total", et déploré la "faiblesse" des réactions internationales, alors que l'Union européenne, dont les dirigeants se sont dit prêts à "réexaminer" leurs relations avec Le Caire, tiendra une réunion ministérielle mercredi sur le sujet.

 

 

Au Sinaï, l'attaque la plus meurtrière depuis des années

Le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud al-Fayçal, a prévenu de son côté que les pays arabes étaient prêts à compenser toute baisse de l'aide occidentale à l'Égypte. L'Arabie saoudite, la Jordanie et l'Autorité palestinienne disent soutenir les autorités "contre le terrorisme", un avis partagé par Israël.

 

Des responsables de la petite communauté catholique copte égyptienne ont pour leur part estimé qu'une attaque "terroriste" était menée contre le peuple égyptien, récusant toute fracture séparant les chrétiens et les musulmans, qui, selon eux, les aident et les soutiennent en majorité.

 

Dans la péninsule désertique du Sinaï, base arrière de nombreux groupes islamistes armés, des assaillants ont attaqué lundi à la roquette deux minibus de la police, tuant au moins 25 policiers qui se rendaient à Rafah. Cette attaque, la plus meurtrière visant les forces de l'ordre depuis des années, porte à 102 le nombre de policiers tués en cinq jours dans cette région instable depuis la destitution de M. Morsi.

 

 

L'Égypte est "sur la bonne voie"

En dépit de cette situation tendue dans le pays, le chef de la diplomatie égyptienne par intérim, Nabil Fahmy, a estimé lundi que l'Égypte est "sur la bonne voie". "Oui il y a une crise, mais nous sommes sur la bonne voie et je suis confiant dans l'avenir", a dit M. Fahmy, à l'issue d'entretiens avec son homologue soudanais Ali Karti, à Khartouma. "Notre principale priorité est la sécurité nationale ", a souligné le ministre.

 

"Le futur système politique de l'Égypte sera un régime démocratique, ouvert à tous, selon des règles constitutionnelles qui seront écrites bientôt", a poursuivi M. Fahmi. Quiconque aura recours à la violence devra répondre de ses actes "en vertu de la loi" et ne participera pas à l'avenir de l'Égypte, a-t-il souligné.

 

Le gouvernement intérimaire égyptien doit pousser à la "réconciliation" en y incluant les différentes sensibilités, a  appelé de son côté le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, tout en reconnaissant que la capacité d'influence américaine était "limitée". "La violence doit cesser, l'état d'urgence doit être levé", a déclaré le ministre américain, précisant que "tous les aspects" de la coopération avec Le Caire étaient en cours de réévaluation.

 

Ajoutant à la confusion politique dans le pays, la justice a annoncé que l'ancien président Hosni Moubarak, renversé début 2011 par une révolte populaire, avait été remis en liberté conditionnelle dans l'attente d'un procès dans une affaire de corruption. Il ne reste plus détenu que pour un dernier chef d'inculpation.

 

Même si l'état d'urgence et le couvre-feu nocturne restaient en vigueur, plongeant la capitale, le soir, dans un grand silence, le trafic a repris lundi matin au Caire, qui a retrouvé ses habituels embouteillages. Les habitants reprenaient le chemin du travail, tandis que des magasins étaient ouverts. Des axes de la capitale restaient contrôlés par des chars de l'armée, et le gouvernement a annoncé que les mosquées seraient désormais fermées en dehors des heures de prière, pour tenter d'éviter les rassemblements pro-Morsi.

 

 

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Le président égyptien Mohamed Morsi, destitué par l'armée, est depuis lundi sous le coup d'un nouveau chef d'inculpation pour "complicité de meurtre et de torture" sur des manifestants protestant devant le palais présidentiel fin 2012. Ils accusaient M. Morsi de chercher à islamiser la législation du pays.
L'ex-chef de l'État islamiste, détenu au secret depuis sa destitution...

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Au silence ou sur le chemin de la guerre civile , les prochains jours le prouveront . Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

15 h 29, le 19 août 2013

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Commentaires (1)

  • Au silence ou sur le chemin de la guerre civile , les prochains jours le prouveront . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    15 h 29, le 19 août 2013

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