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Économie - Quatre questions à

« Les émigrés de Dhour Choueir, fer de lance d’un village en expansion »

Habib Moujaès, président du conseil municipal de Choueir et Aïn el-Sindyéné

Le village de Dhour Choueir est connu pour les festivités qui s’y déroulent durant la saison estivale. Quel est votre bilan pour cet été, qui, selon les professionnels du tourisme, est le pire depuis des décennies ?
Il est vrai que cette année a été particulièrement difficile pour le Liban qui traverse une profonde crise économique, accentuée par l’instabilité politique ambiante. Les événements sécuritaires à répétition depuis plusieurs mois ont définitivement convaincu le peu de touristes qui pensaient se rendre au Liban d’annuler leur voyage. La question d’organiser ou pas le festival de Dhour Choueir consacré aux émigrés, qui de toute évidence n’allaient pas venir cette année, s’est alors sérieusement posée, mais la municipalité a décidé de ne rien annuler, pour marquer un acte de résistance. Comme tous les ans, des chanteurs de renom comme Élissa ont donné des concerts gratuits sur la place centrale. La soirée villageoise a été un véritable succès avec plus de 5 000 participants et l’événement le plus attendu, l’élection de « Miss Émigrés », a bien eu lieu et a accueilli des jeunes filles du Canada, d’Europe et des États-Unis. Un bilan plutôt positif donc, car même si les seuls émigrés qui sont venus sont originaires du village, la tenue du festival a contribué à encourager les commerces, cafés, restaurants et propriétaires de maisons de location qui misent sur les trois mois d’été pour assurer leurs revenus annuels.

Comment s’est développée l’activité immobilière au village au cours des dernières années ? A-t-elle été affectée par la crise ?
Au cours de la dernière décennie, l’intérêt pour Dhour Choueir a été croissant, avec une forte demande de la part des habitants de Beyrouth pour des maisons ou appartements de location, mais aussi pour l’achat de terrains. Le cachet traditionnel du village, son climat, sa proximité de la capitale et l’ouverture d’esprit qui le caractérise en font un lieu de villégiature idéal pour les citadins. Ainsi, en cinq ans, le prix du mètre carré (m²) a plus que triplé, passant d’environ 100 dollars le m² à un minimum de 300 dollars, pouvant parfois atteindre jusqu’à 500 dollars le m² de terrain. Le problème est que le pourcentage de terres constructibles est très faible car la majorité des terrains sont classés en zone verte pour assurer la protection de l’environnement. Aussi, malgré la forte demande, les ventes restent rares.

Au cours de ces dernières années, Dhour Choueir a également bâti sa réputation de village assurant à ses habitants l’électricité 24 heures sur 24. Comment une telle initiative a-t-elle pu réussir ?
Ce succès a été rendu possible grâce à la foi des émigrés dans leur pays et à leur travail laborieux pour faire de leur village d’origine un exemple à suivre. Ainsi, à l’initiative d’Élias Abou Saab, mon prédécesseur, une commission indépendante a été créée, composée principalement de certains émigrés originaires de Dhour Choueir. Cette commission s’est chargée de récolter des dons privés qui ont été mis au service du village. Une grande partie a été consacrée à résoudre le problème de l’électricité. Le village reçoit en moyenne huit heures par jour d’électricité de l’État, et le reste est assuré par de grands générateurs qui alimentent les foyers privés mais également l’éclairage public. Les prix, environ 35 % inférieurs à ceux pratiqués dans d’autres villages, sont régulés par la commission qui n’a pas d’objectif commercial, visant juste à recouvrer ses frais de carburants.

Quels sont les projets pour le développement du village dans les années à venir ?
Le village connaît un développement soutenu depuis quelques années. Les commerces, cafés et restaurants s’y multiplient et les investissements privés sont de plus en plus nombreux. Un petit centre commercial va bientôt voir le jour à côté de la place centrale du village, ce qui va contribuer à attirer les habitants des villages alentour et donner encore plus de visibilité à Dhour Choueir. De son côté, la municipalité essaie de s’approprier un terrain dans le centre du village pour y construire un collège public et garder les jeunes dans le village. On travaille également à diversifier les services en créant des jardins publics et des parkings pour les habitants et les visiteurs occasionnels. Mais sur les 390 millions de livres par an que perçoit la municipalité de la part de l’État, 250 millions sont consacrés au service de nettoyage de Sukleen et le reste est dédié aux salaires des fonctionnaires. Les dons des émigrés jouent donc un rôle très important dans la mise en place des projets du village.

 

 

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Le village de Dhour Choueir est connu pour les festivités qui s’y déroulent durant la saison estivale. Quel est votre bilan pour cet été, qui, selon les professionnels du tourisme, est le pire depuis des décennies ?Il est vrai que cette année a été particulièrement difficile pour le Liban qui traverse une profonde crise économique, accentuée par l’instabilité politique ambiante....
commentaires (2)

Chocolat mou...mmmmm

GEDEON Christian

12 h 43, le 19 août 2013

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Commentaires (2)

  • Chocolat mou...mmmmm

    GEDEON Christian

    12 h 43, le 19 août 2013

  • Dhour Choueir, mon amour....

    Michele Aoun

    09 h 21, le 19 août 2013

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