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À La Une - transition

Egypte : vers une dissolution des Frères musulmans?

Les islamistes évacués d'une mosquée du Caire où ils s'étaient retranchés.

Plus de 750 personnes ont été tuées en Égypte en quatre jours (depuis mercredi) de heurts entre les forces de l'ordre et les partisans de Mohamed Morsi. AFP PHOTO / VIRGNIE NGUYEN HOANG

Le Premier ministre de transition égyptien, Hazem Beblawi, a proposé de dissoudre la confrérie des Frères musulmans, a déclaré samedi un porte-parole du gouvernement cité par l'agence Reuters.

M. Beblawi a soumis cette proposition au ministre des Affaires sociales, dont relève l'encadrement des activités des organisations non-gouvernementales, a précisé Chérif Chaouki. "Elle est actuellement à l'étude", a-t-il ajouté.

 

Le Premier ministre a d'ailleurs assuré qu'il n'y aurait "pas de réconciliation avec ceux qui ont du sang sur les mains et ont violé la loi", alors que les autorités multiplient les accusations de "terrorisme" à l'encontre des Frères musulmans, la confrérie du président déchu Mohamed Mors.

 

Parallèlement, les autorités égyptiennes ont assuré que les islamistes n'ayant pas commis de violences pourraient participer à la transition dans le pays. "Quiconque, issu ou non des Frères musulmans, voulant rejoindre la marche pacifique des Égyptiens vers le futur est le bienvenu", a déclaré Moustapha Higazy, conseiller du président par intérim Adly Mansour, nommé par l'armée après la destitution de M. Morsi le 3 juillet. Ils pourront participer à la transition "en tant que citoyen égyptien", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse au Caire. L'Égypte "accueille toutes les parties", a-t-il dit, à condition de n'avoir commis "aucun acte terroriste".


La confrérie, réprimée et longtemps maintenue dans l'illégalité, avait pu former pour la première fois un parti politique après la révolte populaire qui a renversé le président Hosni Moubarak début 2011. Le Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ) avait remporté les législatives fin 2011 puis l'élection présidentielle en juin 2012.

 

 

Une mosquée évacuée

Sur le terrain, la police a évacué samedi tous les islamistes retranchés dans une mosquée du Caire au cours d'une nouvelle opération violente avec des échanges de tirs nourris au quatrième jour de heurts ayant fait plus de 750 morts en Égypte. L'état d'urgence et un couvre-feu nocturne restent en vigueur dans le pays, devenu un véritable champ de bataille depuis la dispersion dans le sang mercredi au Caire des campements des partisans du président islamiste.


Devant la mosquée Al-Fath dans le centre de la capitale, un journaliste de l'AFP a vu des policiers faire sortir de force sept ou huit hommes et tirer pour disperser une foule de résidents en colère, massés à l'extérieur, qui ont tabassé les hommes à coups de bâtons et de barres de fer en les accusant d'être des "terroristes".
Selon l'agence officielle Mena à la mi-journée, des tireurs ont ouvert le feu sur les résidents depuis le minaret de la mosquée, située dans le centre de la capitale. Les policiers et les militaires ont immédiatement répliqué, selon le journaliste de l'AFP avant de tirer des grenades lacrymogènes et de prendre d'assaut la mosquée. En fin d'après-midi, des sources de sécurité ont affirmé que la police avait fait évacuer la mosquée.


Depuis vendredi soir, décrétée "journée de la colère" par les pro-Morsi, de nombreux manifestants s'étaient réfugiés dans la mosquée. Plus d'un millier s'y trouvaient toujours quand la police est intervenue, selon les Frères musulmans, l'influente confrérie de l'ex-chef de l'État. Les trois filles et un fils de l'imam de la plus grande mosquée d'Irlande, tous les quatre citoyens irlandais, avaient déclaré samedi à la télévision RTE s'y trouver également.

 

Ce vendredi, Le Caire s'était transformé en un champ de bataille, les manifestations ne cessant qu'une heure après l'entrée en vigueur du couvre-feu. Durant ces heurts, qui ont fait officiellement 95 morts au Caire, le fils du Guide suprême des Frères musulmans a été mortellement touché par balle sur la place Ramsès, proche de la mosquée Al-Fath, a annoncé la confrérie.

 


Justice de rue

Ces dernières 24 heures, 173 personnes ont été tuées, en particulier aux abords de la mosquée Al-Fath, lors de heurts entre manifestants et forces de l'ordre désormais autorisées à tirer sur les manifestants hostiles.
L'Égypte avait connu mercredi la journée la plus sanglante depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en février 2011, avec 578 morts, la plupart des pro-Morsi tués lors de l'opération sanglante contre leurs campements au Caire.

 

Malgré l'appel des pro-Morsi à des rassemblements quotidiens pour dénoncer le "coup d'Etat" contre le premier président démocratiquement élu du pays, il n'y a pas eu de manifestation dans la journée, mais quelques rassemblements ont été signalés dans la soirée. A Alexandrie (nord), des affrontements ont opposé des manifestants islamistes à d'autres civils, selon l'agence officielle Mena, dont l'information n'a pas pu être vérifiée dans l'immédiat.

 

 

(Lire aussi : Davantage de division et de violences à craindre en Egypte)


Samedi, la presse continuait de se déchaîner contre les Frères, et la télévision d'État a affiché en permanence un bandeau assurant, en anglais: "l'Égypte combat le terrorisme".


Dans un pays où les divisions n'ont jamais semblé si profondes, les violences ont fait surgir le spectre d'une justice de rue. Des "comités populaires" - surtout des groupes de jeunes souvent excités et armés - se sont mis en place et fouillent les passants, contrôlent l'accès à leur quartier et amènent de force à l'armée et à la police toute personne leur paraissant suspecte.


Alors que M. Morsi est détenu au secret par l'armée depuis sa destitution, le ministère de l'Intérieur a pour sa part annoncé avoir arrêté plus d'un millier d'islamistes vendredi. Le frère du chef d'el-Qaëda Ayman al-Zawahiri a également été arrêté dans la banlieue du Caire pour "soutien" à M. Morsi.

 

Dans le même temps, le consulat d’Égypte à Benghazi, dans l'est libyen, a été visé samedi par une attaque à l'engin explosif qui n'a pas fait de victime, selon un responsable de sécurité.



"Lutte contre le terrorisme"

Le gouvernement affirme désormais "combattre le terrorisme", mais le choix de la solution sécuritaire qu'il a adopté depuis mercredi a provoqué une salve de critiques à l'étranger.


Samedi, la Bolivie a qualifié la répression de "génocide" et Cuba a condamné "la mort de civils innocents".

Vendredi, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a invité les États membres de l'Union européenne à prendre "des mesures appropriées" lors d'une réunion prévue lundi à Bruxelles. Les grands pays européens ont continué à déconseiller les voyages en Égypte, alors que la Suède, la Norvège et la Finlande ont rapatrié leurs ressortissants qui y faisaient du tourisme.


La Turquie a rappelé son ambassadeur en Égypte qui a aussitôt pris la même mesure et annulé des manœuvres navales communes prévues. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a fustigé samedi le Conseil de sécurité de l'ONU, l'Union européenne et l'Organisation de la coopération islamique (OCI), leur reprochant de ne pas avoir condamné la répression.


En revanche, Amman et surtout Riyad, qui a annoncé samedi l'envoi de trois hôpitaux mobiles en Égypte, ont affirmé soutenir le pouvoir égyptien "face au terrorisme".

 

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Commentaire

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Le Premier ministre de transition égyptien, Hazem Beblawi, a proposé de dissoudre la confrérie des Frères musulmans, a déclaré samedi un porte-parole du gouvernement cité par l'agence Reuters.
M. Beblawi a soumis cette proposition au ministre des Affaires sociales, dont relève l'encadrement des activités des organisations non-gouvernementales, a précisé Chérif Chaouki. "Elle est...
commentaires (2)

Origine du mot Démos (peuple) du grecque ancien ...la gouvernance du peuple par le peuple... apparemment ...elles n'a pas était faite pour l'islam...bon les hébreux et les chrétiens ce sont largement inspiré de cette philosophie...

M.V.

12 h 43, le 19 août 2013

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Commentaires (2)

  • Origine du mot Démos (peuple) du grecque ancien ...la gouvernance du peuple par le peuple... apparemment ...elles n'a pas était faite pour l'islam...bon les hébreux et les chrétiens ce sont largement inspiré de cette philosophie...

    M.V.

    12 h 43, le 19 août 2013

  • La démocratie , la démocratie , leitmotiv des eurodécadents , ils l'ont eu la démocratie en Egypte , vote populaire du président et de la constitution sans tâche ni reproche, et voilà qu'au bout du compte on rejette un gouvernement qui n'a eu qu'un an de vie , je ne défend pas les ikhwans , Dieu m'est témoin que je les ai rejeté du 1er jour partout où ils ont été pris en exemple en eurodécadente et parmi leurs alliés arabes , faut pas oublier le qatar et la turquie, mais la conclusion à laquelle je veux aboutir est qu'il faudrait que l'eurodécadente en plus d'exiger la démocratie , envoie une note explicative aux peuples de ce qui correspond à ses exigences, au moins le peuple aura l'air moins con quand il aura fait son choix. Que les pays arabes se rassurent, les yanky ont fait la même chose en amérique du sud , ils disaient non à la dictature et quand Allende au Chili se fait élire , on lui envoie la cia , idem au Venezuella etc... Donc conclusion de la conclusion , il ne faut jamais écouter les conseils venant d'ailleurs, ils ne sont pas les bons payeurs , mais comme l'ont fait ceux qui ont une vrai indépendance chez eux , mener sa barque et bosser dur pour y arriver, des exemples, la Chine, Cuba , l'Iran, la Corée du nord , le Viet Nam , je vois certains rire , mais c'est pas grave, ils finiront bien par comprendre un jour , il faut juste un peu de patience...avec eux...

    Jaber Kamel

    12 h 13, le 18 août 2013

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