La surface sombre et trouble du lac de Houla est déchirée chaque jour par les bombes lâchées par les avions de chasse de l'armée syrienne et les obus de l'artillerie loyaliste positionnée sur les collines avoisinantes.
Pour les rebelles et les habitants de cette région agricole proche de Homs, assiégés depuis plus d'un an par les forces de Bachar el-Assad, le lac est la dernière voie d'approvisionnement en produits alimentaires, essence et médicaments provenant de la province de Hama, un peu plus au nord.
Dans cette région du centre de la Syrie, stratégique pour le pouvoir alaouite, il est devenu impossible pour les hommes originaires des zones sous contrôle des rebelles de se déplacer par la route en raison des nombreux barrages établis par l'armée régulière et les milices pro-gouvernementales. Même le bétail, les voitures et bien sûr les armes doivent entreprendre la traversée périlleuse du lac sur des embarcations de fortune.
Les habitants des vallées majoritairement sunnites de Houla attendent désormais avec anxiété l'assaut des troupes de Bachar el-Assad et de leurs alliés du Hezbollah, qu'ils jugent inéluctable après la chute du quartier rebelle de Khaldiyé, à Homs, la semaine dernière.
(Pour mémoire: Khaldiyé : au coeur de Homs, un quartier pulvérisé)
"Nous sommes certains d'être la prochaine cible du régime", dit Jalal Abou Souleimane, un opposant du village de Talbou, où une centaine d'habitants sunnites, dont des familles entières, ont été massacrés en mai 2012.
Surplombés par les villages alaouites perchés dans les collines, où l'armée loyaliste a positionné son artillerie et ses tireurs d'élite, les villages sunnites sont dans une situation des plus précaires.
Défenses illusoires
Pour autant, beaucoup d'habitants assurent n'avoir aucune intention de fuir en direction des camps de réfugiés où, disent-ils, ne les attendent que "des humiliations". "La plupart des gens ne veulent pas partir. Ils tiennent à rester. L'Armée syrienne libre va se battre", assure Jalal Abou Souleimane.
L'armée rebelle se prépare depuis des mois à un assaut, précise Mohamed al-Montasser Billah, porte-parole d'une brigade de la région. "Nous avons creusé nos abris avec nos propres mains depuis trois mois", explique-t-il, tout en reconnaissant l'aspect illusoire de ces défenses: "Quand le régime se concentre sur un objectif, il le détruit de fond en comble."
Houla était jusqu'il y a deux ans une région agricole prospère et notamment l'un des principaux centres de production de blé en Syrie. La plupart des agriculteurs y possèdent leur propre terre. Mais pour la première fois, de mémoire d'homme, ils souffrent désormais de la faim.
"Même les vaches crient famine", soupire Jalal Abou Souleimane. "Il est plus intéressant pour les paysans de vendre leur bétail plutôt que de l'entretenir, donc le cheptel ne cesse de diminuer."
Lors d'un récent voyage, des villageois ont traversé le lac en faisant nager trois vaches derrière une petite embarcation. Ils les ont vendues chacune plusieurs centaines de dollars en zone gouvernementale.
(Reportage : Quand le « jihad » en Syrie atteint les Balkans...)
"Instiller la haine"
L'étau des forces loyalistes se resserre un peu plus chaque jour. Plusieurs hectares de terres agricoles ont ainsi brûlé ces dernières semaines, les villageois accusant les forces pro-Assad de provoquer délibérément des incendies.
"Ils tirent des balles traçantes en direction de nos champs. Ces balles sont censées transpercer des murs en béton. A quoi cela sert-il de tirer sur des champs, si ce n'est pour allumer des incendies?", demande Mohamed al-Montasser Billah.
Beaucoup de paysans n'osent plus moissonner ou récolter de peur de tomber sous les balles des tireurs embusqués ou d'être victimes d'un obus de mortier.
Au moins trois villageois, dont une mère de famille de 30 ans, et de nombreux animaux domestiques ont été tués de cette façon, comptabilise Oum Ahmed, la belle-mère de Jalal Abou Souleimane.
Dans les villages sunnites ou mixtes de la région, beaucoup de maisons sont détruites, leurs toits effondrés, leurs murs éventrés. Les bombes larguées par les avions de chasse ne font pas de distinction entre les maisons sunnites, turkmènes, alaouites ou chiites, disent les habitants, qui regrettent l'époque pas si lointaine où les différentes communautés vivaient, cultivaient et parfois se mariaient ensemble. Epoque désormais révolue, juge Mohamed al Montasser Billah. "C'est ce que le gouvernement voulait, accuse-t-il. Instiller la haine entre les communautés."
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commentaires (5)
Bizarre article...comme d'hab quelque peu désiquilibré...ls méchants alaouites d'un côté, les gentils sunnites de l'autre. Bien communautariste, bien diviseur.De Nosra,de tarés islamistes, point. Pas très sérieux,cette affaire.
GEDEON Christian
04 h 01, le 11 août 2013